Selon des témoins interrogés par la radio des Nations unies, l'attaque visant l'avion du chef du gouvernement d'union nationale et secrétaire général des Forces nouvelles (FN, ex-rebelles) a fait trois morts.

Un journaliste de Reuters a, par la suite, aperçu Soro sain et sauf au QG des anciens insurgés dans cette ville située au coeur du pays, mais plusieurs membres de son entourage portaient des traces de blessures.
Des renforts de troupes rebelles ont immédiatement été déployés à l'aéroport de Bouaké, ont indiqué les témoins.
L'entourage de Soro a précisé que son appareil avait été la cible de tirs de roquette émanant d'assaillants non identifiés.
Soro, un ancien leader syndical estudiantin qui dirigea l'insurrection nordiste des FN issue du coup d'Etat manqué du 19 septembre 2002 contre le président Laurent Gbagbo, a été nommé en avril à la tête d'un gouvernement de transition chargé de préparer les élections.
Sa nomination fait suite à l'accord de Ouagadougou du 4 mars, passé directement entre le président Gbagbo et Soro sous l'égide du président burkinabè Blaise Compaoré en contournant l'Onu, la Cedeao et la France.
A Paris, Bernard Kouchner s'est ému de l'attaque de Bouaké et a déclaré dans un communiqué du Quai d'Orsay que la France condamnait avec la plus grande fermeté "ce lâche attentat" et réaffirmait "sa solidarité avec l'ensemble de la nation et du peuple ivoiriens".
"Elle souligne l'impérieuse nécessité de poursuivre le processus de réconciliation engagé dans le cadre de l'accord de Ouagadougou", a ajouté le ministre français des Affaires étrangères.
L'ACCORD DE OUAGADOUGOU, UN PAS DANS LA BONNE DIRECTION, SELON ICG
Depuis la nomination de Soro, le processus d'intégration des anciens combattants FN au sein de l'armée nationale a fait des progrès notables, permettant à l'ancienne puissance coloniale de diminuer les effectifs de son opération "Licorne" déployée dans l'ex-"zone de confiance" aux côtés des casques bleus de l'Onuci.
En revanche, le laborieux processus d'identification du corps électoral en vue des élections continue de marquer le pas.
Dans un rapport publié mercredi et intitulé "Côte d'Ivoire: faut-il croire à l'accord de Ouagadougou ?", l'institut de réflexion sur la prévention des conflits International Crisis Group estime que cet accord n'est qu'"un premier pas dans la bonne direction".
ICG invite tous les Ivoiriens à "se mobiliser pour exiger du gouvernement de transition la délivrance effective des titres d'identité prévus, la récupération des armes encore détenues par les milices, une véritable réforme du secteur de la sécurité et un processus électoral crédible".
La communauté internationale "doit maintenir intact son engagement militaire, politique et financier", souligne cette organisation dont le siège est à Bruxelles.
"L'évolution du processus de paix ne doit pas être dictée par les seules ambitions des deux signataires de l'accord de Ouagadougou, mais aussi par l'objectif de la construction d'une paix durable en Côte d'Ivoire qui est cruciale pour la stabilité de toute l'Afrique de l'Ouest", écrit ICG.
Le rapport poursuit: "La collaboration entre Gbagbo et Soro devra survivre à l'épreuve du lancement des chantiers de l'identification des nationaux et électeurs, et de la restructuration de l'armée.
"Le grand défi pour la survie de l'accord sera alors de garder sous contrôle les tensions suscitées par les stratégies antagonistes des deux hommes et des extrémistes de leurs camps respectifs."
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