«L'Espagne ne va pas s'effondrer pour 25 000 hommes qui arrivent aux Canaries», a sèchement affirmé récemment un représentant allemand à la réunion de Tampere, en Finlande, quand l'Espagne essayait d'expliquer l'état d'urgence créé par la situation. Et l'Allemand a eu beau jeu de rappeler les 448 000 réfugiés des Balkans arrivés en un an en Allemagne au début du conflit dans la région. «Ça a été difficile, mais on s'est débrouillé», a-t-il expliqué. Tant bien que mal l'Espagne elle aussi s'est jusqu'ici débrouillée. Mais l'arrivée quotidienne de pirogues en provenance du Sénégal, depuis le printemps dernier, a fait exploser toutes les structures d'accueil de l'archipel Canaries.
Cloaques nauséabonds
Le centre de rétention de Las Raices, au sud de Tenerife, logeait d'habitude quelques dizaines d'immigrés fraîchement débarqués d'Afrique, dans une caserne désaffectée. L'installation de rangées serrées de tentes de l'armée l'a transformé ces derniers mois en un véritable campement où dorment matelas contre matelas plus de 3500 personnes, surveillés par une dizaine de policiers. Tous les locaux possibles sont réquisitionnés. Sur l'île de El Hierro, 300 personnes sont entassées dans un gymnase et, à la Gomera, 440 se débrouillent entre un restaurant désaffecté et des tentes de fortune.
Partout, les policiers décrivent des conditions d'hygiène déplorables, où toilettes et douches en nombre insuffisant sont transformées en cloaques nauséabonds. Ils s'inquiètent du risque d'épidémies et du manque d'effectifs de sécurité. Une commission de contrôle a visité les centres cette semaine. Verdict: les camps sont «complets» mais les conditions d'accueil restent «correctes».
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