Le site Mediapart a ciblé mercredi Jean-Marie Le Pen en publiant des
documents sur un compte qu'il reconnaît avoir ouvert en Suisse en mars
1981 mais le fondateur du Front national affirme que tout était connu
depuis 1992 et parfaitement légal.
Le dirigeant d'extrême droite a également amorcé une
contre-attaque en fustigeant les mesures de moralisation de la vie
publique annoncée par François Hollande pour essayer de sortir par le
haut de l'affaire Jérôme Cahuzac.
"Tout ça c'est du bidon, du pipeau, du violoncelle. C'est fait pour calmer l'opinion", a-t-il déclaré sur RTL.
Selon Mediapart, l'éditeur Jean-Pierre Mouchard, ancien trésorier
du micro-parti Cotelec, proche du Front national, a ouvert un compte à
l'Union des Banques suisses (UBS) pour le compte de Jean-Marie Le Pen,
en mars 1981.
Le site ajoute que l'ex-dirigeant du FN se trouve dans la même
position que François Hollande, son trésorier de campagne ayant utilisé
tout comme celui du chef de l'Etat les services de plusieurs sociétés
offshore dans les années 1990.
Jean-Jacques Augier, trésorier de la campagne présidentielle de
François Hollande, a admis la semaine dernière avoir ouvert des sociétés
aux Iles Caïmans, un paradis fiscal.
Aujourd'hui président d'honneur du FN, Jean-Marie Le Pen a
confirmé avoir ouvert un compte en Suisse pour son ancienne société
d'édition de disques, la Serp, mais afin de contracter un emprunt "dans
le cadre de la loi".
"J'ai bien ouvert un compte à l'UBS pour un emprunt que je
faisais à cette banque (...) Cet emprunt a transité de Suisse vers la
France à travers l'administration française et il est rentré de nouveau
après remboursement", a-t-il dit.
"VIREMENTS INTERNATIONAUX"
Jean-Marie Le Pen a justifié le recours à une banque suisse par le
fait qu'il était alors "diabolisé" et qu'il avait "du mal à trouver du
crédit dans les banques françaises".
Selon le fondateur du FN, ce compte a été fermé après le remboursement.
L'article de Mediapart embarrasse Marine Le Pen, qui se voulait irréprochable en pleine affaire Cahuzac.
Le Monde avait déjà révélé la semaine dernière qu'un ex-avocat,
conseiller de Marine Le Pen, avait aidé l'ex-ministre du Budget
socialiste à ouvrir son compte en Suisse.
Mediapart a dit s'appuyer sur des documents déjà diffusés par
L'Evénement du jeudi, aujourd'hui disparu, et qu'il publie sur son site.
Jean-Marie Le Pen a souligné que l'article de l'hebdomadaire
datait de 1992 et qu'il avait à l'époque apporté "les démentis qui
convenaient".
Selon Mediapart, plusieurs documents tendent à montrer que deux
millions de francs environ ont été déposés sur le compte 386.047.00.W
entre juin 1984 et avril 1986, sous la forme de placements fiduciaires,
ce qui contredit l'idée d'un emprunt.
"Non, il n'y avait pas deux millions de francs, a rétorqué
Jean-Marie Le Pen. "La Serp s'est servie de cet emprunt et l'a remboursé
dans les années qui ont suivi".
Selon d'autres documents diffusés par le site, Jean-Pierre
Mouchard a opéré dans les années 1990 des virements internationaux à
travers Overseas Property Services Limited à Gibraltar, pour renflouer
l'une de ses maisons d'édition française, Magellan.
C'est la société fiduciaire Isola et Isola, également située à
Gibraltar, qui gère les opérations de l'éditeur liées à Overseas
Property Services Ltd, mais aussi celles liées à la société panaméenne
Hadret Al-Raiss, dont Jean-Pierre Mouchard est actionnaire, ajoute le
site.
Jean-Marie Le Pen a répondu sur RTL que cela n'avait rien à voir
avec lui et que Jean-Pierre Mouchard "est un grand garçon qui est tout à
fait capable de vous donner des explications".
2 Commentaires
Upgraded
En Avril, 2013 (00:40 AM)Obs
En Avril, 2013 (02:42 AM)Participer à la Discussion