
La dispute opposant Angela Merkel à ses alliés de droite sur la politique migratoire allemande s'est aggravée jeudi après l'échec de négociations internes, posant désormais la question de l'avenir politique de la chancelière. Fait rare, la chambre basse du Parlement allemand, le Bundestag, a suspendu sa séance à la mi-journée pour permettre des réunions de crise des groupes parlementaires conservateurs, la CDU de Mme Merkel d'un côté et la CSU bavaroise du ministre de l'Intérieur Horst Seehofer de l'autre, les principaux protagonistes de ce conflit politique majeur.
En cause, la décision dimanche de la chancelière de bloquer un vaste projet de refonte de la politique d'asile présenté comme un "masterplan" en 63 points, de son ministre de l'Intérieur. Ce dernier veut refouler les migrants arrivés en Allemagne mais précédemment enregistrés dans un autre pays de l'Union européenne. Des négociations ont échoué mercredi soir. Merkel demande du temps Mme Merkel refuse cette mesure drastique au nom du droit et des principes de solidarité européens qu'elle défend.
Elle a demandé à son camp de lui laisser le temps de négocier des solutions lors du sommet de l'UE prévu à la fin juin. Ses alliés bavarois au sein de sa fragile coalition gouvernementale avec les sociaux-démocrates (SPD) lui ont opposé une fin de non-recevoir. "Nous devons mettre en oeuvre rapidement la réglementation pour le refoulement aux frontières (...) Nous devons nous soucier de la population autochtone, pas seulement et en permanence de toute l'Europe", a martelé jeudi matin le chef de l'exécutif de la très puissante Bavière, Markus Söder.
Du soutien malgré tout Le ministre allemand de l'Intérieur, Horst Seehofer, a aussi isolé un peu plus sa cheffe mercredi sur la scène européenne, affichant sa complicité avec le très conservateur chancelier autrichien Sebastian Kurz qui annonçait la création d'un "axe" à trois avec le ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini (extrême droite) pour combattre l'immigration clandestine. Mme Merkel a critiqué l'initiative, estimant qu'il en allait de l'"avenir et de la cohésion" de l'UE.
Lueur d'espoir pour Angela Merkel, la direction de la CDU, le parti qu'elle préside depuis 2000, lui a formellement apporté son soutien jeudi matin, indiquant que la dirigeante allemande allait essayer de négocier au sommet de l'UE des accords bilatéraux de refoulement avec les pays membres concernés. Et les sociaux-démocrates, dont les voix sont cruciales pour la stabilité du gouvernement, se sont opposés au projet du ministre de l'Intérieur.
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