
Des procédures plus souples pour les permis de séjour, des partenariats avec le Maroc, la Tunisie et l'Égypte destinés à attirer les talents dans des professions en pénurie en Europe, etc.: la Commission européenne a présenté mercredi une série d'initiatives pour faciliter la migration légale de main d'œuvre vers le continent vieillissant. "Pour le dire simplement: nous n'en sortirons pas sans une migration du travail", a résumé le vice-président de la Commission européenne Margaritis Schinas. "La migration fait partie de l'ADN de l'Europe" tout autant que de son histoire, a-t-il souligné.
À côté des 125.000 à 200.000 personnes entrant chaque année dans l'Union européenne sans permis de séjour, dix à quinze fois plus de personnes y arrivent en toute légalité, un flux indispensable à la prospérité de l'économie de l'Union, a souligné le commissaire lors d'une conférence de presse. "Tout le monde y gagne: les migrants, qui ont ainsi une opportunité d'améliorer leurs conditions de vie, et les pays hôtes, qui disposent ainsi de travailleurs qualifiés".
Mais ces migrants légaux ne sont pas assez nombreux pour les immenses besoins de main d'œuvre de l'UE, confrontée à des pénuries sur le marché du travail. L'exécutif européen propose donc de modifier la directive sur le permis de travail et de séjour (permis unique) en y renforçant les garanties de traitement équitable et de protection contre les abus des employeurs. Les détenteurs d'un permis pourront par exemple changer d'employeur ou connaître une courte période de chômage sans pour autant perdre leur permis. La Commission veut aussi simplifier les conditions d'octroi du statut de résident de longue durée, en autorisant par exemple le cumul de périodes de séjour dans différents États membres.
Today, we are presenting an ambitious plan for legal, orderly migration with a positive impact all round.
— Margaritis Schinas (@MargSchinas) April 27, 2022
Improved conditions for migrants, support to partners and skilled workers for our economies.
The last missing piece of our migration policy. https://t.co/uKdqQH22LY pic.twitter.com/bYgACeYZie
“Un réservoir de talents européen”
Le train de mesures proposé contient aussi un volet opérationnel. Ainsi la Commission se fait-elle fort de nouer avant la fin de l'année des partenariats avec le Maroc, la Tunisie et l'Égypte pour satisfaire les besoins de compétences des États membres et des pays partenaires. Le Pakistan, le Bangladesh, le Sénégal et le Nigeria suivraient dans une deuxième phase. En échange, l'UE exigerait de ces pays des engagements dans la lutte contre la migration clandestine.
La Commission envisage aussi un "réservoir de talents européen" pour rendre l'UE plus attrayante et aider les employeurs à trouver les profils dont ils ont besoin. Un projet pilote devrait être mis en œuvre d'ici l'été pour les personnes récemment arrivées d'Ukraine. Les écoles en quête d'enseignants ukrainiens pourraient en bénéficier. À plus long terme, l'UE favoriserait la recherche de profils de soignants, qui font défaut dans presque toute l'Europe. La migration légale reste de la compétence des États membres, qui décideront seuls des volumes de migrants légaux qu'ils souhaitent admettre. Les Vingt-sept, qui se sont par le passé montrés peu enclins à coopérer sur le thème migratoire au niveau européen, devront se prononcer sur les propositions de la Commission, de même que le Parlement.
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