
Nouvelle défaite pour le président du Conseil italien, qui devra dire adieu au nucléaire, à la privatisation de l'eau et à l'empêchement légitime.
Pendant que Silvio Berlusconi plaisante sur les soirées "bunga bunga" -les fêtes libertines qui se seraient tenues dans sa villa- avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, une majorité d'Italiens (plus de 90% à chaque question) s'est prononcée contre le retour au nucléaire, contre la privatisation de l'eau et contre la loi dite d'empêchement légitime lors d'un référendum le 12 et 13 juin.
Ce nouvel échec du "camp Berlusconi" affaiblit un gouvernement déjà fragilisé par l'humiliation subie aux municipales partielles, il y a deux semaines.
Silvio Berlusconi, qui est poursuivi actuellement dans trois procès dont le scandale sexuel Rubygate, et redoute une annulation totale de son immunité judiciaire, avait d'ailleurs fait savoir qu'il n'irait pas voter à ces référendums lancés par l'opposition, tout comme son allié Umberto Bossi.
Malgré la prise de position du centre-droite, environ 57% des électeurs italiens ont participé aux référendums dimanche et lundi.
Cela fait 16 ans que le taux de participation (quorum) n'a pas été atteint en Italie pour ce type de référendum d'initiative populaire.
Les prochaines législatives
Le fondateur du quotidien La Repubblica, Eugenio Scalfari, a publié un commentaire sur les enjeux éventuels de ce référendum : "Après la défaite cuisante de Berlusconi aux municipales partielles, si le quorum est atteint et les "oui" gagnent, les effets seront imprévisibles."
"J'exclus les démissions de Berlusconi, mais je n'exclus pas l'implosion du Pdl et de la Lega. Implosion déjà en cours dans les deux partis, accentuée par la situation économique, la précarité des marchés financiers, et par les requêtes de l'Europe aux pays à la croissance peu élevée et à la dette publique importante" ajoute le journaliste.
Quoi qu’il en soit, même si le referendum se révèle être une chute du camp Berlusconi, le "Cavaliere" trouvera un moyen pour s'en sortir sans montrer aucun signe de faiblesse, mais ça préparera le terrain pour les prochaines élections législatives, prévues dans deux ans.
Un mépris total
Il Giornale, journal détenu par la famille Berlusconi, analyse la situation et déclare : "La gauche a exploité le referendum, mais au delà du résultat, désormais anticipé, le centre-droite dois prendre acte de ce moment difficile en réagissant de la seule manière possible : avec les réformes et une nouvelle identité."
Les partisans du référendum ont de leur côté multiplié les initiatives pour inciter les gens à voter, organisant concerts, spectacles et manifestations.
Entretemps, The Economist a dédié une couverture et un dossier de 14 pages sur "L'homme qui a 'niqué' tout un pays". "Son pire défault : son mépris total de la situation économique de son pays. Peut-être distrait par ses démêlés avec la justice, à aucun moment depuis neuf ans qu’il est premier ministre, il n’a résolu ni même vraiment reconnu les graves lacunes économiques de l’Italie. Autant dire qu’il laissera derrière lui un pays dans une situation épouvantable" explique le journal.
Elena Bizzotto - Le Nouvel Observateur
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