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«La francophonie est légitime pour proposer des solutions» à la crise financière

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«La francophonie est légitime pour proposer des solutions» à la crise financière

«Depuis longtemps, nous utilisons le mot de “régulation''», rappelle Abdou Diouf qui défend l'idée «d'une mondialisation culturelle». INTERVIEW - Abou Diouf, secrétaire général de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) jusqu'à la fin de 2010, et ex-président du Sénégal, dresse un état des lieux de l'OIF réunie vendredi à Québec.
 
LE FIGARO. - Quelle contribution la francophonie peut-elle apporter face à la crise financière ?
Abdou DIOUF. - La francophonie est une organisation qui utilise plusieurs méthodes : l'action directe sur le terrain, le plaidoyer, la concertation. Les chefs d'État réunis à Québec seront tenus de parler de la crise et de proposer des solutions. Deux pays membres de la francophonie, la France et le Canada, sont aussi membres du G8. Nous avons la chance d'avoir parmi nous des pays développés, des pays parmi les moins avancés, des pays émergents et d'autres en transition, notamment en Europe centrale et orientale. Nous représentons un tiers des États du monde. Nous sommes donc légitimes pour proposer des solutions. Celles-ci ne seront pas définitives mais elles contribueront au débat sur la révision de l'architecture financière mondiale marquée par beaucoup d'opacité et de spéculation alors que nous avons besoin de transparence et de croissance. Les crises nous ont rattrapés : on ne pourra pas ne pas évoquer non plus la crise alimentaire et la crise énergétique. Dans tous ces domaines, nous attendons des messages très forts du sommet. Il faut que les États se réinvestissent politiquement dans une francophonie pas seulement institutionnelle mais de terrain, une francophonie de la modernité.

Votre Organisation peut-elle être un instrument efficace pour aider à résoudre des crises politiques ?
Nous développons des méthodes d'alerte précoce et privilégions la complémentarité avec d'autres organisations. Au plus fort de la crise tchadienne, en février dernier, Nicolas Sarkozy m'a demandé d'aller sur place. Avec le commissaire européen Louis Michel, nous avons pu faire avancer les choses en réussissant à obtenir la constitution d'un gouvernement d'union nationale, la libération des prisonniers et nous avons réussi à mettre sur pied une commission d'enquête. Si nous n'avons pas les moyens de parler avec la rébellion, d'autres le font : c'est pourquoi je dis que nous travaillons de concert avec toutes les organisations et tous les États impliqués dans ce conflit.Sur la Côte d'Ivoire, nous participons également au comité de suivi des accords de Ouagadougou. Nous avons accompagné la Mauritanie après le coup d'État de 2005 pour aboutir à des élections claires et transparentes. Au bout de quinze mois, lorsque le président élu dans des conditions claires et transparentes a été renversé, nous avons suspendu la Mauritanie de la francophonie et exigé le retour à l'ordre constitutionnel normal. Nous sommes également intervenus en République démocratique du Congo, en République centrafricaine, à Haïti et, dans la perspective d'éventuelles législatives, nous sommes actuellement en Guinée. Nous ne nous contentons pas d'être présents au moment des élections mais nous faisons aussi de l'assistance électorale. D'où l'appui que nous apportons aux cours constitutionnelles, aux commissions électorales nationales. Partout, nous essayons d'intervenir avec modestie, en faisant ce que nous savons faire.

Défendre la francophonie a-t-il encore un sens dans le contexte de la mondialisation ?
Nous avons la chance d'être un certain nombre de pays à partager une langue et des valeurs. Il faut en profiter pour mener une coopération exemplaire dans plusieurs domaines : la promotion de la langue française, de la diversité linguistique et culturelle, de l'éducation, de la recherche, de l'État de droits, des droits de l'homme, de la paix, de la prévention des conflits, de la solidarité pour un développement durable. L'Organisation internationale de la francophonie exerce une magistrature d'influence qui n'a pas son pareil. Depuis longtemps, elle a analysé la mondialisation en disant que celle-ci est inévitable mais qu'elle doit être régulée, maîtrisée, humanisée, pour être réellement au bénéfice des peuples. Depuis longtemps, nous utilisons le mot de « régulation ». Nous défendons l'idée que l'on n'a pas seulement besoin d'une mondialisation matérielle mais aussi d'une mondialisation culturelle basée sur le respect des identités et menant vers une « civilisation de l'universel », selon la belle expression de Léopold Sédar Senghor.



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