La ministre de l'Information libanaise, Manal Abdel Samad, a annoncé dimanche qu'elle quittait le gouvernement, première démission du genre après l'explosion meurtrière et dévastatrice du port de Beyrouth qui a traumatisé l'opinion publique et alimenté la colère contre l'incurie des dirigeants.
"Après l'énorme catastrophe de Beyrouth, je présente ma démission du gouvernement", a déclaré la ministre lors d'une brève allocution télévisée. "Je m'excuse auprès des Libanais, nous n'avons pas pu répondre à leurs attentes.” Ces derniers jours déjà, plusieurs députés ont démissionné.
Samedi, des milliers de manifestants en colère contre la classe dirigeante accusée de corruption, d’incompétence et de négligence après l’explosion, ont pris d’assaut brièvement des ministères et défilé dans le centre-ville de Beyrouth pour crier vengeance. Ils ont brandi des potences de fortune symbolisant la rage à l’égard des dirigeants.
“La démission du gouvernement tout entier”
“La démission d’un député par-ci, d’un ministre par-là, ne suffit pas”, a lancé lors de son sermon dominical le cardinal Béchara Raï, cité par son service de presse. “Il faut, par respect pour les sentiments des Libanais et en raison de sa gravissime responsabilité, avoir la démission du gouvernement tout entier, incapable de faire avancer le pays, et organiser des législatives anticipées, plutôt que d’avoir un Parlement qui n’exerce pas ses fonctions”, a-t-il ajouté.
“C’est ce qu’on peut appeler un crime contre l’humanité”, a lancé le patriarche maronite, qui jouit d’une influence importante, en évoquant la tragédie du port, réclamant une “enquête internationale” afin que tous les responsables de ce “massacre” rendent des comptes. Il s’est interrogé sur les raisons de la présence “d’une quantité gigantesque de matière explosive gardée pendant six ans dans l’endroit le plus dangereux de la capitale”.
Pour tenter d’apaiser la colère de la rue, le Premier ministre contesté Hassan Diab a annoncé samedi qu’il proposerait des législatives anticipées et s’est dit prêt à rester au pouvoir “pendant deux mois”, le temps que les forces politiques s’entendent.
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