
Me Vincent Ollivier a défendu Chérif Kouachi lors du procès de la filière irakienne dite « des Buttes-Chaumont » qui s’est tenu au tribunal de grande instance de Paris, en mars 2008. Chérif Kouachi y comparaissait libre, avec six autres jeunes gens, qui ont pour la plupart grandi dans le 19e arrondissement de Paris. Avec son frère Saïd, Chérif Kouachi est suspecté d’avoir perpétré l’attaque des locaux de Charlie Hebdo mercredi 7 janvier. Tous deux sont toujours activement recherchés. La police a interpellé certains leurs proches.
Quelle enfance Chérif et Saïd Kouachi ont-ils eue ?
Les parents sont-ils morts, ou ont-ils abandonné leurs enfants ? Je ne sais plus vraiment. Mais Chérif est élevé par son frère Saïd et sa sœur, qui travaille auprès de jeunes enfants. Chérif a également fait des séjours en foyer. Je n’ai pas le souvenir d’une personne ancrée dans le fondamentalisme religieux. Il est plutôt tombé dans une petite bande qui devient, comme très souvent dans ces cas-là, une famille de substitution et dont on cherche à sortir sans passer pour un lâche. Je me rappelle d’ailleurs sa sortie de garde à vue : il se disait soulagé d’avoir été arrêté parce qu’il avait peur d’être tué en Irak.
Le profil psychologique de votre client correspond-il à celui d’un terroriste aussi déterminé ?
Je ne l’ai jamais vu, perçu comme quelqu’un qui s’était construit psychologiquement dans le but de commettre de tels actes. C’était un garçon un peu naïf rattrapé par une histoire qui le dépassait. Mais bon, c’est toujours ce que disent après coup ceux qui ont connu un meurtrier ou un terroriste.
Que pouvez-vous dire de son frère aîné, Saïd Kouachi ?
J’ai lu ce matin un peu partout que Saïd Kouachi avait directement appartenu à cette filière. Mais à l’époque, il a fait 72 heures de garde à vue puis a été lavé de tout soupçon. Par ailleurs, je n’arrive pas à faire le lien entre le professionnalisme des auteurs des actes commis mercredi dans les locaux de Charlie Hebdo et l’amateurisme qui consiste à partir mener cette attaque avec une carte d’identité, et d’abandonner celle-ci dans une voiture.
Emeline Cazi
Journaliste au Monde
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