Le président colombien a annoncé mercredi soir l’extradition du «trafiquant de drogue le plus dangereux du monde», dont la tête était mise à prix 5 millions de dollars par les Etats-Unis.
L’annonce du président colombien, mercredi soir, fut triomphale. « Je tiens à informer que Dairo Antonio Usuga, alias Otoniel, a été extradé », a lancé Iván Duque. Chef du Clan del Golfo, Otoniel, le plus grand narcotrafiquant de Colombie, est désormais aux États-Unis où il est réclamé par un tribunal de New-York. Mercredi, « la légalité, l’État de droit, la force publique et la justice triomphent », s’est félicité le dirigeant colombien.
Pour Iván Duque, « ce criminel de la pire espèce (…) ne peut être comparé qu’à Pablo Escobar », le cofondateur du tristement célèbre Cartel de Medellín, abattu par la police en 1993. Otoniel, dit-il, est le « trafiquant de drogue le plus dangereux du monde, meurtrier de leaders sociaux et de policiers, violeur d’enfants et d’adolescents ».
Mucha atención: acaban de sacar a "Otoniel" de las instalaciones de la DIJIN en Bogotá. Al parecer, a pesar de la orden del @consejodeestado lo van a extraditar ? @NoticiasUno pic.twitter.com/ZYZN0sMtfh
— Víctor Ballestas TV. (@victorballestas) May 4, 2022
Otoniel, 50 ans, avait été arrêté le 23 octobre dans le nord-ouest de la Colombie lors d’une vaste opération militaire. Il est poursuivi pour trafic de drogue depuis 2009 devant un tribunal de New York et sa tête était mise à prix 5 millions de dollars par les États-Unis. Mercredi, d’imposants véhicules blindés, escortés de policiers lourdement armés, l’ont transféré à l’aéroport de Bogota.
Auteur de « crimes contre l’humanité » selon des familles de victimes
Des proches des victimes d’Otoniel avaient demandé une « suspension » de l’extradition, estimant que cette procédure allait « soustraire à la justice un chef paramilitaire qui a commis des crimes contre l’humanité dans notre pays ». Ils invoquaient leur droit de connaître la vérité et de recevoir des réparations. Mais la justice colombienne a finalement donné son feu vert à son extradition.
Une fois sa peine accomplie aux États-Unis, le chef du Clan del Golfo « reviendra en Colombie payer pour tous ses crimes commis dans notre pays », a assuré Iván Duque. Ce dernier a « remercié » la Cour suprême, le Conseil d’État ainsi que la JEP - une juridiction spéciale enquête sur le conflit armé en Colombie - « pour avoir évité les manipulations intentionnelles de ce criminel pour tenter d’éviter cette extradition ».
La détention sous haute surveillance à Bogota du baron de la drogue a été marquée par plusieurs incidents et polémiques. Des enregistrements de ses témoignages devant la Commission de la vérité, instance qui enquête sur les violations des droits humains pendant le conflit armé en Colombie jusqu’à la signature de l’accord de paix de 2016, ont été volés par des inconnus. La police colombienne avait également interrompu une audition d’« Otoniel », disant soupçonner une tentative d’évasion.
Des proches des victimes d’Otoniel avaient demandé une « suspension » de l’extradition, estimant que cette procédure allait « soustraire à la justice un chef paramilitaire qui a commis des crimes contre l’humanité dans notre pays ». Ils invoquaient leur droit de connaître la vérité et de recevoir des réparations. Mais la justice colombienne a finalement donné son feu vert à son extradition.
Une fois sa peine accomplie aux États-Unis, le chef du Clan del Golfo « reviendra en Colombie payer pour tous ses crimes commis dans notre pays », a assuré Iván Duque. Ce dernier a « remercié » la Cour suprême, le Conseil d’État ainsi que la JEP - une juridiction spéciale enquête sur le conflit armé en Colombie - « pour avoir évité les manipulations intentionnelles de ce criminel pour tenter d’éviter cette extradition ».
La détention sous haute surveillance à Bogota du baron de la drogue a été marquée par plusieurs incidents et polémiques. Des enregistrements de ses témoignages devant la Commission de la vérité, instance qui enquête sur les violations des droits humains pendant le conflit armé en Colombie jusqu’à la signature de l’accord de paix de 2016, ont été volés par des inconnus. La police colombienne avait également interrompu une audition d’« Otoniel », disant soupçonner une tentative d’évasion.
« Qui a peur d’Otoniel », avait notamment titré le média en ligne indépendant Cambio, estimant que certains voulaient faire taire le narcotrafiquant, qui aurait déclaré durant ses auditions que l’armée continuait à travailler en complicité avec des paramilitaires d’extrême droite dans certaines régions du pays.
300 tonnes de cocaïne exportées par an
Selon la presse, citant un document de la JEP, « Otoniel » aurait mis en cause 63 personnes, prétendument liées au Clan de Golfo, dont un ancien ministre, un ancien directeur national des services de renseignements, six anciens gouverneurs et quatre anciens membres du Parlement. D’après ses avocats, le baron de la drogue a affirmé également avoir organisé sa reddition.
Selon la presse, citant un document de la JEP, « Otoniel » aurait mis en cause 63 personnes, prétendument liées au Clan de Golfo, dont un ancien ministre, un ancien directeur national des services de renseignements, six anciens gouverneurs et quatre anciens membres du Parlement. D’après ses avocats, le baron de la drogue a affirmé également avoir organisé sa reddition.
Issu d’une famille paysanne du nord-ouest de la Colombie, Dairo Antonio Usuga a été guérillero d’extrême gauche, puis un paramilitaire d’extrême droite avant de prendre la tête d’une organisation de trafic de drogue forte d’environ 1 600 hommes, qui exportait en moyenne chaque année près de 300 tonnes de cocaïne vers une trentaine de pays, selon les autorités. Il a succédé à la tête du Clan del Golfo à son frère, Juan de Dios dit « Giovanni », tué par la police en 2012.
En cinq décennies de guerre contre la drogue soutenue par les États-Unis, la Colombie a tué ou capturé plusieurs barons de la drogue, le plus connu du grand public étant Pablo Escobar auquel une série télévisée a été dédiée. Mais le pays reste premier producteur mondial de cocaïne et les États-Unis le principal marché, tandis que les violences liées au trafic perdurent.
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