Mindgeek, la société mère du populaire site pornographique Pornhub, est poursuivie à hauteur de 600 millions de dollars (516 millions d’euros) pour avoir distribué du contenu illégal sur sa plateforme. La femme à l’origine de la plainte est une Canadienne qui a découvert sur le site des images d’abus datant de son enfance. Pour la première fois, elle a accepté de s’exprimer de manière anonyme.
La victime a été violée à plusieurs reprises par un parent lorsqu’elle avait environ 12 ans. Après sa mort, elle espérait pouvoir mettre fin à cette période traumatisante de sa vie et dans la mesure du possible, tourner définitivement la page.
Mais c’était sans compter sur Pornhub. En 2019, la femme a reçu un message privé via Twitter de la part d’un ancien camarade de classe. L’ami l’a prévenue qu’une vidéo d’elle se trouvait sur le site pornographique. Mais la Canadienne, peu habituée aux réseaux sociaux, a mis plusieurs jours avant de voir ce message. “Lorsque j’ai cliqué sur le lien dans le message, je me suis figée”, raconte-t-elle. “Dès les premières secondes, j’ai compris ce qu’il se passait."
Dans la section des commentaires, la femme a trouvé des références à d’autres vidéos des abus qu’elle a subis. Elle a tenté de faire supprimer toutes les traces de ces vidéos, mais elle ne sait toujours pas si elle a réussi. “Après cinq jours, j’ai reçu une réponse automatique et c’est tout. Mais même si Pornhub met ces images hors ligne, elles continueront à apparaître. Le contenu pourrait aussi être téléchargé. Mes abus ont été immortalisés sur Internet. Ils ne disparaîtront jamais.”
Libre accès
La femme ne comprend pas comment les images ont pu circuler sans problème sur le net pendant tout ce temps. “Tout le monde a dû voir que j’étais très jeune à l’époque. Je pensais que ceux qui cherchaient de la pornographie enfantine allaient sur le dark web. Mais ce n’est pas le cas. En fait, tout est disponible en libre accès.”
La victime souligne que les patrons de Mindgeek n’ont aucune idée de l’impact de telles images sur la vie d’une personne. “Si un homme s’approche de moi et pense qu’il me connaît de quelque part, je panique. Lorsque vous rencontrez de nouvelles personnes, vous vous demandez constamment si elles ont vu les vidéos en question.”
Action en justice
La femme a donc entamé une action en justice collective contre Mindgeek avec d’autres victimes. Elle demande 430 millions d’euros de dommages et intérêts pour toutes les victimes et, en plus, 86 millions d’euros de sanction pour la société mère. Visa et MasterCard ont déjà mis fin à leur collaboration avec le géant du porno en raison de cette affaire.
Au cours de l’année et demie écoulée, Pornhub a été contraint de mettre hors ligne près de neuf millions de vidéos. Seuls les comptes qui ont été vérifiés peuvent désormais publier des images. La société a installé un meilleur système pour vérifier les âges et promet que les modérateurs vérifieront chaque vidéo séparément pour détecter les abus. La fonction de téléchargement n’existe désormais que pour les clients payants (et donc vérifiés). Enfin, la plateforme a revu sa politique afin de rendre plus facile la suppression de contenus indésirables.
1 Commentaires
Hé!
En Octobre, 2021 (15:35 PM)Désactiver le téléchargement d'une vidéo est un obstacle facilement contournable, en faisant un enregistrement d'écran par exemple. C'est exactement comme un screen-shot. La différence étant qu'avec un screen-shot on prend et on a une photo. Avec l'enregistrement vidéo, c'est carrément une vidéo que l'on obtient.
C'est terrible pour cette dame de savoir que ses (possessif) images ne disparaîtront jamais de la toile.
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