On le supposait depuis longtemps, mais cela n’avait pas encore été prouvé officiellement: le Belge Oussama Atar était l’un des commanditaires des attentats de Bruxelles et de Paris. Deux combattants britanniques de l’État islamique l'ont formellement identifié, révèle Mediapart. On apprend également que la France avait payé des millions d'euros au groupe terroriste en échange de la libération d’otages, contribuant ainsi indirectement au massacre du 13 novembre 2015.
Oussama Atar est le seul accusé du procès des attentats du 13-Novembre à être jugé pour “direction d’une organisation terroriste.” Par contumace puisque le Belge est supposé mort dans une attaque de drone américain en Syrie le 17 novembre 2017. Les enquêteurs français affirment qu’il occupait un poste élevé au sein de l’État islamique, plus précisément au sein de l’”Amniyat”, le département chargé de préparer les attaques terroristes en Occident.
Selon l'acte d'accusation Oussama Atar était l’un des cerveaux du massacre du 13 novembre 2015. Ce soir-là, 130 personnes ont perdu la vie dans des attaques aux abords du Stade de France, au Bataclan et sur des terrasses parisiennes.
Néanmoins, les preuves de l’implication d’Atar étaient minces. Les magistrats du parquet national anti-terroriste français disposaient de témoignages accusant le Belge, mais qui étaient pour le moins contradictoires.
Les “Beatles” de l’État islamique
Cependant, le site d’information Mediapart apporte aujourd’hui des preuves plus convaincantes sur la responsabilité du terroriste belge. Grâce aux interrogatoires par le renseignement américain de deux djihadistes britanniques, Alexanda Kotey et El Chafee Elsheikh. Les deux hommes faisaient partie de la bande des “Beatles” de l’État islamique. Il s'agissait d'un groupe de quatre Londoniens qui furent les geôliers d’un certain nombre d’Occidentaux retenus en otage par Daesh en 2014. Le “Beatle” le plus connu était Mohammed Emwazi, surnommé “Jihadi John”. Il a décapité certains des otages, dont le journaliste américain James Foley.
Emwazi a été tué par un drone le 12 novembre 2015, mais Kotey et Elsheikh sont toujours en vie. Ils ont été capturés par les Kurdes syriens le 24 janvier 2018 et ont ensuite été extradés vers les États-Unis à la fin de l'année 2020. Alexanda Kotey a déjà plaidé coupable pour échapper à la peine de mort. Son comparse et lui se sont d’ailleurs montrés très loquaces avec les enquêteurs américains. Ils ont notamment expliqué que leurs chefs en Syrie n'étaient autre que les terroristes qui ont planifié les attentats de Paris et Bruxelles.
La France a rançonné les commanditaires des attentats
Ces “émirs” orchestraient la détention puis pilotaient en 2014 la libération – contre rémunération – de certains otages occidentaux, dont les quatre journalistes français Édouard Elias, Didier François, Nicolas Hénin et Pierre Torrès, ont expliqué les “Beatles” au renseignement américain.
Début janvier 2014, l’État islamique est chassé d’Alep par des groupes de rebelles syriens. L’organisation terroriste se replie alors à Raqqa. Daesh manque d'argent pour reconquérir les territoires perdus et relance alors le processus de négociations pour libérer ses otages occidentaux. Entre mars et juin 2014, une quinzaine d’otages seront ainsi libérés en échange de plus de deux millions d’euros, selon des témoignages récoltés par le New York Times. Selon l’hebdomadaire allemand Focus, citant des sources otaniennes à Bruxelles, la France aurait quant à elle payé 18 millions de dollars (13 millions d’euros) à l’État islamique pour libérer ses otages. Ce qui confirme ce que certains soupçonnaient déjà: à savoir que la France a rempli les caisses de la cellule qui l'attaquera sur son sol quelques mois plus tard.
Oussama Atar, acteur important du procès des attentats de Bruxelles
Revenons-en à Oussama Atar. Son ancien subalterne El Chafee Elsheikh l'a décrit comme “quelqu’un d’extrêmement discret, qui n’aimait pas être vu et connu” et a confirmé que le Belge était bien chargé de la préparation des attaques en dehors du califat. Oussama Atar est longtemps parvenu à échapper aux radars des renseignements occidentaux car il n'était connu que sous son pseudonyme, Abu Ahmad.
Ces révélations sont également importantes pour le procès des attentats de Bruxelles, qui débutera en octobre 2022. Oussama Atar y sera également jugé - par défaut- comme l’un des principaux accusés.
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En Février, 2022 (09:41 AM)Participer à la Discussion