Yasser Arafat a été réenterré et sa tombe refermée mardi à Ramallah
après une exhumation au cours de laquelle des prélèvements ont été
effectués pour déterminer s'il a été empoisonné en 2004, ont indiqué des
sources officielles palestiniennes.
"L'opération est terminée,
la tombe a été refermée, et les prélèvements ont été remis aux experts
français, suisses et russes", a précisé à l'AFP un responsable de la
commission d'enquête palestinienne sur la mort du dirigeant historique
palestinien. Les bâches en plastique bleue qui dissimulaient la tombe
depuis deux semaines ont commencé à être ôtées, ont constaté les
journalistes de l'AFP.
L'exhumation avait commencé mardi matin à
5h00 locales (4h00 heure belge), selon des sources palestiniennes, et
des échantillons ont été prélevés sur la dépouille et remis aux experts
internationaux qui doivent les analyser dans leurs pays respectifs.
Trois juges français, chargés d'une enquête pour assassinat après une
plainte déposée en France par la veuve d'Arafat, assistaient à
l'opération. Les experts suisses et russes sont de leur côté été
mandatés par l'Autorité palestinienne.
Prélèvements
Selon
des sources palestiniennes, la dépouille a été transportée dans la
mosquée jouxtant le mausolée d'Arafat, situé dans l'enceinte de la
Mouqataa, le siège de la présidence de l'Autorité palestinienne à
Ramallah. Les prélèvements doivent y être effectués puis la dépouille
sera réinhumée lors d'une cérémonie militaire dans la journée. Selon une
source palestinienne, seul un médecin palestinien est autorisé à
toucher la dépouille et effectuer les prélèvements, qui seront ensuite
remis aux experts russes, suisses et français pour analyses.
Mutisme
Trois
juges français, saisis d'une enquête pour assassinat après une plainte
de la veuve d'Arafat, Souha, sont présents. Le mufti de Jérusalem,
Mohamad Hussein, était mardi matin à la Mouqataa. "Je me devais d'être
présent lors de l'ouverture de la tombe", a-t-il déclaré à l'AFP. Aucune
confirmation officielle sur l'opération n'a été obtenue, le mutisme
régnant autour de cette exhumation hautement sensible symboliquement et
politiquement. Les dirigeants palestiniens doivent tenir une conférence
de presse en fin de journée. Une ambulance était garée dans l'enceinte
de la Mouqataa, et des experts vêtus de combinaisons blanches ont été
aperçus près du mausolée, dissimulé derrière des bâches en plastique
bleu.
Assassiné par Israël?
Les experts
internationaux doivent tenter de déterminer si le dirigeant palestinien a
été empoisonné au polonium, hypothèse relancée par la diffusion en
juillet d'un documentaire d'Al-Jazeera révélant des traces de cette
substance radioactive sur des effets personnels d'Arafat. Yasser Arafat
est mort à 75 ans le 11 novembre 2004 dans un hôpital militaire de la
région parisienne, où il avait été transféré avec l'accord d'Israël qui
le confinait depuis plus de deux ans à la Mouqataa. Aucune information
médicale claire sur les causes de sa mort n'a jamais été publiée, et
nombre de Palestiniens accusent Israël de l'avoir empoisonné, ce que
l'Etat hébreu a toujours nié. "En tant que patriotes palestiniens, nous
sommes convaincus que les Israéliens ont assassiné le président Arafat",
a encore affirmé récemment Taoufiq Tiraoui, le président de la
commission d'enquête palestinienne sur la mort d'Arafat.
Printemps 2013
"Yasser
Arafat est décédé dans un hôpital français, tous les éléments se
trouvent dans son dossier médical. Il suffit de le consulter", a
rétorqué dimanche le porte-parole du ministère israélien des Affaires
étrangères Yigal Palmor, en se demandant "à quoi rime cette mascarade,
ce feuilleton interminable". L'exhumation se déroule également sur fond
de tensions familiales, le neveu de Yasser Arafat, Nasser al-Qidwa, s'y
étant opposé. Convaincu que son oncle est mort empoisonné par Israël, il
s'interroge sur la "logique" de l'exhumation et critique une
"profanation". "Il ne sortira rien de bon de tout ça, cela ne fera aucun
bien aux Palestiniens", a-t-il déclaré récemment à l'AFP. La veuve
d'Arafat, Souha, à l'origine de la plainte pour assassinat, estime quant
à elle qu'il s'agit d'une "épreuve douloureuse mais nécessaire".
Selon
des experts, les analyses prendront plusieurs semaines pour déterminer
si les prélèvements seront exploitables. Auquel cas, les résultats ne
seront pas disponibles avant le printemps 2013. Mais même si des traces
de polonium, substance radioactive hautement toxique, sont découvertes,
il ne sera pas facile de prouver que la substance a été administrée par
voie humaine, selon un responsable de l'Institut français pour la
protection radiologique et la sûreté nucléaire (IRSN).
1 Commentaires
Fitaw_makonen
En Novembre, 2012 (17:41 PM)Le comportement des israéliens vis-à-vis du « prisonnier » Arafat a été pire que son empoisonnement tant il a été cruel et sadique !
Ce qui est constant, c’est que pendant son confinement dans la Muqata rien ne pouvait être fait par lui ou pour lui sans que les israéliens le sachent et y consentent !
Participer à la Discussion