Le Haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme a estimé vendredi que le président philippin Rodrigo Duterte, qui a lancé des insultes contre les Rapporteurs des Nations unies, avait besoin d'un "examen psychiatrique".
Dressant devant la presse à Genève la liste des reproches faits par Manille à l'encontre de ces fonctionnaires, dont l'un a même été accusé de "terrorisme", Zeid Ra'ad Al Hussein a déclaré: "Il faut croire que le président des Philippines a besoin de se soumettre à un examen psychiatrique".
M. Zeid et d'autres responsables des droits de l'Homme à l'ONU critiquent régulièrement la campagne antidrogue controversée du président Duterte.
Depuis son élection en 2016, environ 4.100 trafiquants et usagers de drogue présumés ont été tués par la police. Les défenseurs des droits de l'Homme estiment que le nombre réel de morts est plus du triple des chiffres officiels.
Le Rapporteur spécial de l'ONU sur les meurtres extrajudiciaires, Agnes Callamard, est devenue la bête noire du président philippin.
Lors d'un échange avec les représentants philippins au Conseil des droits de l'Homme jeudi à Genève, M. Zeid a cité des articles de la presse philippine de novembre dans lesquels le président Duterte menaçait de gifler Mme Callamard, en la couvrant d'insultes.
"C'est absolument scandaleux que le président d'un pays puisse s'exprimer ainsi, en utilisant le language le plus ordurier à l'égard d'un Rapporteur hautement respecté", a répondu M. Zeid.
Accusée de terrorisme
Le Haut-Commissaire a également évoqué le cas du Rapporteur spécial de l'ONU sur les droits des populations indigènes, Victoria Tauli Carpuz.
Selon lui, le ministère philippin de la Justice a accusé Mme Carpuz de terrorisme le mois dernier devant un tribunal régional.
Elle est soupçonnée d'"appartenir au Parti communiste philippin et à la Nouvelle armée du peuple", a dit M. Zeid.
La Nouvelle armée du peuple (NAP), bras armé de la rébellion communiste aux Philippines, est considérée comme "organisation terroriste" par le Département d'Etat américain.
Selon M. Zeid, Mme Carpuz pense qu'elle est visée en raison de ses commentaires sur le massacre présumé de la population indigène dans la région de Mindanao (sud), où le président Duterte a décrété la loi martiale dans le cadre de sa campagne de lutte contre les jihadistes.
"C'est bien sûr inacceptable de traiter ainsi un Rapporteur spécial (...) dont l'expertise est reconnue par le Conseil des droits de l'Homme", a déclaré le Haut-Commissaire.
"Ces attaques ne peuvent pas rester sans réponse", a-t-il conclu.
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En Mars, 2018 (13:54 PM)Anonyme
En Mars, 2018 (16:40 PM)Participer à la Discussion