
Evidemment tous les journaux français font leur Une ce matin sur la première intervention télévisée de Dominique Strauss-Kahn depuis son retour en France il y a deux semaines, mais aussi et surtout depuis l'affaire du Sofitel de New York, il y a quatre mois. Tous les quotidiens relèvent une interview soigneusement préparée, orchestrée au millimètre, mais manquant du coup de spontanéité.
Quant aux réactions politiques, elles se font rares ce matin. A droite, c'est Jean-Pierre Raffarin, sur Twitter qui a tiré le premier. DSK est « plus à l'aise pour afficher sa compétence que sa sincérité. La décence eut été le silence ». A gauche, Jack Lang souligne une intervention « de cœur, de vérité, pleine d'émotion et de justesse ». Bruno Leroux, un proche de François Hollande, qui a réagi également sur Twitter, déclare : « Au moins, on sait qui devait et voulait être candidat dans le pacte ». Une allusion au pacte de Marrakech qui liait DSK à Martine Aubry.
Les réactions des politiques
À DROITE
L'ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, sur Twitter, a noté que DSK était « plus à l'aise pour afficher sa compétence que sa sincérité », jugeant que « la décence eût été le silence ».
ean-François Copé, le secrétaire général de l'UMP : « Cette émission qu'on nous présentait comme inévitable était dérisoire et triste » avant de rajouter à propos de la théorié du complot « ça va bien, je ne peux accepter les sous-entendus. Ca me choque profondément. C'est extrêmement choquant qu'on vienne rajouter une théorie du complot à tout ce que nous venons de vivre ».
Dominique Bussereau, ex-secrétaire d'Etat UMP aux Transports, a lui, critiqué « une
sincérité écrite par des compères » et vu de la « suffisance » et de « l'indécence chez DSK à TF1 ». C'est « dommage car il a fait rêver beaucoup de Français », a-t-il publié sur Twitter.
Valérie Rosso-Debord, déléguée générale de l'UMP, a ironisé sur LCI : « Il m'a beaucoup convaincu sur la partie économique. J'ai trouvé que ses analyses convergeaient parfaitement avec celles de Nicolas Sarkozy et d'Angela Merkel et beaucoup moins avec les socialistes. Ils auraient intérêt à l'écouter ».
À GAUCHE
Ségolène Royal, candidate à la primaire socialiste retient de cette intervention « l'envie de tourner la page. A la fois il l'a laissé entendre, mais aussi l'envie pour le téléspectateur, la téléspectatrice que j'étais, l'envie de tourner maintenant la page, de permettre aux Français de passer à autre chose, d'élever le débat politique ».
Jean-Marie Le Guen, député PS de Paris, et proche de Dominique Strauss- Kahn a trouvé un « DSK ému, digne et qui a livré sa vérité ». Sur Twitter, il s’est dit « fier ce soir d'être son ami » et a déclaré avoir « malgré tout des regrets de ne pas partager cette campagne avec lui ».
Jack Lang, député socialiste, dans un communiqué : « Dominique a parlé la langue du cœur, de la vérité et de l'intelligence. Son intervention remarquable était pleine d'émotion et de justesse. Je suis fier d'être son ami. Il a révélé une fois de plus sa haute stature intellectuelle et morale dont je n'ai personnellement jamais douté. Son analyse visionnaire de l'Europe fait apparaître que la France aura de nouveau besoin de son impressionnante compétence et de son expérience ».
Michèle Sabban, vice-présidente PS du conseil régional d'Ile-de-France, soutient et ami de l'ex-patron du FMI, s'est aussi exprimée sur LCI : « 100% de son temps est consacré à rétablir sa vérité et il nous l'a montré ce soir. Le moment sur la crise nous laisse un sentiment de gâchis. C'est aujourd'hui le seul qui peut s'exprimer comme il s'est exprimé avec ce que nous vivons en ce moment ».
Sandrine Mazetier, députée PS de Paris, sur LCI : « Je l'ai trouvé courageux. Il n'a esquivé aucune question. Il a été combatif pour retrouver son honneur, pour combattre un certain nombre de contre-vérités et d'insinuations insupportables. Il a été combatif pour lui, pour la France, pour l'Europe, pour l'euro ».
Bruno Le Roux, soutien de François Hollande, a lui estimé qu'« au moins on sait
qui devait et voulait être candidat dans le pacte ». « La volonté, l'envie ça ne s'improvise pas après un empêchement », a noté le député.
Les réactions des organisations féministes
Olivia Cattan
Présidente de l'association Paroles de femmes.
19/09/2011
par RFI
Écouter (00:55)
Olivia Cattan, présidente de l'association Paroles de femmes : « J'ai trouvé que c'était lamentable », a-t-elle lâché. Selon elle, « il n'y a pas eu d'explication sur ce qui s'est passé dans cette chambre du Sofitel à New York le 14 mai, alors que la femme de chambre Nafissatou Diallo a porté plainte pour viol ». Olivia Cattan s’est aussi étonnée des propos de DSK sur « des relations sexuelles entre deux personnes qui ne se connaissaient pas, en quelques minutes, non tarifiées » et présentées comme « consentantes ».
Magali de Haass, de l'organisation « Osez le féminisme » a critiqué « une mise en scène, un grand plan de communication » de la part de Dominique Strauss-Kahn face à des questions aussi peu incisives de Claire Chazal. Elle a également espéré que « cette affaire ne va pas entraver la possibilité pour les femmes victimes de violences de porter plainte ».
Des mouvements féministes avaient par ailleurs appelé à manifester devant les locaux de TF1, notamment La Barbe, disant, sur son habituel ton ironique, vouloir exprimer sa « joie face au chaleureux accueil réservé par les grands médias à l'un de nos plus grands hommes à son retour d'exil, après que les charges contre lui ont été abandonnées par la Justice du plus puritain des peuples ».
La candidature avortée de Dominique Strauss-Kahn
Pour Stéphane Rozès, président de Cap (Conseils analyses et perspectives), DSK « n’aurait pas dû dire explicitement » qu'il y avait eu un pacte le liant avec Martine Aubry, ni prononcer ce mot, car cela « semble dire que la candidature » du maire de Lille est « une candidature de substitution ». « A juste titre, DSK ne donne pas de soutien à Martine Aubry, ça aurait été la desservir. Ca aurait été faire écran entre elle et les Français », a également estimé Stéphane Rozès.
Gérard Grunberg, politologue, a lui jugé que DSK « ne pouvait pas faire comme s'il n'y avait pas eu de pacte » entre eux. Selon lui, ce n'est pas « défavorable » à la maire de Lille, car « il a dit clairement qu'il ne prendrait pas parti. Il fallait bien qu'il envoie un message de sympathie ».
La stratégie de communication de DSK
Pour le politologue Roland Cayrol, « du point de vue de son cahier des charges -confesser sa faute et se réinsérer si possible dans le jeu politique- DSK a fait du mieux qu'il pouvait faire ». Il souligne que DSK « n'a affiché aucun sourire » et « a insisté lourdement sur sa faute morale vis-à-vis des Français ». « Il est revenu sur sa légèreté. Il a été aussi convaincant que possible », a-t-il ajouté.
Dominique Wolton, sociologue, a lui trouvé DSK « très convaincant, honnête et courageux. Il a quand même reconnu son erreur et la faute morale. La prestation était très difficile », a-t-il souligné.
Arnaud Mercier, professeur en sciences de l'information et de la communication à l'université de Metz, a estimé que DSK est « parvenu à trouver un équilibre qui était
pourtant difficile à trouver: il a fait acte de contrition publique, reconnu une faute morale, mais tout en étant extrêmement combatif, ferme et sûr de lui, en tenant sa ligne de défense juridique ».
Jacques Séguéla, publicitaire : « Il s'agit d'un grand professionnel qui s'y prépare depuis 3-4 mois. Il a trouvé les mots, il a trouvé le ton, la 'faute morale' c'est le mot fort. Il a commencé de retrouver l'amour des Français, il en faudra beaucoup plus, il a quand même commis l'irréparable politiquement ».
La réponse de L’Express
Alors que Dominique Strauss-Kahn a jugé, au cours de son interview, que L’Express, qui avait publié des éléments du rapport médical rédigé après l'examen de Nafissatou Diallo, devenait un « tabloïd », le directeur de la rédaction de l’hebdomadaire, Christophe Barbier, a rétorqué que ce qualificatif était « évidemment faux », soulignant que la couverture des tabloïds américains au début de l'affaire à New York, s'était faite à coup de Une très tapagueuses, traitant DSK de « pervers » (« The perv »).
« L'Express a toujours fait un travail d'investigation. Il ne s'est jamais écarté des faits », a fait valoir Christophe Barbier, expliquant que son journal avait reproduit le contenu « d'un vrai rapport médical » tout en accusant DSK « de travestir la réalité ». « Il nous accuse d'acharnement », a-t-il insisté. « Je ne vois pas en quoi, nous n'avons pas fait plus de Unes que les autres. Ou alors est-ce parce que nous avions fait une Une lors de l'affaire Piroska Nagy en 2008. On avait alors expliqué avant les autres qu'il avait un problème avec les femmes, chose qu'il a reconnue ce soir », a encore estimé le directeur de l’hebdomadaire.
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