A Lille, Martine Aubry prend les accents de Montebourg
Martine Aubry et Sandrine Bonnaire, le 13 octobre 2011 à Lille. (© AFP Denis Charlet)
S’ils doutent, ils le cachent bien. Pour le dernier meeting de campagne de Martine Aubry, ses principaux soutiens politiques ont fait le voyage à Lille et ne ménagent pas leur peine sur une tribune, bleu pâle, rebaptisé le «bleu Martine» par le staff Aubry.
A trois jours du deuxième tour, Laurent Fabius enflamme la salle bardée de pancartes «MA Présidente» rouge et bleu. «Si Martine gagne dimanche, ce sera le début de la fin pour Monsieur Sarkozy», lance l’ancien Premier ministre, devant les 2 500 partisans chauffés à blanc. Personne ne s’en prend à Hollande : il faudra se rassembler lundi. On est là pour taper sur le chef de l’Etat et vanter les qualités ou les défauts, de la candidate.«Je ne suis pas un professeur en caractère, mais j’ai l’impression que de ce côté-là Mère Nature t’a bien dotée Martine», plaisante Henri Emmanuelli.
Entre deux discours des éléphants, la société civile se glisse pour appeler à voter Aubry. «Je crois en vous parce que vous défendez des valeurs qui vont bien au-delà d’un parti, vous défendez les valeurs de la vie», dit l’actrice Sandrine Bonnaire d’une voix douce.
20 h 40, la candidate prend enfin la parole. La primaire et la bascule du Sénat à gauche sont pour elle des signes du «changement» - le mot est prononcé quasiment dans toutes les phrases. «Et comme aucune digue ne résistera à la vague du changement, le prochain président sera une présidente», prédit Aubry, qui «élue en 2012» promet d’organiser une primaire en 2017 ! La maire de Lille ne fustige plus la «gauche molle», mais son exposé sur la «gauche forte» est tout aussi assassin contre Hollande, qu’elle range dans la catégorie des «personnes plus accommodantes» qu’elle. «La confiance est liée à la constance. Si on veut bien présider il faut préciser alors moi je précise», lance-t-elle sous les«Martine Présidente». Avant un second tour qu’un de ses proches prédit à «51-49, d’un côté ou de l’autre», elle multiplie les signaux aux électeurs de Montebourg et de Royal : critique de la mondialisation à la sauce libérale, lancement de la réforme bancaire ou création d’un rayon de«prix citoyens» dans les supermarchés. Depuis qu’elle a déjoué les sondages qui la donnaient 10 à 15 points derrière Hollande, elle se dit sereine : «Je sais que les Français sont un peuple libre. Ils n’aiment pas qu’on décide à leur place.» Et de conclure : «Je vous promets que plus jamais vous n’aurez honte de la France. Nous allons tourner la page du sarkozysme et voter le vrai changement.»
A Paris, François Hollande à ses ralliés reconnaissant
Rassembleur pour cinq. Et tant pis pour Martine Aubry. Paris, 20 heures hier. «C’est d’être arrivé en tête qui me permet de rassembler», lance François Hollande sur la scène du Bataclan, pour son dernier meeting de la primaire qui a réuni plus de 1 200 personnes. «Je veux rassembler car il faut déjà préparer le moment de la réunion, de la réconciliation», martèle-t-il, déjà dans le coup d’après. Confiant dans sa baraka présidentielle :«Voilà trente ans que je me consacre à la politique, trente ans que j’ai conquis les mandats qui sont les miens. Rien ne m’a été donné, ce que j’ai gagné, je l’ai toujours pris à la droite.» Celui qui est arrivé en tête avec 39% des voix au premier tour remercie tous les soutiens venus à lui «sans condition, sans négociation, sans tractations, simplement avec l’esprit de servir la France».
“Merci à Ségolène"
Dans la fosse, on distingue Jean-Marc Ayrault, Bruno Le Roux, deux hollandais historiques ; la jospinie est représentée par Daniel Vaillant. Et sont aussi présents Jack Lang, Vincent Peillon, Aurélie Filippetti et Pierre Moscovici. Chaque candidat battu a droit à son compliment. «La première condition pour que la gauche soit la gauche, c’est qu’elle dise la vérité», tonne Hollande à l’égard de Manuel Valls qui vient de lui prêter allégeance au micro en se disant «avec François Hollande, dont le nom va rimer plus que jamais avec France». Mais c’est Ségolène Royal, dont la directrice de campagne, Dominique Bertinotti, a lu le communiqué sur scène, qui a droit au plus vibrant hommage : «Merci à Ségolène d’avoir compris, au-delà de tout, qu’il y avait une responsabilité, un enjeu, un devoir même de faire gagner la gauche en 2012.» Et de rendre hommage à celle «qui avait défendu cette belle idée et qui a tant souffert de ne pas avoir su, de ne pas avoir pu faire le rassemblement en 2007. Eh bien là, elle nous montre l’exemple».
“Arnaud vous entend, j'en suis sûr"
Mais il en manque un pour faire un carton plein : Arnaud Montebourg.«J’entends aussi ce que ses électeurs ont voulu nous dire», reprend Hollande. «Arnaud avec nous !» crie le public. «Il vous entend, j’en suis sûr. C’est son choix, sa liberté», conclut Hollande. Et, au nom de l’unité, Hollande dénonce les attaques d’Aubry qui ont redoublé hier sur son«flou» : «La force n’est pas d’entretenir la discorde ou la suspicion. Je ne dirai rien, je ne ferai rien qui puisse diviser, dévaluer, abîmer. Car nous serons forcément unis. Car notre candidat ne doit porter aucune phrase comme un fardeau, un boulet.»
4 Commentaires
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En Octobre, 2011 (05:32 AM)Location Longue Durée
En Septembre, 2022 (16:59 PM)Citoyen Francais
En Octobre, 2011 (05:42 AM)Intello
En Octobre, 2011 (07:39 AM)Youzza
En Octobre, 2011 (08:31 AM)Participer à la Discussion