Emmanuel Macron est sorti de son silence dimanche pour fustiger Alexandre Benalla, son ex-homme de confiance mis en examen pour des violences en marge du 1er-Mai à Paris, et annoncer une réorganisation des services de l’Elysée au nom de “l’impunité”. Critiqué par l’opposition pour sa discrétion inhabituelle depuis le début de l’affaire, mercredi, le chef de l’Etat prendra la parole quand il le jugera utile, “estimant qu’il y a une forme de décence à ne pas prendre la parole au moment où sont lancées des enquêtes”, selon une source proche.
Il a dit avoir pleine confiance dans les trois enquêtes ouvertes sur les agissements d’Alexandre Benalla - enquêtes judiciaire, parlementaire et administrative. Après une série de rebondissements, le chef de l’Etat a fait le point dimanche en début de soirée, alors qu’un juge d’instruction venait de prononcer cinq mises en examen, avec le Premier ministre Edouard Philippe, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb,
le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux et le secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement Christophe Castaner, par ailleurs délégué général de La République en Marche. Le premier acte judiciaire de l’”affaire Benalla” s’est clos avec la mise en examen de l’ex-chargé de mission de 26 ans et de quatre autres suspects, dont trois policiers. Ce dossier a plongé l’exécutif dans une tourmente politique sans précédent depuis le début du quinquennat d’Emmanuel Macron, qui a fait de l’exemplarité et la transparence les maîtres-mots de son mandat.
COMPORTEMENT “CHOQUANT”
Alexandre Benalla est mis en examen de cinq chefs, dont “violences en réunion”. Il a été placé sous contrôle judiciaire et il lui est interdit d’exercer une fonction publique ou une mission de service public. “Le président a dit que le comportement d’Alexandre Benalla le 1er mai était inacceptable, choquant, et qu’il ne pouvait laisser accréditer l’idée que quelqu’un dans son entourage pouvait être au-dessus des lois et qu’il n’y aurait pas d’impunité”, a déclaré la source proche.
Vincent Crase, un gendarme réserviste salarié de La République en Marche qui se trouvait à ses côtés le 1er mai, est mis en examen pour “violences en réunion”, “immixtion dans l’exercice d’une fonction publique” et “port prohibé d’arme”. La justice s’est saisie de l’affaire jeudi au lendemain de révélations du journal Le Monde, qui a identifié Alexandre Benalla sur une vidéo amateur dans laquelle on peut le voir, coiffé d’un casque de police et entouré de CRS, frapper un jeune homme et malmener une jeune femme sur la place de la Contrescarpe, dans le Ve arrondissement de Paris.
On le voit sur d’autres images portant un brassard de police alors qu’il avait intégré ce jour-là le dispositif des forces de l’ordre à titre d’”observateur” dans des conditions encore mal définies. Les deux manifestants, qui avaient alors été interpellés, ont été identifiés et ont demandé à être entendus ultérieurement par les enquêteurs, a-t-on appris samedi de source proche du dossier.
Selon Libération, qui diffuse dimanche des images précédant ces scènes, le couple a jeté “violemment trois objets” contre des CRS, entraînant “l’intervention” d’Alexandre Benalla et Vincent Crase.
DES IMAGES POUR ÉTAYER LA DÉFENSE DE BENALLA?
Les trois policiers mis en examen, un contrôleur général de la préfecture et deux commissaires suspendus depuis jeudi à titre conservatoire, sont soupçonnés d’avoir extrait illégalement puis communiqué des images de vidéosurveillance de la Ville de Paris montrant les scènes de la Contrescarpe à “une tierce personne” - en l’occurrence Alexandre Benalla.
Selon Le Journal du Dimanche, ce dernier aurait demandé et obtenu mercredi ses images pour étayer sa défense auprès des enquêteurs, à savoir qu’il en serait venu aux mains en vertu de l’article 73 du Code de procédure pénale qui autorise “dans le cadre de crime flagrant ou de délit flagrant toute personne (...) à en appréhender l’auteur et le conduire devant l’officier de police judiciaire le plus proche”.
Les fonctionnaires sont mis en examen pour “détournement d’images issues d’une vidéoprotection” et “violation du secret professionnel”, notamment. Ils sont également placés sous contrôle judiciaire. Gérard Collomb, dont le rôle est l’objet de spéculations, sera entendu lundi à partir de 10H00 par la commission d’enquête de l’Assemblée lors d’une audition publique.
Emmanuel Macron a estimé dimanche soir qu’il y avait eu une série de dysfonctionnements à l’Elysée depuis le 1er mai et précisé qu’il avait demandé à Alexis Kohler, secrétaire général de la présidence, de travailler à une réorganisation des services internes et du cabinet “pour que ça ne puisse pas se reproduire”, selon la même source.
La présidence de la République, qui avait mis à pied Alexandre Benalla du 4 au 19 mai et suspendu son salaire après avoir été informée le 2 mai de ses actes, a engagé vendredi une procédure de licenciement à son encontre. Elle défend un traitement “proportionné” de l’affaire, dénoncée comme “un scandale d’Etat” par l’opposition de droite et de gauche, qui paralyse les travaux du Parlement.
Sophie Louet avec Jean-Baptiste Vey
1 Commentaires
Calots Bleus
En Juillet, 2018 (14:05 PM)Le retour à la normalité est difficile mais c'est en chemin. Au moins on a pas de calots marrons...
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