Entre le 4 et le 9 août, le gouvernement espagnol a renvoyé par charter 160 immigrés maliens arrivés clandestinement aux îles Canaries vers leur pays d'origine. D'autres vols ont eu lieu cette semaine, ont confirmé, vendredi 18 août, des sources du ministère des affaires étrangères.
Bamako a finalement donné son accord pour recevoir discrètement ses citoyens. Il n'existe pas d'accord de rapatriement avec le Mali, mais le ministère espagnol des affaires étrangères précise que dans le cas de réadmission de personnes dans leur pays d'origine, ce n'est pas nécessaire. Une clause de réadmission est prévue dans l'accord de Cotonou conclu, en 2000, entre l'Union européenne (UE) et les pays de la zone ACP - Afrique, Caraïbes, Pacifique -, fait-on valoir au ministère. Encore faut-il pouvoir l'appliquer, d'où les difficultés actuelles.
Dans le cas d'un pays comme le Maroc, avec lequel il n'existe pas non plus d'accord bilatéral, la réadmission immédiate fonctionne bien. "On les (les Marocains) renvoie au Maroc sous les quarante-huit heures", ajoute-t-on. Selon le quotidien El Pais, le Mali, d'où parviennent de très nombreux immigrés de manière illégale en Espagne, cherche surtout à éviter la publicité autour de ces retours, afin d'éviter les problèmes avec son opinion publique.
Les retours au Sénégal de demandeurs d'asile arrivés aux Canaries, effectués par l'Espagne au mois de mai, avaient provoqué des problèmes. Après un vol, le 31 mai, entre l'île de Fuenteventura (Canaries) et Dakar, avec 99 immigrés sénégalais à bord, certains d'entre eux avaient dénoncé devant les médias de leur pays les conditions dans lesquelles ils avaient voyagé, estimant que leurs droits n'avaient pas été respectés. Le Sénégal, alors en plein processus électoral, avait décidé de suspendre les vols.
Selon la police espagnole en revanche, tout s'était déroulé dans les règles. "Il faut comprendre que, pour des raisons de sécurité, le ministère de l'intérieur n'informe pas des rapatriements, sauf pour des cas concrets ; ensuite, pour des raisons internes, le pays qui reçoit ses citoyens ne souhaite pas forcément que cela se sache ; tout cela reste délicat au niveau diplomatique", explique-t-on au ministère espagnol des affaires étrangères. Selon celui-ci, ces retours représentent le premier résultat concret du plan Afrique, mis en place récemment par le gouvernement espagnol pour tenter de freiner l'immigration illégale.
EFFORTS DIPLOMATIQUES LENTS
Ce plan, prévu pour 2006-2008, consiste en une offensive de grande ampleur pour négocier des accords de rapatriement, concrétiser des accords plus larges afin de lutter contre les mafias, établir un système de quotas, à l'image de ceux conclus avec l'Amérique latine et les pays de l'Est, augmenter la coopération et la formation entre les forces policières. "Entre les mois de septembre et de décembre, des nouveautés surgiront avec toute une série de pays du golfe de Guinée", précise-t-on au ministère.
Les efforts diplomatiques semblent pourtant bien lents face à la rapidité avec laquelle les immigrés parviennent sur les côtes espagnoles. Le gouvernement régional des Canaries vient de demander à Madrid une réunion de crise après l'arrivée récente et massive de centaines d'immigrés. Depuis le début de l'année, 16 400 immigrés, dont 388 mineurs, sont parvenus aux Canaries, soit trois fois plus qu'en 2005. Les patrouilles aériennes et en mer, au large des côtes africaines, ne réussissent pas à ralentir pour l'instant le flux de ces arrivées massives. L'aide apportée par l'UE, dans le cadre de l'opération Frontex, commence tout juste. Ses moyens sont trop "maigres" et arrivés trop tard, a regretté le président de la région des Canaries.
Madrid Correspondance
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