Le gouvernement argentin a promulgué lundi une loi prévoyant des mesures économiques et financières d'urgence pour combattre la grave crise que connait le pays. Le texte prévoit notamment des hausses d'impôts pour les plus riches et des prestations sociales pour les plus pauvres.
L'Argentine, en "défaut de paiement virtuel", va mettre en place des mesures économiques et fiscales d'urgence destinées à remettre sur les rails son économie.
Le gouvernement du nouveau président Alberto Fernandez a promulgué une loi en ce sens lundi 23 décembre. Elle prévoit entre autres une hausse de la fiscalité pour les classes moyennes et supérieures, des prestations sociales pour les plus défavorisés et une taxe de 30 % sur les achats en devises étrangères, dans un pays où de nombreux habitants ont l'habitude d'économiser en dollars pour faire face aux dévaluations de la monnaie et à l'inflation. Elle prévoit aussi une augmentation des taxes sur les exportations agricoles, le secteur de l'agro-business étant le seul à avoir progressé ces dernières années.
Avec cette nouvelle loi, le gouvernement espère "répondre aux besoins des secteurs les plus vulnérables et concentrer tous ses efforts pour relancer la demande et donner une impulsion à la croissance", a expliqué lundi Alejandro Vanoli, le directeur de l'organisme gouvernemental de sécurité sociale (Anses), chargé de la sécurité sociale, des retraites et des aides aux personnes défavorisées.
"Plan contre la faim"
La loi prévoit notamment un "plan contre la faim", ainsi que l'octroi de primes pour les petites retraites et, pour les plus pauvres, le report ou le gel des augmentations des tarifs des services publics.
L'ex-président de centre droit Mauricio Macri a laissé un pays en proie à la récession et l'inflation. Le peso argentin a chuté de 70 % depuis janvier 2018. Il avait demandé fin août un rééchelonnement de la dette, notamment au Fonds monétaire international (FMI) qui a accordé à l'Argentine en 2018 un prêt de 57 milliards de dollars contre un programme d'austérité - elle en a reçu 44 milliards.
La troisième économie d'Amérique latine a connu une baisse de 3,1 % de son PIB en 2019 et une hausse des prix de 55 %, une des plus élevées du monde. La dette publique s'élève à quelque 330 milliards de dollars, soit plus de 90 % du PIB, dont les 44 milliards du FMI. En 2016, au début du mandat de Mauricio Macri, elle s'élevait à 20 % du PIB.
Mission du FMI
Le nouveau président, un péroniste de centre gauche, a déclaré au moment de sa prise de fonctions le 10 décembre avoir hérité d'une "situation dramatique". "Ce n'est pas pareil qu'en 2001, mais oui ça y ressemble", a affirmé dimanche le chef de l'État. En 2001, l'Argentine s'était déclarée en défaut de paiement pour 100 milliards de dollars. "À ce moment-là, on avait 57 % de taux de pauvreté, aujourd'hui 41 %. On avait une dette sur laquelle nous faisions défaut, aujourd'hui c'est un défaut de paiement virtuel", a-t-il répété.
Selon un fonctionnaire du FMI, qui a requis l'anonymat, l'organisme financier est ouvert au dialogue avec Buenos Aires "quand cela conviendra le mieux" aux autorités argentines. Le président Fernandez a annoncé lundi qu'une mission du Fonds se rendrait dans son pays "dans les prochains jours".
0 Commentaires
Participer à la Discussion