
Aux Etats-Unis, le policier qui a tué Michael Brown ne sera pas poursuivi par la justice américaine, a décidé un grand jury populaire. L'homme avait tué de six balles un adolescent noir de 18 ans en août, dans la ville de Ferguson, dans le Missouri. Après la stupéfaction, cette décision a provoqué la colère des habitants.
Devant le poste de police de Ferguson, quelques milliers de personnes ont écouté dans un silence de mort, par téléphone portable, le procureur du comté de St Louis expliquer pourquoi le grand jury n’inculpera pas le policier qui a tué Michael Brown.
Michael Brown, 18 ans, qui ne portait pas d'arme, avait été abattu en plein jour de six balles, au début du mois d’août 2014. L'évènement avait provoqué de graves émeutes dans cette ville du Missouri. « Le devoir d'un grand jury est de séparer les faits de la fiction », a déclaré à la presse le procureur Robert McCulloch.
À l’annonce de la nouvelle, il y a eu trente longues secondes de stupéfaction parmi les habitants de Ferguson massés devant le poste de police, avant que la colère n’éclate, a pu constater l'envoyée spéciale de RFI à Ferguson, Anne-Marie Capomaccio. La mère de Michael Brown était présente, debout sur le capot d’une voiture, en larmes. Elle n’a pas pu aller au bout de ce qu’elle voulait dire. Elle a appelé au calme et s’est effondrée.
La situation s’envenime après la stupéfaction
Les manifestants ont alors crié des slogans devant les quelques dizaines de policiers armés, protégés par des casques et des boucliers. « Nous ne sommes pas une démocratie », ont hurlé des jeunes, avant de lancer des pétards. Ils ont également lancé leurs téléphones portables et leurs pancartes sur les policiers. Des vitrines ont été brisées et au moins deux voitures incendiées. Des coups de feu ont été entendus et des gaz lacrymogènes ont été tirés.
Les policiers ont immédiatement reçu des renforts, des dizaines d’hommes armés, casqués, invectivés par les manifestants. « Notre vie n’a aucune valeur, il ne peut y avoir de paix sans justice », a scandé la foule. « Les policiers massacrent et tuent des gens depuis de nombreuses années, et le système judiciaire les soutient toujours. Nous sommes fatigués, ça nous rend malade ! Nous allons leur faire comprendre, c’est terminé, ça suffit ! », témoigne un manifestant.
« Cela signifie, poursuit un autre homme, surtout dans l’Etat du Missouri, que les justifications pour tuer une personne, et le tuer, sont si minces… qu’ils peuvent dire à peu près n’importe quoi. Il y aura une excuse qui les exemptera. Mais avec la jeune génération, et avec les medias sociaux, ils ne peuvent plus passer sous la couverture radar ».
« Nous devons accepter »
Peu après l’annonce, le président Barack Obama a demandé aux personnes massées dans les rues de Ferguson de manifester dans le calme, et à la police de faire preuve de « retenue ».
« Tout d’abord et avant tout, a déclaré le président américain,nous sommes une nation de lois et par conséquent nous devons accepter le fait qu’il revenait au grand jury de décider. Il y a des Américains qui sont d’accord avec la décision et il y en d’autres qui sont profondément déçus, et même en colère. C’est une réaction compréhensible. Mais je me joins aux parents de Michael Brown en demandant à tous ceux qui s’opposent à cette décision, de le faire de façon pacifique. »
Un vain appel à la retenue
« Laissez-moi répéter ce qu’a dit le père de Michael, a poursuivi Barack Obama : “Blesser quelqu’un ou briser des vitrines n’est pas la solution. Quelle que soit la décision du grand jury, je ne veux pas que la mort de mon fils ait été en vain. Je veux qu’elle mène à des changements importants, des changements positifs, des changements qui feront de St Louis une meilleure région pour tout le monde.” Les parents de Michael ont perdu plus que n’importe qui, et nous devrions honorer leurs souhaits. Je fais aussi appel aux forces de l’ordre de Ferguson et de la région pour qu’elles fassent preuve de retenue quand elles contrôlent les manifestations pacifiques qui peuvent se produire. »
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