Pour la première fois depuis le début de la rébellion, les cinq ténors de la vie politique ivoirienne se sont mis d’accord pour se retrouver à Yamoussoukro, capitale politique, pour tenter de relancer un processus de paix au point mort. Pour la première fois aussi ils seront autour d’une même table et dans une même pièce sans observateur ou intervenant extérieur.
ABIDJAN - Pour la première fois depuis le début de la guerre en Côte d’Ivoire en septembre 2002, les principaux leaders politiques du pays se rencontrent aujourd’hui en terre ivoirienne à Yamoussoukro (centre) pour tenter de relancer, entre Ivoiriens, un processus de paix au point mort.
Ce premier sommet du genre, initiative du Premier ministre Charles Konan Banny, verra la participation du président Laurent Gbagbo, des chefs de l’opposition Alassane Ouattara, ancien Premier ministre (1990-1993), et Henri Konan Bédié, ex-président (décembre 1993-décembre 1999), ainsi que du chef de la rébellion des Forces nouvelles (FN), Guillaume Soro.
Les cinq hommes tenteront de renouer le dialogue politique et de se réapproprier le règlement de la crise ivoirienne, au cours de discussions qui se dérouleront à huis clos, sans représentant de la communauté internationale. C’est la première fois depuis le déclenchement de la guerre en septembre 2002, dans un pays toujours coupé en deux, que les ténors politiques ivoiriens se retrouvent, sur le sol de la Côte d’Ivoire. Il s’agira également de la première entrevue entre le chef de l’Etat et M. Soro, secrétaire général de la rébellion des Forces Nouvelles (FN, qui contrôle la partie nord du pays), depuis son départ du gouvernement en octobre 2004.
Le sommet de Yamoussoukro, capitale administrative, doit permettre "de relancer une dynamique de règlement de la crise par les Ivoiriens eux-mêmes, à commencer par leurs dirigeants", selon la primature. Pour la première fois depuis le début de la guerre, les Ivoiriens se sont mis d’accord pour se retrouver : "cela n’a jamais eu lieu.
C’est un évènement assez extraordinaire", s’étonne un analyste occidental, connaisseur de la vie politique locale. "On a du mal à imaginer ces cinq là autour d’une même table et dans une même pièce, sans observateur ou intervenant extérieur : que vont-ils se dire ?", s’interroge cette source. L’ordre du jour n’a pas été rendu public. Les grands thèmes du moment et de la "feuille de route" de M. Banny devraient figurer au menu des discussions : désarmement, identification, redéploiement de l’administration, commission électorale... Entouré de mystère, ce premier sommet ivoiro-ivoirien suscite de fortes attentes. "Mais si au dernier moment le président Gbagbo ou le chef de la rébellion se défausse, tout tombe à l’eau", commente la source déjà citée. Après quatre accords de paix restés en grande partie inappliqués, l’implication croissante et de plus en plus directe de la communauté internationale, avec la prolongation pour un an en octobre 2005 du mandat du président Gbagbo par l’Onu, n’a guère donné de résultat. La simple tenue de cette rencontre est un succès pour M. Banny, Premier ministre aux pouvoirs renforcés désigné début décembre 2005 par la communauté internationale pour mener le processus de paix à son terme et jusqu’à des élections générales d’ici à fin octobre 2006.
Après un démarrage difficile, M. Banny, adepte de la méthode douce et qui se pose en arbitre multiplie depuis trois semaines les initiatives sur tous les fronts. Sans grande avancée, critiquent certains. Yamoussoukro marque une première concrétisation de sa réussite, et un échec du sommet ne serait pas un échec pour Banny. Mi-2002, dans l’euphorie d’un forum de réconciliation nationale, une réunion ivoiro-ivoirienne, pleine de promesses, avait eu lieu, déjà à Yamoussoukro. Ce fut un échec, et six mois après, la rébellion commençait.
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