Un foyer de quatre cents travailleurs migrants et une rue bloqués durant six heures, plus de cent CRS mobilisés, le tout pour… un trafic de tours Eiffel miniatures?: habitants et militants s’interrogent sur les vraies motivations de cette «?descente?».
«On ne comprend pas, ils ont dû venir pour autre chose que des tours Eiffel, mais on ne sait pas quoi.?» Deux jours après l’opération «?coup de poing?» de la police dans un foyer Adoma de travailleurs immigrés du 13e arrondissement de Paris pour démanteler un «?trafic de vente à la sauvette?», Lassana Kone, du comité des résidents de ce foyer d’un peu plus de 400?personnes venues du Sénégal pour leur majorité, reste perplexe. À ses côtés, résidents, associations et élus de l’arrondissement continuent de s’interroger. Ils devaient se réunir, hier, en fin de journée, pour rassembler leurs informations sur cette opération du groupement d’intervention régional (GIR 75).
Mardi, vers 18?heures, une centaine de CRS bloque la rue et tous les accès du foyer, empêchant toute sortie et toute entrée, six heures durant. Des résidents de retour du travail se retrouvent donc dehors, sans information, mêlés aux badauds et à des militants arrivés sur place. «?Est-ce qu’un trafic de tours Eiffel mérite qu’on bloque tout le monde pendant six heures???» s’interroge Sébastien Jolis (PCF 13e), qui se demande dans quelle mesure l’opération n’était pas aussi destinée à adresser un message répressif, «?au lendemain d’une victoire significative pour les travailleurs sans papiers?». Même les élus présents sur place n’ont pas pu obtenir davantage d’informations sur la nature de l’opération. Emmanuelle Becker, élue communiste au Conseil de Paris, attendait toujours, hier, une réponse de la préfecture sur ce déploiement policier. La direction d’Adoma elle-même déclarait n’avoir pas de détails et relayait «?la surprise?» des résidents?: «?Nous avons été prévenus par les résidents eux-mêmes, vers 20?heures, précise un responsable. La police nous a dit qu’elle nous dirait tout, mais après.?»
En tout, 28?personnes, sénégalaises et pour la plupart sans papiers, auraient été arrêtées au foyer ce soir-là –?des vendeurs et cinq intermédiaires, selon la préfecture. Pour Giulia, une militante NPA présente ce soir-là, si les CRS sont restés aussi longtemps alors que les arrestations avaient été effectuées «?au plus tard à 21?heures?», c’est sans doute «?qu’ils en ont profité pour tester la mobilisation sur ce genre d’opération d’envergure, à la veille de l’été, peut-être en prévision d’autres interventions?».
Militants et résidents ont tenu, dans le calme, jusqu’aux alentours de minuit avant que retentissent les premiers slogans. Des poubelles auraient ensuite été brûlées dans la rue
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