Le président Abdoulaye Wade a démenti, ce lundi, la présence des troupes à la frontière entre le Sénégal et la Guinée à travers un communiqué de presse, lu sur les ondes de la Rts. Le chef de l’Etat a qualifié les informations, qui faisaient état des préparatifs d’attaque contre la Guinée à partir du territoire sénégalais, de sans fondement. Cette déclaration intervient après que les services de sécurité sénégalais ont effectué des vérifications et des recoupements sur une éventuelle présence d’individus suspects dans la zone frontalière entre les deux pays. ‘Les vérifications faites auprès des forces de sécurité sénégalaises ont permis d’aboutir à la conclusion qu’aucune troupe n’est massée à notre frontière avec la Guinée. Par conséquent, ces informations sont totalement erronées et dénuées de tout fondement’, précise le communiqué.
Ce démenti apparaît ainsi comme un revers diplomatique pour la junte militaire guinéenne qui tente ainsi d’accréditer la thèse du complot pour justifier le report des élections législatives et présidentielle prévues à la fin de cette année. Il constitue aussi un revers personnel pour le capitaine Dadis Camara qui avait jusque-là bénéficié d’un soutien diplomatique de la part du président Wade. Le chef de l’Etat sénégalais est l’un des rares personnalités étrangères à avoir effectué une visite en Guinée après la prise du pouvoir par l’armée. Cette visite avait été mal ressentie par certains responsables politiques guinéens. Ils n’avaient pas manqué de manifester leur irritation devant ce qu’ils considèrent comme un encouragement à la prise du pouvoir par la force.
La junte militaire, qui est actuellement soumise à une forte pression aux plans intérieur et extérieur, cherche visiblement à tromper les Guinéens. Le capitaine Camara, qui s’inscrit dans le sillage de ses prédécesseurs, ne fait que déterrer les vielles méthodes bien connues des Guinéens. Sékou Touré et Lansana Conté avaient réussi, par ces méthodes, à se maintenir au pouvoir.
Mais, aujourd’hui, personne n’est dupe. Le général Conté, qui avait pris le pouvoir après la mort de Sékou Touré, avait promis de partir dès qu’il aura redressé la situation économique catastrophique dans laquelle se trouvait alors la Guinée. Et il est resté 24 ans au pouvoir. Le capitaine Dadis Camara, qui est arrivé pratiquement dans les mêmes conditions à la tête du pays, ne partira pas aussi facilement. Cette menace de menées subversives contre la Guinée n’est en réalité qu’une diversion.
La junte cherche tout simplement à gagner du temps en empêchant la tenue des élections à la date prévue. Il vise, à travers, cette supposée menace à occuper les militaires tout en les éloignant de la capitale Conakry. Ce qui permet au chef de la junte et à ses principaux lieutenants d’éliminer tout risque de coup d’Etat militaire tout en justifiant, aux yeux, de la communauté internationale, le report des élections. Mais, aujourd’hui, les Guinéens ne croient plus aux discours guerriers sur une supposée menace à partir des pays voisins.
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