
Jeudi dernier, Rama Yade a finalement été relaxée par le tribunal de Nanterre où elle était jugée pour faux, usage de faux et inscription indue sur les listes électorales de Colombes (Hauts-de-Seine). L’affaire était grave, puisque l’ancienne secrétaire d’Etat de Nicolas Sarkozy encourrait jusqu’à un an de prison pour le volet « faux », trois ans de prison, cinq ans d’inéligibilité et 45.000 euros pour l’infraction au code électoral. La justice soupçonnait en effet la vice-présidente de l’UDI, 36 ans, d’avoir triché sur sa domiciliation pour pouvoir conserver son inscription sur la liste électorale. D’abord en décembre 2009 lorsqu’elle a fourni l’adresse de sa permanence. Puis, deux ans plus tard quand, après avoir été radiée d’office de cette liste, elle a tenté de se faire réinscrire en déclarant avoir emménagé dans un appartement de la ville
Rama Yade avait alors fait l’objet d’un « signalement » au parquet de la part du maire PS de la ville, Philippe Sarre. Mais d’aucuns soupçonnaient aussi l’UMP des Hauts-de-Seine de vouloir écarter la gêneuse.
Pour démontrer coûte que coûte que Rama Yade n’habitait pas à Colombes, le parquet a littéralement passé sa vie privée au peigne fin. La procureure adjointe de Nanterre, Marie-Christine Daubigney, a demandé à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) de « borner » son téléphone portable du 1er octobre au 7 février 2012. Autrement dit, de pister toutes ses allers et venues, notamment de nuit, en utilisant son mobile Bouygues Telecom comme mouchard. Mieux, deux policiers ont été spécialement affectés à cette tâche : ils ont exploité des milliers de données, dresser un tableau de synthèse, jour par jour, minute par minute, de tous ses déplacements.
Et ce n’est pas tout : ils ont procédé à l’audition de sept témoins, pratiqué pas moins de neuf saisies de documents. Ils ont répertorié toutes les adresses de connexion à son blog, listé ses numéros de téléphone, consulté la conservation des hypothèques pour dresser un inventaire complet de son patrimoine. La police a même débarqué chez la bailleuse de son local de campagne, chez le propriétaire de son appartement et dans l’agence immobilière qui le lui a loué. D’autres auraient hurlé à « l’acharnement judiciaire » pour moins que ça !
On avait déjà connu ce genre de procédés au Parquet de Nanterre à propos de l’affaire Bettencourt dans laquelle Philippe Courroye et son adjointe, la même Marie-Christine Daubigney, avaient réclamé les « fadettes » des journalistes. Coïncidence : cette dernière avait été mise en examen, le 7 février 2012, pour "collecte illicite de données personnelles" et "complicité et recel de violation du secret des correspondances" – dont elle a fait appel auprès de la chambre de l’instruction.
Vous avez dit « affaire politique » ? Toujours est-il que, conjointement avec la seule partie civile de cette affaire – un ex-élu proche de Bruno Mégret - le parquet a demandé la condamnation de Rama Yade. En vain. Le tribunal a en effet établi que Rama Yade avait vendu son appartement à Paris pour acheter un logement à Garches, mais qu’elle a bien loué, dès décembre 2011, un appartement à Colombes. Un domicile qu’elle n’a pu occuper qu’à partir du 8 février 2012 à cause d’un dégât des eaux. Les factures des 24 colis Ikea en font foi !
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