Moins d'un mois après la promulgation de la Constitution qui garantit les droits et libertés publiques, les forces de l'ordre congolaises ont violemment réprimé une manifestation organisée par la principale formation de l'opposition. Ce qui a eu le don d'irriter la Monuc.
Les forces de police congolaises ont violemment réprimé vendredi à Kinshasa une manifestation de l'Union pour la démocratie et le progrès social (Udps, opposition), suscitant des critiques de l'Onu à trois mois des élections présidentielle et législatives dans l'ex-Zaïre. Usant de matraques, de chaînes métalliques et de grenades lacrymogènes, les policiers se sont employés à disperser systématiquement les quelque 200 manifestants du principal parti d'opposition rassemblés vendredi matin près de la gare centrale de Kinshasa. Plusieurs manifestants ont été blessés, atteints par des coups de matraque ou de chaînes, alors qu'ils patientaient calmement, en chantant et brandissant des banderoles, attendant le début d'une "marche pacifique" destinée à réclamer des garanties pour la tenue de scrutins libres et démocratiques en Rdc. Une quarantaine de militants du parti d'Etienne Tshisekedi ont été interpellés et conduits pour la plupart dans des cellules de l'Inspection générale de la police, a déclaré Joseph Mukendi, un des cadres de l'Udps.
De son côté, la Mission de l'Onu en République démocratique du Congo (Monuc) a déploré une répression "disproportionnée" et confirmé l'arrestation d'une quarantaine de manifestants. "Nous déplorons ce qui paraît être un usage disproportionné de la force à l'encontre de manifestants qui exerçaient un droit fondamental garanti par la nouvelle Constitution du pays", a déclaré Kemal Saïki, porte-parole de la Monuc.
Les policiers ont, systématiquement, cherché à arracher aux manifestants des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : "Tshisekedi, incontournable pour la paix en Rdc", "Elections libres, quelles garanties ?". "Je suis venu manifester pour des élections libres et transparentes. On nous dit d'intégrer le processus électoral et regardez comme on nous traite ! ", a déclaré à l'Afp Tangani, un jeune manifestant de 22 ans, désignant son pied ensanglanté et sa chemise en lambeaux.
Après avoir appelé jusque fin décembre au boycott du processus électoral, l'Udps a annoncé début janvier sa participation aux élections et réclamé depuis d'être associée aux organes de contrôle de ce processus et exigé la réouverture des centres d'inscription pour ses partisans. "Nous étions informés de cette manifestation, dont un des buts était le dépôt d'un mémorandum à la Monuc. Nous étions et nous restons disposés à recevoir les responsables de l'Udps", a affirmé le porte-parole de la Monuc, déplorant la répression d'une "marche pacifique (...) en ce moment important où le Congo est engagé sur la voie de la démocratie".
La Commission électorale indépendante (Cei) a publié jeudi soir un calendrier fixant au 18 juin le premier tour de l'élection présidentielle et les législatives, premiers scrutins d'une série d'élections devant mettre fin à une fragile transition politique initiée en 2003 en Rdc après des années de guerre.
Alors qu'une marche de l'Udps s'est déroulée dans le calme vendredi matin dans son bastion de Mbuji-Mayi (chef-lieu du Kasaï oriental, centre), la violente répression de la manifestation de Kinshasa vient alourdir un climat politique déjà tendu. "La campagne ne démarre pas dans un climat serein", a laconiquement commenté un diplomate, alors qu'une ex-rébellion soutenue par le Rwanda proteste contre le découpage électoral et qu'un autre ex-mouvement rebelle soutenu par l'Ouganda est en conflit ouvert avec le président de l'Assemblée nationale.
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