
Les résultats définitifs partiels du référendum sur l'indépendance écossaise, portant sur 23 des 32 circonscriptions, soit 58,7% des bulletins dépouillés, donnent le non en tête à 54% devant le oui à 46%. Le résultat officiel n'est pas attendu avant le milieu de matinée mais la BBC a annoncé que le non est en passe de l'emporter.
Par ailleurs, la n°2 du camp du oui a admis la défaite probable des partisans de l'indépendance. "Il semble que nous n'allons pas obtenir le oui que nous espérions", a déclaré vendredi matin sur la BBC la vice-Premier ministre écossaise et numéro 2 du parti national écossais, Nicola Sturgeon. Il y a "une réelle déception face au fait que nous avons échoué de justesse à obtenir un vote oui" victorieux au référendum, a-t-elle ajouté.
Le patron du camp du oui, Alex Salmond, qui a quitté dans la nuit Aberdeen pour se rendre en jet privé à Edimbourg, a quant à lui simplement twitté: "Bien joué Glasgow (..) et aux Ecossais pour leur soutien incroyable". Le Premier ministre britannique a également communiqué via Twitter en écrivant : "J'ai parlé à Alistair Darling (le chef de la campagne du non: NDLR) et je l'ai félicité pour une campagne bien menée".
Ces résultats sont tombés avec retard du fait de l'impressionnant taux de participation, qui s'établit à 84%. Parmi les rares exceptions en-dessous des 80% figure la ville de Glasgow, où la participation s'est établie à 75%.
Sur les 23 circonscriptions dépouillées, 20 ont donné la victoire au non tandis que trois - Dundee, West Dunbartonshire, Glasgow and North Lanarkshire - se sont prononcées en faveur du oui.
John Curtice, professeur en sciences politiques à l'Université de Strathclyde et expert incontesté du scrutin, a estimé à ce stade que le Premier ministre conservateur David Cameron pourrait probablement éviter un éclatement du Royaume-Uni, dont la perspective le "hantait". "Le non apparaît en position de remporter ce référendum, de manière relativement confortable, même si le résultat n'est pas à la hauteur de ce qu'ils espéraient il y a deux mois" quand le non caracolait avec quelque 10 points d'avance, a indiqué John Curtice sur la BBC. Il a par ailleurs tablé sur une participation record de l'ordre de 85%.
Le rejet de l'indépendance anticipé par la Bourse
Seuls les 4,2 millions d'électeurs résidents en Ecosse étaient habilités à voter. Les 95,8% de Britanniques restants, Anglais, Gallois et nord-Irlandais, ont assisté en spectateurs au scrutin déterminant pour le sort du Royaume-Uni. Un sondage YouGov auprès de 1828 personnes ayant déposé leur bulletin dans l'urne a également donné le non vainqueur à 54% contre 46% pour le oui.
La Bourse de Londres avait anticipé dans l'après-midi de jeudi un rejet de l'indépendance. "Les investisseurs sont convaincus que les Ecossais vont rester dans l'Union", avait ainsi commenté Fawad Razaqzada, analyste chez Forex.com, tandis que la livre sterling atteignait son plus haut niveau en deux ans face à l'euro.
David Cameron devrait commenter le résultat dans une adresse télévisée dans la matinée. Et les chroniqueurs royaux s'attendaient à un commentaire de la reine dans l'après-midi depuis son château écossais de Balmoral, dans l'extrême nord-est de l'Ecosse.
La bataille des réseaux sociaux
L'Ecosse a changé une dizaine de fois de statut en 1400 ans d'histoire mouvementée et la perspective d'un retour à l'indépendance, 307 ans après l'Acte d'Union qui a rattaché le pays des Scots à ses voisins du sud, a suscité un immense intérêt. Il a encore fait rage jeudi sur les réseaux sociaux, alimentés par le tennisman écossais Andy Murray poussant au oui, et par l'auteur d'Harry Potter, J.K Rowling, qui confiait: "Ma tête dit non et mon cœur le crie".
Des centaines de personnes ont passé la nuit devant le Parlement régional d'Holyrood, majoritairement tenants du oui, et les pubs sont exceptionnellement restés ouverts jusqu'à une heure avancée. "Nous allons rester dehors jusqu'au résultat", a déclaré à l'AFP Dylan McDonald, 17 ans, partisan du oui.
La promesse d'une autonomie accrue
En fin de campagne, le Premier ministre, chef de file des nonistes, avait reconnu que le scrutin signifie "la mort du statu quo".nAvec ses alliés gouvernementaux libéraux-démocrates et le chef de l'opposition travailliste Ed Miliband, il a promis une autonomie accrue aux Ecossais s'ils renonçaient à l'indépendance, sous forme de nouvelles prérogatives fiscales.
Le cadeau fait déjà des envieux parmi les Anglais, Gallois et Nord-Irlandais majoritairement unionistes, mais qui sollicitent aussi des compétences élargies. Une victoire du oui aurait mis le premier ministre en extrême difficulté.
Quel que soit le verdict, Alex Salmond, 59 ans, pourra lui se targuer d'avoir conquis au mieux l'indépendance et au pire une plus large autonomie. L'intérêt a été vif dans le monde. Le président américain Barack Obama a formulé jeudi soir sur Twitter des voeux pour le maintien d'un Royaume-Uni "fort, robuste, et uni". Le président français François Hollande a mis en garde contre les "égoïsmes", les "populismes" et les "séparatismes".
L'apparition de drapeaux catalan, corse, basque, breton, sarde dans la campagne a nourri les craintes d'une contagion nationaliste chez les dirigeants européens à Bruxelles. "Si l'Europe a peur de ça, je n'aime pas l'Europe", a répondu le Catalan Josep María Terricabras lors d'une conférence de presse à Edimbourg, où 29 mouvements séparatistes européens ont signé une déclaration commune.
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