Nicolas Sarkozy assure dans un entretien à l'hebdomadaire Valeurs actuelles ne pas avoir décidé s'il briguera la présidence de l'UMP, sans laisser planer beaucoup de doutes sur son retour en politique, une idée "inscrite dans les têtes".L'ancien président ne va guère plus loin dans cet entretien à paraître jeudi que dans son interview le 2 juillet dernier sur Europe 1 et TF1, lorsqu'il annonçait sa décision pour "fin août, début septembre" et ajoutait avoir des "devoirs" vis-à-vis d'un pays en grande difficulté selon lui."Je n’ai pas pris ma décision, s’agissant de la présidence de l’UMP. Parce que je veux avoir tous les éléments en main", dit-il à Valeurs actuelles, un hebdomadaire marqué à droite.
"Comprenez bien qu’il ne s’agit pas de la décision de mon plaisir. Je n’ai aucune revanche à prendre sur quiconque."On y apprend toutefois qu'il se prononcera début septembre."Que l’on parle de mon retour dans la vie politique, c’est déjà miraculeux en soi. Cela veut dire que cette idée du retour est inscrite dans les têtes et dans les esprits. À partir de ce moment-là, une très grande partie du chemin est faite", ajoute l'ancien locataire de l'Elysée.Il évoque d'ailleurs la campagne présidentielle de 2017, comme si la conquête de l'UMP - l'élection aura lieu les 29 novembre et 6 décembre - n'était qu'une étape vers l'Elysée.
"La première campagne présidentielle, on la fait toujours par envie et par désir. Pour un retour, le moteur, c’est le devoir. C’est la capacité à redonner de la confiance à un pays qui n’a plus de réponses pour aucun des grands défis du moment."L'entretien réalisé au cap Nègre, sur la Côte d'Azur, est truffé de propos attribués à des proches mais son auteur, Yves de Kerdrel, précise dans un email que "toutes les phrases mises dans la bouche d’autres sur son programme, sur l’antisémitisme ou sur l’avenir de l’UMP sont également de lui".
RÉACTIONS MITIGEES
C'est donc l'ancien président, et non "un proche", qui est inquiet des tensions nées du conflit dans la bande de Gaza, qui a provoqué des manifestations d'antisémitisme en France.Selon lui, "il ne faut jamais oublier que nous sommes tous le juif de quelqu’un. Cela veut dire que l’étape d’après, c’est la détestation des Français."Nicolas Sarkozy pense également que "le débat politique ne peut plus se résumer au clivage gauche-droite"."C’est vrai sur le plan des institutions, avec une question principale à trancher : de combien de responsables politiques a-t-on vraiment besoin ?
C’est vrai sur le plan économique, où la définition des mesures à prendre ne dépend pas de savoir si l’on est libéral ou social-démocrate, mais seulement de ce que font nos concurrents ou partenaires. C’est vrai aussi sur l’Europe, où la question n’est plus entre souverainistes et fédéralistes, mais de savoir qui dirige la zone euro."Enfin, il estime que "toute différence est une richesse", contrairement selon lui aux socialistes."Jusqu’à présent, la droite attaquait l’égalité par la liberté. C’était une erreur d’analyse. Car c’est toujours perçu comme la liberté du fort sur le faible. Il faut au contraire attaquer l’égalitarisme par les différences.
"Pas un mot, en revanche, de ses ennuis judiciaires, et notamment de sa mise en examen, le 2 juillet dernier, pour trafic d'influence, corruption active et violation du secret professionnel dans l'affaire Bygmalion, un système présumé de fausses factures pour financer le dérapage des dépenses de la campagne présidentielle de 2012.Les premières réactions ont été mitigées.Le député Eric Ciotti, partisan de l'ancien Premier ministre François Fillon dans la course à la présidentielle de 2017, n'a vu "rien de nouveau" dans cet entretien."
Sa parole naturellement compte, (...) après je ne suis pas certain que ce soit par la case UMP que ce retour, s'il devait advenir, soit le plus opportun", a-t-il dit sur i>TELE. "Forcément ce sera un acte de candidature pour la primaire."Hervé Mariton, candidat déclaré à la présidence de l'UMP, a abondé dans le même sens sur BFM TV."Quelque part, pour Nicolas Sarkozy, ce serait aussi une reconnaissance de faiblesse. Quelle curieuse nécessité de passer par la case UMP", a-t-il déclaré. "Non, Nicolas Sarkozy, d'une certaine manière, mérite mieux que cela."
(Yves Clarisse, avec Marion Douet, édité par Marine Pennetier)
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