Mogadiscio - L’armée américaine a mené des attaques aériennes dans l’extrême sud de la Somalie contre des islamistes soupçonnés de liens avec al-Qaïda, opérant ainsi un retour musclé dans ce pays chaotique depuis son intervention de 1992 à 1994 qui s’était soldée par un échec.
Au moins 19 civils somaliens ont été tués dans ces attaques aériennes, selon des témoignages de chefs locaux recueillis hier par l’Afp.
Et, dans le sud de Mogadiscio, des forces éthiopiennes ont violemment riposté hier soir après une attaque à la lance roquette menée par des assaillants non identifiés contre l’un de leurs camps, situé près de K4, un carrefour stratégique menant notamment à l’aéroport international.
Hier, des hélicoptères ont lancé de nouvelles attaques dans le sud de la Somalie sans que l’on sache s’il s’agissait d’appareils américains ou éthiopiens. Selon un responsable gouvernemental somalien proche du ministère de la Défense, ces hélicoptères seraient américains et auraient visé des positions de combattants islamistes. "Les hélicoptères qui ont attaqué le bastion des terroristes appartiennent aux Etats-unis", a-t-il déclaré à l’Afp sous couvert d’anonymat.
Lundi, au cours de sa première intervention militaire directe en Somalie depuis son intervention "Restore Hope" entamée en décembre 1992, Washington a visé au moins deux villages, Badel et Aayo, dans l’extrême sud somalien, ont rapporté des sources concordantes.
Selon le ministre somalien de l’Information, Ali Jama, joint à Baïdoa (250 km au nord-ouest de Mogadiscio), ces raids ont fait de "nombreux morts" dont l’identité restait inconnue. "Beaucoup de personnes ont été tuées. Beaucoup de cadavres étaient étendus dans la zone, mais nous ne savons pas qui. Mais le raid a été un succès", a indiqué le porte-parole du gouvernement, Abdirahman Dinari.
Le président somalien Abdullahi Yusuf Ahmed a justifié l’action américaine. "Les Américains ont le droit de mener des attaques aériennes contre des membres d’al-Qaïda où qu’ils se trouvent", a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse.
Selon la chaîne américaine CBS, l’attaque a été menée par un AC 130 -avion lourdement armé de canons et mitrailleuses- du Commandement des opérations spéciales américaines basé à Djibouti, pays frontalier de la Somalie, qui abrite la seule base militaire américaine en Afrique.
Selon CBS, l’avion a attaqué lundi des membres présumés du réseau terroriste al-Qaïda, notamment un responsable du réseau recherché pour sa participation aux attentats perpétrés en 1998 au Kenya et en Tanzanie et revendiqués par al-Qaïda, qui avaient fait au moins 224 morts.
Le Pentagone a confirmé hier l’attaque aérienne mené par un AC 130.
À propos des attaques d’hier, plusieurs témoins ont confirmé ces nouveaux raids à l’Afp, affirmant qu’ils avaient eu lieu entre 11h 00 (08h 00 Gmt) et 12h 00 (09h 00 Gmt) mais sans pouvoir préciser s’il s’agissait d’hélicoptères américains ou éthiopiens.
À Bruxelles, la Commission européenne a critiqué ces raids qui n’aident pas à améliorer la situation "sur le long terme", selon Amadeu Altafaj, porte-parole du commissaire européen au Développement, Louis Michel. "Cela confirme que le conflit en Somalie va durer longtemps", a-t-il ajouté. L’Italie a également critiqué les frappes aériennes américaines.
À Nairobi, l’ambassade des Etats-unis a réitéré mercredi sa mise en garde envers ses ressortissants contre de possibles attentats en Afrique de l’Est perpétrés "par des agents d’al-Qaïda ou d’autres extrémistes".
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