(Reuters) - Au lendemain de violentes manifestations contre la présence militaire éthiopienne, plusieurs centaines de soldats des forces gouvernementales somaliennes se sont déployés hier dans les rues de Mogadiscio.
La capitale a renoué samedi avec une instabilité chronique que les miliciens de l'Union des tribunaux islamiques (Uti), chassés la semaine dernière avec l'aide décisive d'Addis-Abeba, étaient parvenus à endiguer au second semestre 2006. Les manifestants ont jeté des pierres et brûlé des pneus et des échanges de tirs les ont opposés aux forces éthiopiennes. Des témoins ont signalé trois morts, dont un jeune garçon. De source gouvernementale, on fait en revanche état d'un seul tué. "Environ 500 soldats des forces gouvernementales ont été déployés dans les rues", a déclaré hier Abdifatah Abdikadir, un habitant de Mogadiscio. De source proche des services de sécurité, on indique qu'il s'agit de prévenir tout nouveau débordement. "La ville est calme, il n'y a aucun problème", a-t-on assuré, précisant toutefois qu'un islamiste avait été tué dans la nuit. "Nous ignorons s'il s'agit d'un assassinat ciblé ou s'il a été tué par de voyous (...) Ce n'était pas une personnalité de premier plan", a-t-on ajouté. Plusieurs centaines de manifestants eux aussi hostiles à la présence militaire éthiopienne ont par ailleurs défilé dans les rues de Baladwayne, dans le Sud, pour réclamer la libération d'un officier somalien arrêté pour avoir refusé de livrer le dirigeant islamiste de cette localité en faisant valoir l'amnistie offerte par le gouvernement de transition, rapportent des habitants. Les forces gouvernementales ont tiré en l'air pour disperser la foule et la ville a retrouvé son calme, ont-ils ajouté, précisant qu'aucun militaire éthiopien ne s'y trouvait. Confiné à Baïdoa jusqu'à la déroute de l'Uti, qui s'était emparé en juin de la capitale aux mains des chefs de guerre et de la majeure partie du Sud, le gouvernement fédéral de transition souhaite désormais prendre ses quartiers à Mogadiscio.
La criminalité y reste l'une des plus élevées au monde et les autorités ont sommé la population de leur remettre les armes en circulation avant jeudi. L'ultimatum n'a eu que peu d'effet, les habitants redoutant sans doute un retour de l'anarchie après la parenthèse islamiste, et un porte-parole du gouvernement a annoncé samedi le report de l'échéance. Dans les heures qui ont suivi la fuite des combattants de l'Uti, les barrages tenus par des miliciens fidèles aux chefs de guerre, qui avaient pour habitude de rançonner et de terroriser les civils, sont réapparus dans la capitale. L'hostilité des Somaliens à la présence des troupes éthiopiennes était prévisible compte tenu de la méfiance que leur inspire leur puissant voisin chrétien. Or cette présence, qui devait être très limitée, pourrait durer. Le président somalien Abdullahi Youssouf a invité l'Ethiopie à entraîner les forces armées somaliennes, ce que le Premier ministre Meles Zenawi a accepté, a annoncé samedi la télévision éthiopienne.
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