
L'armée syrienne a pris jeudi le contrôle du quartier de Baba Amr à Homs, bombardée sans répit depuis 27 jours, après presque deux jours de combats contre les rebelles.
Le Conseil national syrien (CNS) appelle «la communauté internationale et les pays arabes et islamiques à intervenir immédiatement pour prévenir un éventuel massacre» de civils et annoncé la création d'un «bureau militaire», reconnaissant «l'importance de contrôler la résistance armée». Le régime syrien semble prêt à accorder deux heures de trêve humanitaire réclamés notamment par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Le Conseil de sécurité demande, lui, un accès humanitaire immédiat. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, les violences ont fait au moins 38 morts jeudi, dont 17 civils à Homs.La situation à Baba Amr, selon le régime. «L'armée syrienne contrôle la totalité de Baba Amr, les dernières poches de résistance sont toutes tombées», a affirmé en début d'après-midi une source au sein des services de sécurité à Damas. «Les soldats sont en train de distribuer de la nourriture à la population qui était bloquée et d'évacuer les blessés», a assuré cette source, précisant que l'armée était aussi à la recherche des journalistes français bloqués William Daniels et Edith Bouvier, blessée à la jambe.
A priori, la journaliste free lance était en «sécurité» mercredi chez les insurgés, selon le président du CNS, Burhan Ghalioun. Le photographe britannique a été exfiltré par des opposants. Treize d'entre eux seraient morts en l'aidant à atteindre le Liban. Selon les Comités locaux de coordination (LCC), Edith Bouvier refuse de quitter Baba Amr tant que tous les civils blessés ne seront pas évacués.
La situation à Baba Amr, selon les insurgés, le chef de l'Armée syrienne libre (ASL), le colonel Riad Assaad, a annoncé un retrait «tactique» de ses combattants à Baba Amr «par souci pour les vies des civils restants» dans ce quartier lequel il neigeait jeudi matin. La «brigade des révolutionnaires de Baba Amr» en a fait de même «en raison de la situation humanitaire difficile des habitants et du manque aigu d'armes et de munitions». Les combattants rebelles, essentiellement des déserteurs équipés d'armes légères et moyennes, avaient déjà répété qu'ils peinaient face à l'artillerie lourde des forces régulières. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une vaste opération de perquisitions et d'arrestations était en cours dans le quartier.
Deux ONG humanitaires autorisées à entrer vendredi à Baba Amr. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a reçu «des indications positives des autorités syriennes sur son initiative de trêve humanitaire», a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'organisation, Hicham Hassan, à Genève. Le CICR et le Croissant-Rouge syrien devraient pouvoir entrer vendredi dans le quartier de Baba Amr, «pour acheminer de l'aide, dont de la nourriture et de l'assistance médicale, et pour aussi procéder aux opérations d'évacuation de blessés et de toute personne qui a besoin de sortir», a-t-il ajouté. Mais actuellement, la situation empêche toute distribution de secours dans les zones de Baba Amr et Il-Insha'at, un quartier à proximité du premier. Selon l'ONU, plus de 7.600 morts.
Le CNS organise la lutte armée. Le Conseil national syrien a annoncé jeudi qu'il allait organiser des livraisons d'armes à la rébellion à travers un nouveau bureau militaire. «On va déterminer nos demandes, nos besoins en armes, et on verra dans quel pays les chercher. Il s'agit de défendre les civils et pas de lancer la guerre», a déclaré à Paris le président du CNS, Burhan Ghalioun. Le bureau militaire rassemblera l'ASL et le «Conseil militaire révolutionnaire supérieur», créé par le général déserteur Moustapha al-Cheikh, selon M. Ghalioun. L'armement de l'opposition, une idée à laquelle Washington est réticent de crainte qu'Al-Qaïda ne profite des violences, reçoit de plus en plus d'appuis.
Le Koweit envisage d'armer l'opposition. Le Parlement koweïtien a adopté jeudi une résolution non contraignante appelant à armer l'opposition et à rompre les liens diplomatiques avec Damas. Le Premier ministre du Qatar, Hamed ben Jassem al-Thani, qui s'était dit lundi favorable à des livraisons d'armes, a affirmé jeudi que son pays était prêt à étudier «toutes les options» pour sauver le peuple syrien. Combats sur le plateau du Golan. Au moins huit soldats et sept déserteurs syriens ont été tués jeudi dans des combats dans la province syrienne d'Al-Qounaitra (sud-ouest), frontalière du plateau du Golan conquis et annexé par Israël, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Kofi Annan entend se rendre en Syrie. Le nouvel émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, Kofi Annan, est par ailleurs attendu le 7 mars au siège de la Ligue au Caire puis à Damas mais à une date qui n'est pas encore connue, a indiqué jeudi le chef de l'organisation panarabe, Nabil al-Arabi.
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