Les sept hommes exécutés dans un déluge de feu de kalachnikov, tiré par des combattants de l’Armée syrienne libre (ASL), sont des Chabbihas, des miliciens au service du régime de Bachar el-Assad, et pas des soldats de l’armée régulière syrienne.
Pour expliquer leur geste, qui a suscité de nombreuses critiques y compris parmi les ennemis du régime de Damas et de la part des organisations de défense des droits de l’homme, les insurgés affirment que ces hommes, appartenant à un clan connu à Damas, les Barri, venaient de tuer quinze de leurs hommes lors de l’attaque d’un commissariat par l’ASL.
L’exécution de « Zeino »
Une première vidéo, tournée à l’intérieur d’un bâtiment, montre les prisonniers avant leur exécution. Certains ont le torse nu, ils ont le visage tuméfié, et ils donnent leur nom à la caméra. Le leader du groupe a été identifié par le New York Times comme Ali Zein El Abidin Barri, connu à Alep par son surnom « Zeino ».
Quelques minutes plus tard, ils sont emmenés dans un endroit ouvert, et, tandis que la foule des combattants crie « Armée syrienne libre pour toujours » et « Allah Akbar » (Dieu est grand), on entend le crépitement des kalachnikov et dans le chaos de la scène, on aperçoit les corps à terre, sans doute criblés de balles.
Sans doute toutes les guerres menées en partie par des guerriers « informels » ont-elles connu des scènes de vengeance de ce type, entre des hommes qui se sont haï pendant de durs combats. A commencer par la libération de la France, en 1944, qui n’a pas été un modèle de respect des Conventions de Genève vis-à-vis des collabos ou supposés tels (ou telles)...
Mais à l’heure de la vidéo et de YouTube, dont les rebelles syriens usent avec talent, ces images ont vite fait le tour du monde, et suscité des commentaires immédiats. D’autant que la mise en ligne de ces images choquantes, vues près de 300 000 fois en 24 heures, a valeur d’approbation, même si l’ASL n’a pas le degré d’organisation centralisée d’une armée régulière.
Un « crime de guerre »
Le New York Times cite ainsi plusieurs opposants syriens au régime d’Assad qui expriment leur condamnation devant un geste d’arbitraire contraire aux règles internationales sur le traitement des prisonniers de guerre, et des échanges acrimonieux sur les réseaux sociaux autour de cette exécution.
Les circonstances de l’incident expliquent, sans la justifier, la vengeance à laquelle se sont livrés les combattants de l’ASL : ils ont affirmé à un journaliste du Guardian qu’un accord avait été négocié avec le clan Barri qui devenait « neutre » pendant les combats d’Alep. Mais lors de l’assaut d’un commissariat, les Chabbihas ont pris l’ASL par derrière et tué une quinzaine de ses hommes.
Capturés, ils ne pouvaient s’attendre à aucune pitié. L’interlocuteur du Guardian affirme que les prisonniers ont été « jugés » sur place par des juges et des avocats liés à l’opposition. Si c’est le cas, le procès fut expéditif... vIl n’empêche, selon un chercheur de l’ONG Human Rights Watch (HRW), cité par le New York Times :
« Donner la mort de manière intentionnelle, même à un Chabbiha, une fois qu’il n’est plus en position de combattre, est un crime de guerre, quelle que soit l’horreur qu’inspire cette personne.
Alors que l’opposition gagne du terrain, il est important d’exiger d’elle les mêmes standards que ceux qui sont attendus de toutes les parties ».
« Crime de guerre » : l’accusation est grave et vient ternir l’image de ces combattants qui mènent à Alep une bataille décisive pour abattre l’une des dictatures les plus féroces du Moyen-Orient.
L’embarras de l’ASL
Pour contrer les effets désastreux de l’incident médiatisé d’Alep, un commandant de l’ASL a posté par la suite une vidéo dans laquelle il affirme que l’armée de l’insurrection respectera toutes les conventions internationales de la guerre. A commencer par l’article concernant le sort des prisonniers de guerre.
L’ASL, composée en partie de déserteurs de l’armée régulière syrienne, est la principale force organisée de l’opposition sur le terrain, indépendante des structures politiques qui s’expriment à l’étranger.
Elle doit elle-même faire face à l’autonomie de certains de ses membres qui n’obéissent pas nécessairement à une chaîne de commandement unique, et à la présence de nombreux groupuscules armés, dont des intégristes et jihadistes étrangers, attirés par ce nouveau « front » de « guerre sainte ».
Au même moment, tel un avertissement, l’International Crisis Group (ICG), un think tank indépendant basé à Bruxelles, publiait une étude sur le conflit syrien contenant une mise en garde contre l’escalade de la violence.
Dans cette analyse intitulée « Un conflit en mutation », rédigée avant l’épisode d’Alep, l’ICG demande explicitement à l’Armée syrienne libre de ne pas céder à la tentation de « violences sectaires » (c’est-à-dire dirigées contre des communautés particulières) et de la « vengeance ».
13 Commentaires
Boy Serere
En Août, 2012 (10:27 AM)Bruxelles
En Août, 2012 (11:49 AM)Elou
En Août, 2012 (13:10 PM)Demandez aux gens qui vivent près d'eux.
Bira
En Août, 2012 (13:31 PM)Waroujomi
En Août, 2012 (15:36 PM).....
En Août, 2012 (16:10 PM)@bira
En Août, 2012 (16:12 PM)Njk
En Août, 2012 (17:03 PM)Daz
En Août, 2012 (18:45 PM)Walo
En Août, 2012 (23:08 PM)Deug
En Août, 2012 (23:59 PM)Leuk
En Août, 2012 (08:24 AM)El Harbi
En Août, 2012 (12:50 PM)Participer à la Discussion