L’ancien collaborateur de feu Deyda Hydara, le journaliste Pa Nderry Mbai qui s’est exilé aux Etats-Unis après le froid assassinat de celui-ci le 16 décembre 2004 à Banjul vient de semer le tolet dans son pays. Arrivé en Caroline du Nord où il avait trouvé refuge après avoir reçu des menaces de mort dans son pays, il avait monté le journal électronique satirique « Freedom » (Liberté), par où il critiquait le régime de Sir Yayah Jammeh. Ayant rejoint le camp de celui-ci, il a accepté de cracher ses pilules. Un communiqué de la police nationale a sommé à toutes ces sources de se présenter au commissariat le plus proche dans un délai de 24 h, sinon elles seront poursuivies et arrêtées.
Hier, vendredi 26 mai 2006, la presse locale a publié le communiqué de la police nationale en date du jeudi 25 mai pour intimer à toutes les personnes nommées par Pa Nderry Mbai de se présenter au commissariat de police le plus proche dans le délai de 24 h à défaut d’être poursuivi et arrêté. Le communiqué suivant est catégorique et annonce déjà la couleur :
« 1. Après la déclaration faite par PA Nderry Mbai le mardi 23 mai 2006, annonçant qu'il a décidé de cesser de produire sur le net son journal Liberté, et de révéler ses sources d'information, le grand public est informé que les services de sécurité possèdent la liste intégrale des personnes qui l'ont sans interruption fourni (PA Nderry) de l'information, qu'il avait l'habitude d'utiliser pour châtier et diffamer le gouvernement démocratiquement élu de son excellence, le Président Dr Alhaji Yahya AJJ Jammeh.
2. Par conséquent, tous ceux dont les noms, les adresses, les numéros de téléphone et les adresses électroniques figurent dans ladite liste éditée dans l'édition quotidienne du journal "Daily Observer" du jeudi 25 mai 2006, sont de ce fait invités à se présenter au commissariat de police le plus proche dans un délai de vingt-quatre heures.
3. Le manque de se conformer aura comme conséquence l'arrestation et la poursuite immédiates.
4. La coopération du grand public est fortement sollicitée. »
En effet, c’est une liste de 216 personnes que le journal officiel « Daily Observer » a intégralement publiée le jeudi 25 mai dernier, avec des adresses, des numéros de téléphone et des adresses électroniques. Sur cette liste, figurent 58 personnes qui résident encore à Banjul dont un soldat, Saja Marena, un acolyte du pouvoir de Jammeh, Tombong Saidy, et aussi Yerro Jallow, l’ancien rédacteur en chef du journal « The Independent », lui aussi exilé aux Etats-Unis. Les 158 autres personnes résident à l’étranger, aux Etats-Unis, en Europe ou en Afghanistan.
Pa Nderry Mbai, a faussé l’image qu’il avait donnée de lui-même du temps qu’il faisait équipe avec Deyda Hydara dans le journal « The Point ». En publiant la liste des collaborateurs qui ont participé dans le passé à lui fournir des éléments d’information pour son journal électronique « Liberté », aujourd’hui abandonné, Pa Nderry Mbai a porté atteinte à l’éthique la plus élémentaire de son métier. En journalisme, il ne faut jamais révéler ses sources quoiqu’il advienne. Par cet acte jusqu’ici incompréhensible des confrères qui ont connu cet homme, des individus vont passer de mauvais moments dans les jours à venir.
Par cet acte, Pa Nderry Mbai a désavoué tous les journalistes gambiens qui s’étaient mobilisés derrière lui pour le soutenir au moment des difficultés liées à l’assassinat de son patron et aux menaces de mort proférées contre lui. En annonçant par lui-même que c’est par souci de rester fidèle à son engagement pour son frère Ebou Jallow (ce capitaine de l’armée gambienne qui s’était enfui aux Etats-Unis en 1995-96 avec des milliards de la Banque Centrale du pays, alors qu’il était ministre des finances de la transition militaire, et aujourd’hui pardonné par le Président Jammeh, bat campagne pour lui au pays de l’oncle Sam), Pa Nderry Mbai a lâché le morceau et semé le désordre à Banjul. Par ailleurs ayant accepté de revenir battre campagne en octobre 2006 auprès de Jammeh, Pa Nderry Mbai a lançé un appel aux ressortissants gambiens des Usa à s’inscrire auprès de lui.
Pour des ambitions politiques peu amènes, Pa Nderry Mbai a « vendu » ses sources au Président Jammeh. Mais à quel prix ? Quoi qu’il arrive, sa décision peu honorable va encore plonger son pays dans la peur et la stupeur. Que sera-t-il fait à toutes ces personnes ? Comment pourront rentrer tous ces gens qui sont à l’étranger ? Des questions auxquelles le confrère aurait dû répondre avant de faire sa gaffe.
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