Le réseau de prostitution roumain, implanté dans plusieurs villes de France et démantelé ces derniers jours avec huit personnes écrouées, est "hors norme" par son "organisation très structurée" et "sa grande mobilité", a commenté mardi auprès de l'AFP une source policière.
"On a démantelé en 2018 sept réseaux (de prostitution), qui n'avaient pas cette importance", a observé Jean-Marc Droguet, chef de l'Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH).
Quinze personnes ont été interpellées la semaine dernière à Rouen, Besançon, Tours, Le Mans, Le Havre et Mulhouse, a annoncé lundi la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Nancy.
Neuf ressortissants roumains ont été mis en examen pour "prostitution de plusieurs personnes, traite des êtres humains et blanchiment en bande organisée", ainsi que pour "association de malfaiteurs". Huit ont été écroués, un neuvième a été placé sous contrôle judiciaire.
Ultra-violence
Ce réseau est "hors norme" par son "organisation très structurée", "son implantation" dans plusieurs villes et "sa grande mobilité" pour éviter d'être identifié, ce qui a nécessité "un travail de longue haleine", selon le patron de l'Office central.
"Il se caractérise par l'ultra-violence (des proxénètes présumés) sur les victimes qui faisaient l'objet de coups, brimades et insultes, et avaient l'obligation de ramener une somme minimum", a-t-il ajouté.
"Ce réseau structuré postait des annonces de rencontres sur internet pour des prestations tarifées dans des hébergements temporaires ou des hôtels à bas prix", selon la Jirs.
Les membres de la bande, ainsi que leurs victimes, sont originaires d'une commune située au nord-est de Bucarest. Une quarantaine de prostituées, des jeunes majeures pour la plupart, ont été identifiées. Certaines étaient les compagnes des suspects.
Des victimes dans toute l’Europe
"Plusieurs fratries composaient le groupe criminel qui officiait sur le territoire depuis deux-trois ans. Il est arrivé avec un ou deux proxénètes et quelques filles, puis s'est développé", avec des bénéfices atteignant 150.000 euros par mois, a détaillé M. Droguet.
L'enquête a été menée par la Direction interrégionale de la police judiciaire de Strasbourg, la Sûreté départementale du Havre et l'OCRTEH, pendant plus d'un an.
Lors des perquisitions, quelques dizaines de milliers d'euros ont été saisis.
"On a démantelé une organisation implantée en France, mais le réseau dépasse le cadre français. On pense que certaines victimes ont été exploitées à l'étranger, en Autriche, en Allemagne et en Angleterre", a relevé le patron de l'OCRTEH.
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