Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont participé lundi à Téhéran aux funérailles du puissant général iranien Qassem Soleimani, dont la fille a promis des “jours sombres” aux Etats-Unis.
La République islamique a juré de venger la mort du commandant en chef de la force Al Qods, qui sera inhumé mardi dans sa ville natale de Kerman, dans le sud-est de l’Iran. Le général Soleimani a été tué vendredi dans une frappe contre le convoi dans lequel il se trouvait, à l’aéroport de Bagdad, sur ordre direct de Donald Trump.
“Fou de Trump, ne crois pas que nous en avons fini avec le martyre de mon père”, a mis en garde sa fille, Zeinab Soleimani, lors d’une déclaration retransmise à la télévision iranienne.
“L’Amérique et les sionistes doivent savoir que le martyre de mon père réveillera le front de la résistance et qu’il entraînera des jours sombres pour eux”, a-t-elle ajouté.
Recouverts chacun du drapeau de leur pays, les cercueils de Soleimani et du commandant milicien irakien Abou Mahdi al-Mouhandis, tué à ses côtés dans la frappe américaine, ont été portés de mains en mains, fendant la foule d’où ont fusé des “Mort à l’Amérique !”.
L’immense procession était partie de l’Université de Téhéran, en direction de la place Azadi, la place de la Liberté.
D’après la télévision iranienne, plusieurs millions de personnes s’étaient rassemblées à la mémoire de Soleimani dans le centre de Téhéran. Les images retransmises lundi ont donné un sentiment de masses sans précédent depuis les funérailles de l’ayatollah Ruhollah Khomeini, fondateur de la république islamique, mort en 1989.
Les prières ont été conduites par l’ayatollah Ali Khamenei, le guide suprême de la Révolution dont Soleimani dépendait directement. Sa voix était empreinte d’émotion, et il a dû marquer une pause.
PAS DE RÉPIT AVANT LE RETRAIT TOTAL DES ÉTATS-UNIS
Le commandant de la force Al Qods, décoré lors de la guerre contre l’Irak de 1980-1988, était considéré par nombre d’Iraniens comme un héros national. Il était le principal chef militaire du pays et, pour beaucoup, le deuxième personnage le plus important de l’Iran après l’ayatollah Khamenei.
Plusieurs alliés régionaux de Téhéran étaient présents pour lui rendre un dernier hommage, parmi lesquels Ismaïl Haniyeh, chef du Hamas palestinien, le mouvement de la résistance islamique, qui a proclamé que Soleimani était un “martyr de Jérusalem”.
Le général Soleimani était l’architecte de la stratégie d’influence iranienne à travers le Moyen-Orient. Sa mort a eu pour effet de réunir les chiites d’Irak, alors même que des manifestations dénonçaient depuis des semaines l’influence iranienne sur Bagdad.
Le Parlement irakien a adopté dimanche une résolution appelant au retrait des forces étrangères du pays. Premier visé: le contingent américain fort de quelque 5.000 soldats.
Esmail Qaani, qui a succédé à Soleimani à la tête de la force Al Qods, a déclaré que l’Iran poursuivrait sur la voie ouverte par son prédécesseur. “Notre seule compensation sera le retrait des Etats-Unis de la région”, a-t-il ajouté.
Dans les médias iraniens, Amirali Hajizadeh, un des commandants des gardiens de la Révolution, a abondé en ce sens: “Même la mort de Trump ne serait pas une vengeance suffisante, et la seule chose qui puisse compenser le sang du martyr Soleimani, c’est l’expulsion complète de l’Amérique de notre région.”
Parisa Hafezi et Babak Dehghanpisheh; Henri-Pierre André, édité par Sophie Louet
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