Mark Zuckerberg et la numéro 2 de Facebook ont mutliplié les mea culpa depuis que la responsabilité du réseau social est avérée dans le scandale des données exploitées par Cambridge Analytica. Le patron de l'entreprise a exprimé ses regrets sur CNN tandis que la commissaire européenne à la Justice Vera Jourova a averti qu'un futur scandale similaire à celui dans lequel est plongé Facebook pourrait coûter "très cher" à partir de mai, quand un nouveau règlement européen de protection des données personnelles entrera en vigueur.
Le patron-fondateur de Facebook Mark Zuckerberg a fini par sortir mercredi de son silence et formuler un mea culpa très attendu, après plusieurs jours d'intense polémique. "Cela a constitué un abus de confiance très important et je suis vraiment désolé de ce qui s'est passé. Notre responsabilité est de faire en sorte que cela ne se reproduise pas", a déclaré le patron du réseau social dans une interview mercredi soir sur la chaîne CNN après un mea culpa sur son profil Facebook, où il reconnaissait déjà ne pas mériter de servir les membres du réseau social s'il ne savait pas les protéger.
Il a aussi dit qu'il n'était pas opposé à plus de régulation des entreprises technologiques, et qu'il était d'accord pour venir témoigner devant le Congrès américain. Il a promis des améliorations quant à la protection des données personnelles, en particulier pour les applications tierces auxquelles on se connecte via son compte Facebook. Dégringolade à la bourse C'est à travers une application de ce type que des données confidentielles de dizaines de millions de personnes ont fini aux mains de la firme britannique Cambridge Analytica à leur insu.
La numéro deux de Facebook, Sheryl Sandberg, a elle aussi exprimé des regrets mercredi. Facebook et ses actionnaires ont déjà laissé des plumes dans ce scandale : mercredi, le titre s'échangeait à moins de 170 dollars, soit une baisse d'environ 8% par rapport à vendredi, même si la chute s'est interrompue mercredi. Un recul qui se traduit par des milliards de dollars en moins en termes de valorisation boursière.
Pas de quartier, "effacez Facebook" Et malgré les excuses, la colère contre Facebook, qui revendique plus de 2 milliards d'utilisateurs, reste manifeste. Brian Acton, cofondateur de la messagerie WhatsApp rachetée à prix d'or en 2014 par Facebook, a joint sa voix à celle de nombreux internautes et appelé à quitter le réseau social. "Il est temps. #deletefacebook", a écrit sur son compte Twitter M. Acton, qui travaille désormais pour Signal, une application de messagerie rivale de WhatsApp.
"Effacer et oublier. Il est temps de se soucier de la vie privée", a-t-il ajouté. Plusieurs sites internet proposent des astuces pour se désabonner, avertissant toutefois que le processus est complexe. Facebook propose une option "désactiver" son compte, pour suspendre temporairement ce dernier. Le journal de l'utilisateur ne sera plus disponible mais certaines informations comme les messages envoyés resteront visibles.
Si on opte pour "supprimer", plus moyen de réactiver son compte. Les messages envoyés à des amis resteront accessibles. Les copies de certains éléments (historiques de connexion...) restent également dans la base de données de Facebook. La suppression définitive du compte peut prendre jusqu'à 90 jours mais, durant cet intervalle, les informations ne sont plus accessibles. Si l'utilisateur se reconnecte, la demande de suppression est annulée, prévient Facebook.
Les candidats au désabonnement se servant de Facebook pour se connecter sur d'autres applications ou d'autres sites peuvent par ailleurs connaître des problèmes au moment de s'identifier. Hier, il était encore difficile de savoir si les appels aux désabonnements étaient suivis et le nombre de personnes ayant effectivement quitté le réseau. Représailles européennes? Du côté de l'UE, on oscille entre indignations et menaces.
"Si une entreprise fait cela en Europe après mai 2018, il est très probable que des sanctions draconiennes seront imposées", a déclaré Vera Jourova, en charge de la protection des consommateurs et des données personnelles, à l'issue d'une visite à Washington, où elle a rencontré des ministres et élus américains. Facebook est sous le feu des critiques aux Etats-Unis et en Europe après la révélation qu'une société électorale britannique, Cambridge Analytica, a exploité les données de 50 millions d'utilisateurs du réseau social à leur insu.
Le 25 mai entrera en vigueur dans l'Union européenne le Règlement général sur la protection des données personnelles (RGPD), qui renforce la protection des données personnelles des citoyens européens. Il sera applicable à l'ensemble des entreprises, quelle que soit leur implantation, y compris hors UE. "Tricher pourrait coûter très, très cher" Le règlement n'est pas rétroactif mais la commissaire a promis que "le RGPD fera de l'Union européenne l'espace ou le territoire où tricher coûtera très, très cher". Le règlement augmente le pouvoir de sanctions par rapport aux législations nationales actuelles, avec de fortes pénalités financières à la clé.
La commissaire n'a pas rencontré de représentant de Facebook pour évoquer spécifiquement le scandale lors de son passage à Washington, bien qu'elle ait participé à une table ronde sur un autre sujet avec un représentant du réseau social. Elle s'est redite "impatiente" d'entendre les explications de Facebook. "Comment est-il possible que des gens, à leur insu, aient pu devenir l'objet de manipulations aussi fortes?" s'est-elle interrogée. "Nous ne voulons pas de cela en Europe."
1 Commentaires
Anonyme
En Mars, 2018 (17:57 PM)Participer à la Discussion