Cent trente organisations africaines spécialisées dans la défense des droits de l'homme appellent les Etats africains membres de la Cour pénale internationale (CPI), dans une lettre rendue publique, à apporter leur soutien à cette juridiction internationale, à l'occasion du prochain sommet extraordinaire de l'Union africaine, prévu les 11 et 12 octobre à Addis-Abeba (Ethiopie).Selon un communiqué transmis mardi à l'APS, ces organisations de 34 pays "ont déclaré que les pays africains devraient soutenir la CPI comme un tribunal crucial de dernier recours, notamment pour ses affaires en cours portant sur les crimes commis pendant les violences post-électorales au Kenya en 2007-2008".
"Les organisations ont déclaré que le Kenya a placé les gouvernements dans une position inconfortable en faisant pression pour des mesures visant à éviter les affaires de la CPI tout en ayant omis de se prévaloir des procédures de la Cour autorisant une telle démarche basée sur une enquête et des poursuites nationales crédibles", rapporte ce texte. "Les pays africains ont joué un rôle actif dans les négociations visant à établir la CPI et 34 pays africains – une majorité des membres de l'Union africaine – en sont membres. Des gouvernements africains ont sollicité la CPI pour juger les crimes graves commis sur leurs territoires et les Africains comptent parmi les responsables de la CPI au plus haut niveau où ils siègent également en tant que juges", fait valoir ce communiqué.
"Tout retrait de la CPI enverrait un mauvais signal quant à l'engagement de l'Afrique à protéger et promouvoir les droits humains et à rejeter l'impunité, comme en témoigne l'article 4 de l'Acte constitutif de l'UA, ont déclaré les organisations" concernées, lit-on dans ce texte. "Le travail et le fonctionnement de la CPI ne devraient pas être au-dessus de l'examen et de l'amélioration, mais un retrait risquerait d'avoir de graves conséquences en ce qui concerne les atteintes à la justice en Afrique", est-il écrit dans le texte. A l'occasion de son prochain sommet, l'Union africaine est appelée à discuter de l'hostilité de plus en plus grande dans ses rangs à l'égard de la CPI, dont les procès jusque-là organisés ne concernent que des ressortissants africains, font observer de nombreux contempteurs de cette juridiction internationale.
Dans leur argumentaire, les opposants de la CPI invoquent une justice pour les Africains, pour dire une justice à deux vitesses, dont le continent africain et ses ressortissants seraient des victimes tout désignées. L'hostilité de certains dirigeants africains à l'égard de la CPI a connu un nouvel épisode avec les relations dernièrement tendues entre la Cour et le Kenya, qui ont notamment amené les députés kényans adopter un texte en vue de quitter le Statut de Rome, traité fondateur de cette juridiction. La CPI abrite depuis le 10 septembre dernier le procès du vice-président kényan William Ruto, poursuivi pour crimes contre l'humanité, et de son co-accusé, le présentateur de radio Joshua Arap Sang.
Ils sont poursuivis pour leurs rôles dans les violences ethnico-politiques ayant suivi la réélection contestée du président Mwai Kibaki. Ces violences, les plus graves de l'histoire du Kenya indépendant, avaient fait plus de 1.000 morts et plus de 600.000 déplacés. Le 10 juillet 2012, la CPI condamnait à 14 ans de prison l'ex-chef de milice congolais Thomas Lubanga, reconnu coupable de crimes de guerre dans le Nord-est de la République démocratique du Congo. Il s'agissait de la première condamnation de l'histoire de la CPI. En 2012, le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL) avait reconnu l'ancien président libérien Charles Taylor coupable de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre.
Dans un verdict rendu le 30 mai de la même année, il l'avait condamné à 50 ans de prison, peine confirmée le 26 septembre dernier. Le procès de Taylor s'était tenu devant une chambre du TSSL délocalisée de Freetown à La Haye (Pays-Bas), dans les bâtiments de la CPI, à la demande des autorités libériennes. L'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo est aussi détenu à La Haye depuis novembre 2011 par la CPI, qui le soupçonne aussi de crimes contre l'humanité commis pendant la crise née de son refus de reconnaître la victoire de son adversaire Alassane Ouattara à l'issue de la présidentielle du 28 novembre 2010.
La CPI tiendra une nouvelle audience publique, le 9 octobre prochain, pour statuer sur "la mise en liberté provisoire" de M. Gbagbo. La CPI est le premier tribunal pénal international permanent chargé de juger les auteurs de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre.
7 Commentaires
Tribunal
En Octobre, 2013 (11:52 AM)From Zion
En Octobre, 2013 (13:32 PM)Xeme
En Octobre, 2013 (13:34 PM)N'importe Quoi !
En Octobre, 2013 (13:59 PM)Demandez à ces ONG d'où vient leur argent et vous comprendrez pourquoi elles parlent pour la CPI.
Les Africains peuvent se suffire à eux-mêmes avec leurs propres organisations.
Nous ne devons pas avoir peur de faire les choses pour nous et par nous.
Yatt
En Octobre, 2013 (14:13 PM)Quel est le pays occidental qui a signé le traité portant CPI ?
Rokia
En Octobre, 2013 (10:39 AM)Qat
En Octobre, 2013 (10:41 AM)Participer à la Discussion