
Les cas de torture notés ces derniers temps dans les lieux de privation de liberté ont été hier au cœur des débats à Thiès. C’était lors de l’ouverture d’un séminaire de formation sur la prévention de la torture et des mauvais traitements dans le cadre de la procédure pénale. Une occasion pour Ibrahima Ndoye, Procureur de Thiès, de dresser un dur réquisitoire contre la pratique d’actes de torture.
Initié par l’observatoire national des lieux de privation de liberté, le séminaire tenu hier à Thiès sur la prévention de la torture et des mauvais traitements dans le cadre de la procédure judiciaire a été l’occasion de durs réquisitoires contre les actes de torture. Un phénomène fortement dénoncé par Ibrahima Ndoye, Procureur de la République près le Tribunal Régional de Thiès, qui affirme que le phénomène existe bien, notamment dans les cellules de garde à vue, dans les caves des parquets et dans les prisons. «Nous sommes là non pas pour torturer, mais pour protéger et rendre la justice avec des éléments de preuve probants, recueillis non pas sur la base d’actes illégaux, mais sur la base d’actes normaux et réguliers», a-t-il indiqué.
Selon lui, l’acteur judiciaire doit se prescrire le devoir d’avoir une procédure exempte de tout reproche et dont l’élaboration, l’enquête et le rassemblement des preuves ne serviront qu’à permettre au Procureur et éventuellement au tribunal de retenir une déclaration de culpabilité.
A son avis, la source principale des actes de torture relève d’une volonté de permettre au Procureur d’avoir des aveux. «Il faudrait aussi que tout le monde comprenne que l’aveu n’est pas le seul élément qui peut permettre d’asseoir une responsabilité pénale et ainsi, on n’a pas forcément besoin de l’extorquer. L’aveu est une preuve, mais d’autres modes de preuve tout aussi efficaces existent», enseigne-t-il.
Boubou Diouf Tall : «la torture est une réalité dans les commissariats, les brigades de gendarmerie et les prisons»
Et le Procureur de conseiller :«essayons d’explorer ces autres modes et bannissons de nos pratiques les actes de torture». Pour lui, la rencontre de Thiès doit servir de cadre pour diagnostiquer l’origine du mal afin de parvenir à trouver la thérapie nécessaire et adaptée, qu’on devra appliquer à cette pathologie. Le séminaire regroupe les magistrats du siège et du parquet, les officiers de police judiciaire, les responsables d’établissements pénitentiaires, la société civile, etc.
De l’avis de Boubou Diouf Tall, président de l’Observatoire, personne ne peut occulter que la torture est bien une réalité dans les commissariats, les brigades de gendarmerie et les prisons. A ses yeux, il urge de revoir les comportements et éviter que le Sénégal soit la risée sur le plan international, par rapport à ce phénomène.
Des thèmes aussi variés et liés à la torture seront abordés. Il s’agit entre autres de «la prohibition de la torture en droit international», «la prévention et la répression de la torture», «les garanties contre la torture en cours de détention».
L'As
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