"La traque d’un dictateur". C'est le titre du livre que vient de publier en anglais Reed Brody, procureur spécialisé dans les crimes de guerre, sur le combat sans merci de 25 années qui a opposé l'ancien "dictateur tchadien Hissène Habré" et les survivants de "ses salles de torture". Brody a présenté le livre à la Cour pénale internationale le 9 décembre dernier.
Dans ce récit, Brody retrace, en détail, comment avec son équipe internationale d'enquêteurs et de victimes, ils sont parvenus à dénicher des preuves, saisir des tribunaux et des gouvernements réticents et sensibiliser l'opinion publique, afin de faire traduire Hissène Habré en justice au Sénégal où il a été condamné en 2016, avant de mourir en 2021.
"Habré, dont la violente prise de pouvoir et le règne sanglant ont bénéficié de la complicité des gouvernements américains et français, avait pendant huit ans fait emprisonner, torturer et assassiner des dizaines de milliers de personnes dans un pays désespérément pauvre et à la merci de son ambition cruelle".
Bien que riche en rebondissements, le récit de l’affaire Habré montre qu’avec suffisamment de persévérance, de ruse et d'imagination, les survivants et leurs alliés sont capables de faire traduire en justice même les pires criminels. Le livre comporte également une préface de Jacqueline Moudeïna, avocate principale des victimes d'Hissène Habré.
Selon Reed Brody, placer les victimes au centre de la campagne pour traduire en justice Habré a permis de créer à la fois une dynamique politique imparable et un procès qui a récompensé leurs efforts et largement répondu à leurs attentes. Même les victimes de viols ont rompu leur silence de 25 ans pour témoigner. Comme l'a écrit dans le "New York Times" Thierry Cruvellier, souvent critique envers les tribunaux internationaux : "Jamais, dans un procès pour des crimes de masse, les voix des victimes n'ont été aussi dominantes." Le gouvernement tchadien a récemment annoncé le versement d’une contribution de 15 millions d’euros à un fonds pour les victimes de Habré.
Par ailleurs, Brody qualifie la situation en Ukraine de "moment de vérité pour la Cour pénale internationale (CPI)", notant qu'"en deux décennies, et pour un coût de près de 2 milliards de dollars, la CPI n'a jamais condamné un représentant de l'État à quelque niveau que ce soit, où que ce soit dans le monde pour ses crimes".
Mais Brody prévient également qu’en étant autant investi en Ukraine tout en ignorant les crimes commis ailleurs par des acteurs occidentaux, comme en Palestine, la CPI risquerait d’apparaître comme le "bras juridique de l'OTAN".
Reed Brody a présenté son livre lors de l'Assemblée des États parties de la CPI à La Haye, le 9 décembre dernier. Cette présentation a été suivie des commentaires de l'ancien ambassadeur américain pour les crimes de guerre, Stephen Rapp.
Aminata Touré, ancienne Première ministre du Sénégal, a qualifié "To Catch a Dictator" de "récit passionnant de comment un groupe de victimes implacables et leurs alliés ont réussi à renverser la situation d'un tyran brutal qui pensait s'en tirer avec ses crimes. J'ai vu l'histoire se dérouler en temps réel, alors que le Sénégal organisait l'un des procès les plus importants de l'histoire africaine. Le livre captivant de Reed Brody vous redonnera l’espoir d’une justice possible".
4 Commentaires
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En Décembre, 2022 (15:03 PM)Anonyme
En Décembre, 2022 (15:06 PM)Cette pourriture humaine n'a-t-il pas vu et vécu ce qui s'est passé dans un passé récent et se passe encore en Europe.
L'Afrique doit se libérer de ces colons qui ferment sur les sanguinaires européens et occidentaux, pour n'accuser que des africains.
Il faut se libérer de ces menteurs qui sont des corruptions avec leurs valets qui sont d'authentiques africains comme Alioune Tine, Seydi Gassama, Birahim Seck et consorts qui travaillent pour la cause homosexuelle
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