
L’Observateur national des lieux de privation de liberté, Boubou Diouf Tall, a indiqué mercredi à Tambacounda, où il a pu se rendre depuis lundi, à la Maison d’arrêt et de correction (MAC), au commissariat central et à la brigade de gendarmerie, qu’il a pour objectif d’arriver à "zéro torture sur l’ensemble du territoire national’’.
"L’objectif de l’Observateur est d’arriver à zéro torture sur l’ensemble du territoire national’’, a dit M. Tall, qui a entamé, depuis lundi, une visite qu’il juge déjà ‘’fructueuse’’ dans la capitale orientale, où il a pris part mercredi à un CRD spécial sur l’Observateur qu’il incarne lui-même. L’Observateur étant une institution personnalisée.
La rencontre, organisée à la gouvernance, avait enregistré la participation de représentants des forces de sécurités, d’élus locaux, de juges, des ONG de défense des droits de l’homme. Le parc national Niokolo Koba était aussi représenté, ainsi que la zone militaire N° 4.
"L’Observateur des lieux de privation de liberté est chargé de contrôler les conditions de prise en charge et de transfèrement des personnes privées de liberté, afin de s’assurer du respect de leurs droits fondamentaux et de prévenir la torture ou autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants’’, note un document de l’institution.
Dans ses prérogatives, l’Observateur peut visiter, à tout moment, y compris de nuit, les prisons, les centres fermés pour mineurs, les locaux disciplinaires dans les camps militaires, entre autres lieux de détention.
Nommé depuis janvier 2012, l’Observateur, installé en septembre de la même année, a effectivement démarré ses activités en décembre. Il est nommé pour cinq ans non renouvelables, a relevé M. Tall.
Il a noté que de manière générale "les conditions de détention des [prisonniers], il ne faut pas l’occulter, ne sont pas très bonnes’’. "C’est une réalité, mais l’Etat fait des efforts pour mettre les personnes privées de liberté dans des conditions de dignité beaucoup plus acceptables’’, a-t-il ajouté.
Pour Boubou Diouf, seul le manque de moyen explique les mauvaises conditions de détention. "Ce n’est pas une volonté politique, ni une volonté des acteurs, il n’y a pas une culture de la torture dans notre pays, on ne connaît pas ça’’, a-t-il soutenu.
A cela, il a ajouté que la "surpopulation carcérale’’ est aussi "un des grand problèmes’’ auxquels sont confrontées les prisons du pays et qui fait que, quand on dépasse les effectifs prévus, il devient difficile de les nourrir et de les soigner correctement.
Il a promis de travailler à une "meilleure amélioration des conditions de vie des personnes privées de liberté dans le respect de leur dignité humaine, en mettant l’accent sur les manquements constatés, en faisant les recommandations utiles aux administrations concernées’’. Ce qu’il compte faire dans le rapport annuel envoyé au chef de l’Etat, où il lui fait le point de toutes ses constatations.
"Le Sénégal est le premier à avoir mis en place un mécanisme sous la forme d’une autorité administrative indépendante’’, a-t-il signalé, relevant que l’institution a été dotée de "très bons locaux’’, de moyens de fonctionnement, "même s’ils ne sont pas à la mesure de ce qu’ [elle attend’’. "Mais, nous espérons que, dans le très court terme, nos moyens seront renforcés pour que nous puissions remplir correctement nos missions’’.
M. Tall a justifié sa venue à Tambacounda par le souci de "vulgariser’’ l’institution qui lui a été confiée. ‘’Elle est récente, elle a besoin d’être connue, donc je suis venu pour informer sur mon institution et les missions qui lui sont dévolues’’.
L’Observateur des lieux de privation de liberté, qui a été interpellé sur la difficulté de prise en charge des malades mentaux dans la région qui en accueille beaucoup, en l’absence de structure fonctionnelle pour les recevoir, a indiqué qu’il compte se rendre au centre pour malade mentaux de Djinkoré.
Il a promis aussi de faire le plaidoyer en faveur de la MAC de Tambacounda, qui manque de moyens logistiques pour le transport des prisonniers, mais également pour que soient renforcés ses effectifs, ainsi que ceux d’autres services.
Boubou Diouf Tall prendra part, à partir de jeudi, à Tambacounda, à un séminaire de formation de deux jours sur la prévention de la torture dans la procédure pénale.
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