Un fichier comptable découvert au groupe Futurs médias montre, selon le secrétaire général de la section Synpics (Syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal), Pape Sambaré Ndour, de grandes disparités salariales. Muet depuis le début du conflit social qui couve au sein de l’entreprise, et malgré les différentes informations véhiculées ça et là, Pape Sambaré Ndour a décidé de briser le silence. Dans cette interview qu’il accorde au journal Le Quotidien pour, dit-il, rétablir la vérité, Pape Sambaré Ndour dit tout : Comment il a découvert le document de la controverse, le dilatoire de la direction de Futurs médias, la volonté prêtée à cette dernière de porter plainte contre le syndicat (?), le traitement princier des directeurs au détriment du minimum pour les reporters, le climat social…
Depuis quelques jours, la presse fait état de remous concernant votre groupe de presse. Qu’en est-il exactement ?
Effectivement, la section Synpics du groupe Futurs médias a entrepris depuis quelques jours une série d’actes encadrés et réfléchis allant dans le sens de préserver la justice, l’équité et la transparence au sein de l’entreprise. Et surtout de jouer la carte du dialogue social, en premier lieu. Ce qui d’après nous est un préalable à n’importe quelle autre action.
Nous avions tenu, jusque-là, à ce que ce combat reste interne. C’est pourquoi depuis le jeudi 10 janvier 2013, date de notre Assemblée générale extraordinaire, nous ne nous sommes pas adressés à la presse, malgré les insistances des confrères et consœurs. Mais, nous avons été obligés à briser le silence, parce que des gens tapis dans l’ombre continuent d’investir la presse, surtout en ligne, pour raconter du n’importe quoi. Ici, on lit que nous nous battons contre les supposés «gros salaires de nos sœurs Aïssatou Diop Fall, Ndèye Ndack Touré, Amina Poté, etc.» Là, on lit que «les journalistes sont entrés en guerre contre les animateurs et les agents administratifs». Tout cela est archifaux. C’est de l’intox venant de personnes que nous avons identifiées et qui travaillent à saper notre dynamique de groupe.
C’est quoi le fond du problème ?
Problème ? Non ! Mais des revendications légitimes, de réelles préoccupations par rapport à la gestion globale de notre groupe de presse. Il y a d’abord les préoccupations concernant le traitement salarial des employés, ensuite, leurs conditions de vie et de travail.
Jusqu’au dimanche 6 janvier dernier, les employés, les journalistes et techniciens surtout nageaient dans le flou. Il y avait une rumeur interne qui parlait ici et là des disparités salariales inacceptables au sein de la boîte, sans jamais en apporter la preuve. Mais depuis cette fameuse soirée du dimanche, le doute a laissé la place à une insoutenable vérité. A une réalité à laquelle beaucoup, dont moi, n’auraient jamais cru sans l’avoir vu.
Dimanche dernier donc, je travaillais sur mon ordinateur privé et vers les coups de 23 heures, en plein bouclage du journal du lundi, je suis allé chercher un de mes anciens articles sur l’ordinateur public où j’ai l’habitude de travailler. A ma grande surprise, je suis tombé sur un document qui ne portait pas le sceau de la confidentialité. Quand je l’ai ouvert, j’ai failli tomber à la renverse. J’étais tellement surpris que j’ai poussé un cri qui a alerté toute la rédaction.
Tout le monde est venu constater la teneur du document qui contenait les salaires de presque tout le personnel du groupe Futurs médias. Et quelques minutes après, le document a été écrasé par un des responsables du journal L’Observateur, l’ordinateur scellé et emporté.
Vous vous défendez de réagir contre les gros salaires. Pourtant, on constate que vous avez durci le combat à la découverte de ce fameux dossier.
Comme tous les syndicats du Sénégal, on se prépare à une nouvelle année. Chacun doit au moins faire le bilan de ses activités et penser à de nouvelles perspectives et plateformes revendicatives, parce que dans les entreprises, tout ne se règle pas du jour au lendemain.
On en était à cette phase quand, heureusement ou malheureusement, on a découvert quelque chose qu’on devait régler sur le champ. On a convoqué une Assemblée générale et on en a profité pour dire à la direction que nous allons négocier. On vous soumet une plate-forme et on va aller aux négociations.
Y avait-il vraiment dans ce document de quoi choquer les employés ?
Il y avait dans ce document plus que de quoi choquer les employés, surtout ceux qui se sont toujours sacrifiés pour le groupe Futurs médias. J’ai encore les chiffres en tête mais, je ne peux pas les dire, parce que je n’ai pas le droit de révéler les salaires des gens. Ce serait même irresponsable de ma part.
On avance un chiffre de 4 millions pour un directeur, est-ce vrai ?
Il y a un journal qui a fait état de ça. Vous pouvez vous approcher de ce journal, peut-être qu’il a les preuves de ce qu’il avance. La seule chose que je peux vous dire, c’est que pour certains, il y avait beaucoup de zéros et pour d’autres, c’était vraiment minable par rapport à tout le travail qu’ils abattent, leur niveau de responsabilité ou leur ancienneté dans la maison.
En tant que secrétaire général de la section Synpics, j’ai convoqué, dès le lendemain, une réunion d’urgence du bureau pour le mardi. Lors de cette rencontre, le bureau a décidé qu’il fallait immédiatement convoquer l’Assemblée générale souveraine pour donner mandat au bureau d’aller discuter avec la direction de cette affaire.
C’était aussi une occasion pour le bureau du Synpics de discuter avec tous ses membres des autres préoccupations, comme l’effacement pur et simple des dettes d’ordinateurs portables qu’avaient contractées certains employés.
Au sortir de cette Assemblée générale extraordinaire, le bureau a reçu mandat de rencontrer la direction générale et de discuter avec elle d’une plateforme revendicative que nous avons regroupée autour de dix points.
Qu’elle a été la réaction de la direction générale par rapport à votre plateforme ?
Dès la fin de notre Assemblée générale, nous avons écrit à la direction générale.
Mais à notre surprise générale, la direction nous a répondu le même jour, le vendredi 11 janvier 2013, en nous disant, sous la signature de M. Mamoudou Ibra Kane : «J’accuse réception de votre courrier en date du 10 janvier 2013 dont le contenu a retenu toute mon attention. En réponse, je vous invite au préalable à me fournir les informations dont vous faites état et qui révéleraient, selon vous, de graves inégalités dans le traitement salarial des employés du groupe Futurs médias. Il s’agit d’une question préjudicielle qu’il faut régler avant toute discussion.»
Dès la réception de la lettre, j’ai appelé tous les membres du bureau pour leur faire état de la «question préjudicielle» invoquée par la direction. Et nous avons convenu que c’était du dilatatoire.
Pourquoi du dilatoire ?
C’est la première fois que je vois personnellement une direction qui pose des conditions préalables à une rencontre avec le syndicat pour discuter d’un conflit social naissant. J’aurais compris qu’elle invoque une question d’emploi du temps, de jour ou d’heure.
Personnellement, j’ai compris que la direction a du temps pour nous recevoir, mais elle ne veut pas de cette rencontre. Nous avons été très clairs dans notre lettre et ces informations que la direction nous demande de fournir, elle les a. Sauf si elle pense que c’est nous qui faisons les salaires.
Nous, on a fait état d’un document qui a été trouvé dans un ordinateur public qui ne portait pas le sceau de la confidentialité. Donc, un document à la portée de tout journaliste ou technicien. Sur ce plan-là, honnêtement elle se trompe.
Est-ce que cette condition n’a pas été posée à dessein. Parce que, selon des indiscrétions, le fichier des salaires circule au sein de votre groupe de presse et que la direction se prépare à une bataille juridique contre le syndicat qui l’aurait distribué à ses membres ?
J’ai eu écho qu’elle se prépare à porter plainte contre tout le bureau du syndicat pour recel de document administratif, mais je n’y crois pas. Et même si c’était le cas, nous sommes prêts à aller devant les tribunaux. Vivement d’ailleurs.
Selon des informations postées sur des sites web, vous étiez dans une logique de guerre depuis votre élection. Vous n’avez même pas écrit à la direction pour lui dire que vous avez été élu. Est-ce vrai ?
C’est faux ! Lors de l’Assemblée générale de renouvellement du bureau, le directeur général et son adjoint étaient absents du territoire. Mais dès le lendemain, j’ai pris langue avec le Directeur des ressources humaines (Drh). Il m’a adressé ses félicitations et m’a dit de lui envoyer la composition du bureau. Ce que j’ai fait le même jour par courriel. Je n’ai pas effacé le mail, c’est toujours dans ma boîte.
Au retour du directeur général et de son adjoint, j’ai attendu leur réaction, en vain. Après, je suis parti en congé pour un mois. Je ne suis revenu que le 1er janvier 2013.
Ce qui est triste dans cette affaire, c’est les gens qui vous disaient, il ne faut pas accepter que la direction vous musèle qui parlent à tort et à travers pour montrer leur soutien à la direction.
N’avez-vous pas peur pour votre avenir au sein de la boîte ?
La seule peur que j’ai, c’est de trahir la confiance de mes collègues en ne poursuivant pas ce combat jusqu’au bout.
S’il y a des gens qui pensent que nous n’irons pas jusqu’au bout, qu’ils se détrompent. Dans ce syndicat, il y a des hommes et des femmes prêts à tout perdre pour que cette injustice soit réparée et que les employés soient mis dans de meilleures conditions de vie et de travail.
Pour revenir un peu à votre mouvement. Qu’elles sont les mesures que vous allez prendre, après le «refus» de la direction de vous recevoir ?
Nous essayons toujours de jouer la carte du dialogue social en premier lieu pour prévenir toute situation compromettante. Mais dès demain (lundi 14 janvier 2013), nous allons écrire à nouveau à la direction générale pour lui dire que nous sommes encore ouverts à la discussion. Maintenant, si elle persiste dans sa logique, nous serons obligés de dérouler un plan d’actions de grève au courant de cette semaine.
Quelle est l’ambiance aujourd’hui dans la boîte ?
Il y a honnêtement un conflit social, mais un conflit social tempéré. Les gens font le boulot correctement. On n’est pas des ennemis. C’est normal, dans des conditions pareilles, que les gens soient un peu à l’écart, les uns des autres. Mais ce qui se passe ne va pas outre mesure au-delà de ce qui se passe dans les autres entités en temps de grève.
Ndlr : Le Quotidien a cherché hier à joindre le directeur général du groupe Futurs médias. Mamadou Ibra Kane est resté injoignable. Nos appels incessants sur ses deux numéros de téléphone portable sont restés vains. La messagerie vocale ne pouvant plus recevoir de messages. Même le Sms envoyé vers les coups de 21h n’a pas réussi à le faire réagir.
8 Commentaires
Ali
En Janvier, 2013 (15:39 PM)Ds une entreprise on ne gagne que ceux que l on merite .... si on se croit exploite , on doit aller vendre ses talents ailleurs , nous sommes ds une economie de marche pas ds une regime socialiste...
Si un journaliste ou travailleur de Futur Media croit qu il ne gagne pas assez , il peut aller vendre son tallent a walf , 2st ect.. ce ne sont pas des entreprises de presses qui manquent au senegal , ou meme ouvrir sa propre boite , mais ils ne le feront jamais , ces alimentaires vt rester la bas a bloquer les investissments d'autrui sachant qu il ne rapporte rien ..chacun sait que futur media ne rapporte rien a ses investisseurs , juste un investissment idiot de prestige ...
Quelque'un doit arretter ce faux syndicalism avant que toutes nos entreprises ne foutent le camp.....Bientot il n aura mem plus d'entreprise et vs verrez avec qui negocier , bandes de cons!!!!
Vérité Absolue
En Janvier, 2013 (15:58 PM)Syncasses
En Janvier, 2013 (16:42 PM)Pdp
En Janvier, 2013 (16:46 PM)Mor Lô Ndiaye
En Janvier, 2013 (21:37 PM)Fatoumms
En Janvier, 2013 (08:22 AM)Ari
En Janvier, 2013 (11:08 AM)Hum Hum
En Janvier, 2013 (15:25 PM)Participer à la Discussion