
L'avocate sénégalaise Mame Bassine Niang, décédée vendredi à Dakar, s’est longtemps illustrée pour ses positions et son combat pour l’émancipation féminine notamment en faveur de l’instauration d’une parité absolue au Sénégal.Cette fille d’un ancien chef coutumier a été rappelée à Dieu à 62 ans des suites d’une longue maladie qui l’avait éloignée du prétoire et du public. La défunte sera inhumée samedi à Touba, la capitale du Mouridisme située à 194 km à l’Est de Dakar. ‘’La réhabilitation de la femme en tant que genre humain est le résultat d’âpres batailles menées depuis quelques décennies (…) et quand on jette un regard sur les victoires à venir, je peux dire qu’il y aura bientôt la parité pure et simple’’, avait-elle confié en 1999 à Femme d’Afrique.
Dans cette interview reproduite par ce magazine sénégalais en septembre 2013, la défunte est considérée comme la première femme noire inscrite au barreau de Dakar. Elle misait sur l’efficacité dans la lutte pour l’émancipation féminine pour arriver à des résultats probants. ‘’Cette parité, il faut la vouloir pour la pouvoir et nous y arriverons avec beaucoup de cohésion et de cohérence dans nos stratégies d’intervention’’, insistait Me Niang, une décennie avant l’instauration de la parité absolue dans les fonctions électives au Sénégal en 2008. Mame Bassine Niang est membre fondateur de l'Association des juristes sénégalaises (AJS). L’avocate n’a jamais cessé de galvaniser ses sœurs dans leur combat de tous les jours au sein d’une société fortement marqués par les préjugés. ‘’La femme doit assumer toutes les missions qui s’offrent à elle. Pour cela, il lui faut beaucoup de détermination et de la rigueur pour juguler les préjugés négatifs qui veulent faire d’elle un être mineur’’, avait-elle préconisé à l’endroit des femmes sénégalaises. ‘’Il appartient à la femme de prouver toutes ses capacités intellectuelles, physiques et morales (…). Il s’agit d’un combat de tous les jours contre nous-mêmes, contre une société fortement patriarcale et contre les archaïsmes incompatibles avec les défis actuels’’, plaidait-elle. Mame Bassine Niang a eu à occuper plusieurs responsabilités au plan national et international. Elle fut la première femme à avoir fondé la première institution de défense des droits de l’homme en Afrique Subsaharienne. Cet engagement lui a valu le titre de présidente honoraire l’Organisation nationale des droits humains (ONDH) et de présidente honoraire de l’Union africaine des droits de l’homme (UIDH). Me Niang fut régalement vice-présidente de l’Association sénégalaise d’études et de recherches juridiques (ASERJ).
Cela lui a valu l’étiquette de ‘’féministe’’ qu’elle accepta d’assumer. ‘’Si être féministe, c’est être solidaire de la cause des femmes parce que je suis une femme, je suis donc réellement féministe’’, s'en défendait-elle. En dépit de sa notoriété et son étoffe, Mame Bassine Niang confiait qu’elle n’a jamais été préoccupée par les postes ministériels. Sous les chaumières, son action militante et sa proximité avec le pouvoir étaient quelque part assimilées à de l’activisme politique qui ne disait pas son nom. ‘’Je n’aspire à rien d’autre que ce que je suis actuellement par la grâce de Dieu.
Les diplômes sanctionnent un cursus scolaire et universitaire. Ils ne sont pas des faire-valoir à des postes politiques. Je pense avoir très longtemps servi mon pays avec loyauté et abnégation. Je suis tout à fait à l’aise.’’ Son rapprochement avec son ancien confrère Abdoulaye Wade, un avocat devenu président de la République, a dû payer pour Mame Bassine Niang. Me Wade lui avait confié la présidence du Haut commissariat aux droits de l'homme du Sénégal.
‘’La Ligue sénégalaise des droits humains (LSDH) et tous les militants des droits humains du Sénégal tiennent à rendre un hommage solennel à Me Mame Bassine Niang qui vient d’être rappelée à Dieu (...) après un long combat contre la maladie dans une dignité et une foi inébranlable’’, écrit son coordonnateur, l’avocat Assane Dioma Ndiaye. Dans une déclaration transmise à l’APS, Me Ndiaye, un des successeurs de Me Niang à l’ONDH, dit de la défunte qu'elle fut la ‘’première femme avocate du Sénégal et certainement de l’Afrique de l’Ouest’’.
‘’Elle a osé s’investir dans la défense et la promotion des droits de l’homme au Sénégal, de défendre l’orphelin et la veuve dans un contexte de monopartisme et de pensée unique de l’époque.’’ ‘’Icône et figure emblématique des droits de l’homme surtout de par son initiative de mettre sur pied l’ONDH dont elle fut la première présidente avant de céder la place à Me Sidiki Kaba, actuel ministre de la Justice’’, poursuit le texte de la LSDH.
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