Le personnage le plus attachant des commentateurs de Seneweb se veut rigoureusement anonyme. Faisant sien le dicton wolof « ku wax féeñ »-qui parle se dévoile-, il réussit l’originale prouesse de dire tout et rien du tout, en une seule invective: « Tous dehors. »
C’est péremptoire, intraitable et désabusé. Au début, je croyais le personnage quelque peu déboulonné. Tous comptes faits, il est bien ajusté et riche d’au moins trois qualités: fidélité, vigilance, promptitude. Toujours à l’affût sur le site, notre désormais célèbre inconnu ne rate aucune querelle mais nul ne sait, s’il en est juge ou partie. Et Tout semble déranger sa quiétude de spectateur blasé.
Règlement de comptes à l’Assemblée nationale
-Tous dehors.
La France au secours des homosexuels sénégalais
-Tous dehors
Scooters, ces cercueils ambulants… Un motocycliste s’est fait bêtement tuer par une charrette…
-Tous dehors
L’ancien Premier Ministre invité au petit déjeuner de Barack Obama
-Tous dehors
L’invective tombe sans fautes d’orthographe ou de sens en et ne laisse aucun indice sur la teneur intellectuelle du personnage.
« Tous dehors » ai-je envie d’asséner, à mon tour, aux boute en train qui prennent le Web pour un playground…Hurler aux cancres, qu’une chronique, -column en anglais- est une expression libre consacrée à un domaine précis; qu’elle peut adopter un style allégorique , pamphlétaire, humoristique ou pendre un ton enjoué.
Les tournures du chroniqueur, parfois plus recherchées que celles du journaliste de faits divers, requièrent, du lecteur, une bonne appréhension des genres rédactionnels et un niveau certain de culture.
Exiger des solutions au chroniqueur dénote paresse intellectuelle et ignorance dans la mesure où une chronique invite à la réflexion; ce qui constitue déjà un début de solution.
Est-ce raisonnable de jeter au feu celui qui, faute d’eau, n’a pas su éteindre l’incendie mais eût la présence d’esprit d’alerter le village avec son tamtam ?
D’un chroniqueur en chirurgie plastique on ne devait point s’attendre à ce qu’il sache également manier le bistouri du praticien.
Sur un autre registre, il serait cruellement insensé de demander au dramaturge ou cinéaste de proposer des solutions sociales au terme d’une mise en scène. Même s’il advient que des œuvres littéraires ébranlent des régimes et soulèvent des peuples.
Quid du critique ? Par expérience, formation ou témérité, il fourre son nez dans les affaires d’autrui et donne des avis que personne n e lui a demandés.
Il existe des critiques à la périphérie de toutes activités humaines: art, cuisine, littérature, cinéma sport, etc.
Bof … Tout cela, tout le monde le sait. Sauf que si tout le monde sait ce que tout le monde sait et se tait, autant devenir fossile!
Tous dehors! A commencer par les vieux ringards de mon acabit.
Me revient le mot du Grand Oustaz : « la langue profère l’outrage et se replie dans le palais quand le reste du corps reçoit la raclée. »
Au fait, c’est quoi un critique social? Trublion, philosophe, imposteur ?
Disons, simple «mbërëŋaan» ou bousier- Sisyphe.
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