Le ministre de la Justice n’est pas de ceux qui ont été ahuris par les propos tenus le 14 mai dernier par le député libéral Fatou Youssouf Aïdara appelant l’armée à s’emparer du pouvoir au départ de Maître Wade. Justifiant les propos de sa « sœur » de parti, Me Madické Niang a estimé que « Fatou Aïdara l’a dit dans une situation où elle s’était envolée pour dénoncer le désordre, et pour dire qu’on a besoin dans ce pays de remettre de l’ordre ».
Rappelant l’immunité dont bénéficie Fatou Youssouf Aïdara en tant que député au moment du vote des lois, le ministre d’Etat assure que ces mots ont été prononcés « dans le feu d’une déclaration un peu tapageuse ». Mais, tient à préciser Me Madické Niang, « tout le monde s’accorde à dire qu’au Sénégal, nous avons assez de ressources humaines qui nous permettrons demain de continuer à être gouvernés par un gouvernement fait de civils et un président civil. Nous n’aurons pas besoin de coups d’État ou de militaires qui nous gouverneraient ».
Par ailleurs lors de cet entretien, le garde des Sceaux est largement revenu sur la création du poste de vice-président. Sans le citer nommément, il a pris le contrepied de Me Doudou Ndoye qui révélait dimanche dernier sur walf Tv que le président pourrait déléguer au vice-président le pouvoir décisionnel de déclarer la guerre par exemple. A ce propos, Madické Niang rappelle qu’avant même « la création de la vice-présidence, la constitution avait interdit de déléguer ce pouvoir même au premier ministre ». Soulignant que le fait de déclarer la guerre, de nommer aux emplois civils et militaires, d’engager une révision constitutionnelle entre autre constituent des attributs de souveraineté nationale, Madické Niang assure que « le seul qui peut les exercer, c’est le président de la République avec dans certains cas, le contrôle du parlement ».
Faisant allusion à la dévolution du pouvoir à Abdou Diouf par le président Senghor en 1981, le ministre de la justice estime qu’ « il est arrivé une fois dans l’histoire de la République sénégalaise qu’une personne nommée puisse suppléer à une institution, grâce au fameux article 35 ». Poursuivant son argumentaire, Me Niang estime que Wade a eu la prudence de ne pas faire de la vice-présidence une institution. Pour lui, « le vice-président reste une personne nommée pour une durée précise qui ne peut pas excéder celle du mandat du président de la République ». Et d’en déduire que le vice-président ne peut pas survivre après le départ du président de la République quelles qu’en soient les circonstances.
Justifiant toujours la pertinence de la création du poste de vice président, il dira que le chef de l’État assez souvent a besoin d’assister à des rencontres internationales et de faire entendre la voix de l’Afrique, le premier ministre doit se consacrer à l’action gouvernementale et c’est le vice-président qui ira vers les populations. Autrement dit, le président aura davantage de temps pour s’orienter vers l’étranger. En clair, avec un vice-président qui garde la maison, il faut s’attendre à ce que le chef de l’État multiplie davantage ces voyages à l’étranger. C’est en tout cas ce que suggère cette argumentation du ministre d’État, ministre de la justice dont le but était de donner un contenu au poste de vice-président.
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