Le khalife général des mourides, Serigne Saliou Mbacké, ne veut plus de manifestations politiques à Touba. Ainsi, sur un périmètre de 36 000 ha couvrant le titre foncier de la ville sainte, les meetings et autres rassemblements politiques sont interdits. Les affrontements constatés ces derniers temps entre militants libéraux de la ville sainte auraient, selon nos sources, motivé cette décision. Ces dernières y ajoutent la récente visite du président Abdoulaye à Touba au cours de laquelle la ville sainte était plongée dans un raffut indescriptible avec un concert de tambours et de ‘Sopi Sopi...!’, perturbant même l'appel du muezzin pour la prière du crépuscule.
Serigne Diakhaté, le chef du village de Touba Mosquée, a rendu publique la décision du khalife général des mourides après un entretien qu'il a eu avec ce dernier. Toutefois, selon lui, Serigne Saliou Mbacké précise que les activités liées aux opérations d'inscription sur les listes électorales et le scrutin du 25 février 2007 ne sont pas concernés par cette mesure. Le chef du village de Touba Mosquée de poursuivre en indiquant que Serigne Saliou Mbacké souhaite que les populations de Touba s'adonnent à la lecture du Coran et des poèmes de Cheikh Ahmadou Bamba.
Le président Abdoulaye Wade sera, sans doute, l'un des leaders politiques les plus pénalisés par une telle mesure de Serigne Saliou Mbacké, lui qui tenait à entretenir à Touba un vivier électoral pour avoir la haute main sur l'électorat mouride. Il ne pourra plus ainsi se plonger à Touba dans ces bains de foule qu'il affectionne tant, à chacune de ses visites dans la capitale du mouridisme. Lors des prochaines élections présidentielle et législatives, il ne pourra pas, non plus, battre campagne dans la ville sainte, ainsi que les autres leaders politiques.
Trois affrontements politiques ont été notés à Touba en l'espace de dix jours. Le week-end dernier, un meeting de Sokhna Astou Mbacké, fille de Serigne Mourtala Mbacké, auquel ont participé des membres du Comité directeur du Pds, Abdoulaye Faye et Doudou Wade en l'occurrence, a faillé tourné au drame. En effet, des jeunes en colère ont tenté de disperser la manifestation à coups de pierres. Ils s'insurgeaient ainsi contre la volonté des hommes politiques d'utiliser ‘leur’ terrain de football pour mener leurs activités alors que cet espace leur est interdit.
Mais, la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, ce sont les attaques à l'arme blanche menées par des nervis conduits par le président de la section communale de Madiyana, Saliou Dieng, contre des militants d'Oulimatou Dioum qui tenaient un meeting au quartier Sam. L'affaire qui avait, par la suite, atterri à la police, aurait poussé, selon certaines sources, des petits-fils de Serigne Touba à saisir le khalife général de mourides pour qu'il mette fin aux dérives. Lesquelles, auraient-ils argumenté selon nos interlocuteurs, pourraient conduire à des morts d'hommes si on n'y prend garde.
Aucune réaction n'a été, cependant, enregistrée du côté de la classe politique représentée à Touba si ce n'est celle des mouvements de soutien à Idrissa Seck qui ont rejeté la responsabilité sur Me Wade et le Pds. Selon leur coordonnateur, Moustapha Diagne, depuis cinq ans, le chef de l'Etat et son parti ne cessent d'utiliser le khalife général des mourides pour faire leur politique.
Du côté d'Aj/Pads, un point de presse est prévu aujourd'hui pour donner son point de vue sur la mesure prise par Serigne Saliou Mbacké. La décision du khalife général des mourides obligera, en tout cas, les hommes politiques à se rabattre sur Mbacké, ville distante de 7 km de Touba.
Pour sa part, le Pds fera aussi les frais de cette décision. Les responsables du parti du président Wade qui s'étaient fixé comme objectif d'inscrire sur les listes électorales 500 000 électeurs risquent de revoir leur copie. A un peu plus d'un mois de la clôture des inscriptions, ils n'ont inscrit que 200 000 électeurs.
1 Commentaires
Allons Y Molo
En Octobre, 2010 (18:37 PM)Participer à la Discussion