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Politique

DEMOCRATIE - Gestion du processus électoral : Sénégal, un modèle en déperdition

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DEMOCRATIE - Gestion du processus électoral : Sénégal, un modèle en déperdition

Après avoir réussi un changement de régime par les urnes, le Sénégal et le Mali, semblent avoir du mal à consolider leurs acquis démocratiques, entachés par des contestations durant tout le processus électoral et une absence de dialogue politique.

Le Sénégal, ce pays souvent cité en exemple pour l’Afrique, vit, aujourd’hui, une démocratie stagnante. L’avis est de Mohamed Ould Maloum, professeur à l’Université de Nouakchott qui constate que le Sénégal comme le Mali se retrouvent à gérer des contestations électorales, quelques années après avoir réussi leurs transitions démocratiques. Or, affirme l’opposant mauritanien Ould Maloum, un régime élu de façon régulière et qui se maintient au pouvoir de façon illégitime «est pire que les coups d'Etats militaires». De quoi penser que le Sénégal a vécu en 2007 un coup d’Etat électoral. De quoi remettre en cause l’image, sur le plan international, que le Sénégal a construite «sur le caractère exceptionnel de son modèle démocratique en Afrique». D’autant que le défi des élections présidentielle et législatives de 2007 était de renforcer les acquis démocratiques, consolider l’Etat de droit et les institutions de la République. S’y ajoute un souci de préserver la stabilité politique et la paix civile par des élections libres, démocratiques et transparentes.

A l’arrivée, c’est un climat politique délétère qui a caractérisé la phase post-électoral, même si les autorités sénégalaises se félicitent d’avoir organisé, courant 2007 trois élections (présidentielle, législatives, sénatoriales) dans «le calme, la transparence et sans incident ou manquement significatif ou de nature à entacher leur sincérité ou leur crédibilité», souligne Ndary Touré, directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur, maître d’œuvre de l’organisation de ces élections. Pourtant souligne Alioune Tine, de la Raddho, «la phase préélectorale des élections législatives a été négativement marquée par les effets pervers de l’élection présidentielle». Il s’agit notamment du «rejet des résultats par l’opposition dite significative, le refus de l’évaluation de la présidentielle et de dialogue politique par le président de la République».

Ces constats ont été partagés lors d’un atelier sous-régional de deux jours, convoqué à Dakar sur l'Initiative pour une société ouverte en Afrique (Osiwa en Anglais), qui a eu à encadrer de nombreuses structures africaines impliquées dans le processus électoral, en particulier les Commissions nationales électorales indépendantes ou autonomes (Cena ou Ceni), selon les pays, des organisations de la société civile, etc. l’objectif de la rencontre de Dakar était de faire le bilan des élections présidentielles africaines en 2007 (Nigeria, Sierra Léone, Mauritanie, Mali, Sénégal, etc.) et d’identifier les perspectives qui se dessinent pour le continent.

Et au cours des débats, il est apparu que les Etats africains ont encore un long chemin à parcourir en matière de démocratie. Conscients qu'il n'y a pas de démocratie sans élections, les participants à cette conférence s'accordent sur le principe selon lequel les élections en Afrique sont souvent entachées de problèmes. Seulement ces problèmes, comme l'a souligné Usmane Bugaje du Nigéria, «ne nous sont pas extérieures. Ils nous sont internes». Alors, «ayons le courage de les affronter et de nous les éviter».

Mais, ce n'est pas encore demain la veille, tant que les acteurs s’en tiennent à des généralités et autres déclarations de principe du genre «il y a des comportements antidémocratiques» dans nos pays, «il y a des avancées par-ci et des reculs- par là», «il n’y a pas délections parfaite, tout système électoral doit s’adapter aux exigences de l’heure»…

Toutefois, la première session plénière de cette rencontre de Dakar a permis de dessiner le paysage électoral africain qui se caractérise par une lutte des populations pour asseoir un multipartisme, organiser des élections, réussir des transitions, même s'il y a encore des pays où l'on peine à distinguer l'Etat des partis au pouvoir. De quoi se féliciter avec Dieudone Tshuyoyo de l'Institut électoral d'Afrique australe (Eisa) qu'il y ait, aujourd'hui, d'anciens chefs d'Etat africains qui, après avoir perdu des élections, vivent encore dans leurs pays. Mais, prévient-il, il ne faut point réduire la démocratie à des élections «libres et transparentes» comme le constatent souvent les observateurs nationaux et internationaux.

En tout cas, affirme Anne Isler Beguin, député de l'Union européenne, «la démocratie ne se décrète pas ; elle se construit». Aussi avoue-t-elle que valider des élections n'est pas gage de transparence et de régularité, d'autant que le «quitus» d'élections libres et transparentes ou équitables ne reflète pas toujours la réalité du terrain. «Des élections libres et transparentes ne sont pas une fin en soi», déclare Mme Beguin car, au-delà des élections, il y a la demande sociale qui reste énorme pour beaucoup de pays. Alors, une fois que le principe de régularité et transparence est acquis pour les élections, la député de l'Union européenne estime qu'il faut, certes, consolider les systèmes électoraux, mais surtout amener les partis politiques à présenter de véritables projets politiques pour ne pas dégoûter les populations des élections en général.



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