
Infantilisée, selon plusieurs observateurs, par l'Exécutif sous le diktat duquel elle semble agir, la justice sénégalaise a elle-même fait son aveu de faiblesse en - à la limite - quémandant son indépendance. Une perception que partage Ibrahima Kane, spécialiste des Droits de l'homme et cofondateur de la Rencontre africaine pour la défense des Droits de l'homme (Raddho).
Invité de l'émission "Objection" de ce dimanche sur Sud FM, l'ancien membre du Comité sénégalais des Droits de l'homme a analysé le fonctionnement du pouvoir Judiciaire au Sénégal qui est de plus en plus voué aux gémonies.
«Le système judiciaire sénégalais est structurellement faible», fulmine-t-il de prime abord. Le premier paramètre qui étaye, selon lui, cette faiblesse, c'est le déficit de personnel. « D'abord, on n'a pratiquement pas assez de juges. D'après la Lettre de politique sectorielle de la justice, pour qu'un système judiciaire normal fonctionne au Sénégal, on a besoin d'à peu près 1 300 juges. On a moins de 600 juges. Quand je parle du nombre insuffisant de juges, il faut également parler des greffes. On a besoin de plus de 2 000 greffiers ; on n'en a même pas la moitié», confie-t-il.
Ce qui est encore plus dangereux pour le système judiciaire sénégalais, d'après M. Kane, «c'est que parmi ces 600 juges dont je vous parle, la moitié ira à la retraite en 2030». Alors, "on se retrouvera avec un système judiciaire encore plus faible. Cela est le premier problème au-delà de l'indépendance», fait-il constater.
Avant de poursuivre : «Je ne parle même pas des locaux, parce que des efforts sont faits dans ce sens. Je ne parle pas de la formation des juges, parce qu'un juge mal formé n'est pas bon. Là également, des efforts sont faits avec le Centre de formation judiciaire qui a été créé et détaché de l'ENA.»
S'agissant de l'indépendance tant réclamée, Ibrahima Kane souligne que les acteurs eux-mêmes «sont conscients que le système ne fonctionne pas». À cela s'ajoute une perception très dégradée des Sénégalais sur leur justice.
Autant de facteurs sur lesquels il s'est fondé pour proposer une réforme en profondeur du système pour réconcilier les Sénégalais avec leur justice.
4 Commentaires
Justice
En Janvier, 2024 (15:04 PM)Poseidon Badji
En Janvier, 2024 (15:30 PM)Badio camara doit justifier lui ainsi que les sbires de macky de la cour suprême justifier son parti pris.
Dénigrer la justice est devenu un gagne - pain pour de nombreux sénégalais.
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En Janvier, 2024 (16:01 PM)Xorom-sukeur
En Janvier, 2024 (14:43 PM)Participer à la Discussion