Interné à l'hôpital du Val-de-Grâce à Paris : Diamacoune a perdu l'usage de ses jambes

Si le prêtre rebelle va mieux et pourrait même sortir d'hôpital sous quinzaine, des questions restent, toutefois, en suspens quant à son avenir. Retrouvera-t-il l'usage de ses jambes ; restera-t-il en France comme le souhaite le responsable de l'aile extérieure du Mfdc ?

(Envoyé spécial à Paris) - Interné depuis des semaines à l’hôpital militaire du Val-De-Grâce à Paris, l’abbé Augustin Diamacoune Senghor pourrait quitter les lieux dans quinze jours. La raison est toute simple : la santé du vieux prêtre indépendantiste casamançais s’est sensiblement améliorée. Evacué d’urgence dans la capitale française dans un état comateux, le secrétaire général du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) qui a lutté pendant des semaines contre la mort, a repris ses esprits. Dans son lit d’hôpital, le vieil homme n’a pas perdu son humour. Pas plus que son sempiternel discours qui retrace sa vie, de son Kassa natal à Ziguinchor, en passant par Ngazobil, Kolda, etc. Notre présence sur les lieux dimanche dernier a fait ressurgir ces vieux souvenirs qui hantent le vieux prêtre.

Ainsi, s’est-il mis à rappeler sa date de naissance, celle de son ordination comme prêtre ainsi que sa mission sacerdotale qui fait de lui un ‘prêtre pour l’éternité, pour mettre dans le cœur des hommes, la vérité, la charité, la paix…’. Des ‘chansons’ très connues par ceux qui, depuis plus de vingt ans, suivent ‘le vieux’. Apparemment, Diamacoune a le mal du pays que notre présence dans cette petite chambre de l’hôpital militaire du Val-De-Grâce a réveillé. Surtout que l’ambiance qui a toujours régné autour de lui dans sa résidence de la Maison des œuvres catholiques de Ziguinchor a disparu, laissant la place à la solitude. Car, à notre arrivée sur les lieux, seul un homme était là pour lui tenir compagnie. Allongé dans son lit, le chef historique de la rébellion casamançaise tentait de se lever pour discuter avec ses hôtes circonstanciels. Un geste que lui interdisait l’infirmière de garde qui n’a cessé de nous répéter : ‘il ne faut pas trop le déranger. Il a besoin de se reposer’.

Mais, si le vieux donnait l’impression d’aller mal, sa santé s’est sensiblement améliorée. On est aujourd’hui loin de cet état qui laissait peu de place à l’optimisme. Rares à Ziguinchor étaient ceux qui croyaient que ‘le vieux’ pourrait un jour reparler. C’est d’ailleurs ce qui justifie son transfert dans la capitale française après un séjour de plusieurs jours à l’hôpital Principal de Dakar. Ce qui n’est plus le cas. Au moment de prendre congé de lui, l’abbé Augustin Diamacoune Senghor n’a cessé de proférer des prières en notre faveur, mais aussi, pour le retour de la paix en Casamance. Une région qui est au cœur de ses préoccupations, malgré son état de santé.

Avant de franchir le seuil de sa chambre, il nous lança cette phrase : ‘Que Dieu aide tous ceux qui aident la Casamance’. Ainsi se referma derrière nous cette porte que le prêtre indépendantiste casamançais poussera peut-être dans quinze jours, si tout va bien. Reste maintenant à savoir dans quel état il quittera ce célèbre hôpital qui fait la fierté de la France. Car, jusqu’au moment où on quittait les lieux, il n’avait pas retrouvé l’usage de ses jambes. Ce qui justifie cette question que tous ceux qui l’ont connu et qui lui ont rendu visite à Dakar ou à Paris se sont certainement posé : l’abbé Augustin Diamacoune Senghor retrouvera-t-il un jour toutes ses facultés ? Par ailleurs, des zones d’ombre existent sur son avenir immédiat. Retournera-t-il au Sénégal, ou alors passera-t-il sa convalescence en France ? Cette dernière hypothèse est défendue par l'aile extérieure du Mfdc qui ne semble pas disposée à le laisser quitter le territoire français. Des démarches sont mêmes entreprises dans ce sens par Mamadou Nkrumah Sané. Cet irréductible chef indépendantiste que nous avons rencontré près de l’hôpital Val-De-Grâce qu’il venait de quitter, a toujours souhaité que Diamacoune quitte le Sénégal. Une volonté qui risque cependant de se heurter au refus des autorités sénégalaises, décidées à ne pas internationaliser le conflit casamançais.