Karim Wade superstar. Le sommet de l’Organisation de la conférence islamique (OCI), qui s’est achevé vendredi à Dakar, est son heure de gloire. Depuis quatre ans, le fils du président sénégalais a été promu grand ordonnateur de cet événement, qualifié de «priorité nationale».
Secret. De la réussite du sommet dépend l’avenir politique de celui que l’on présente parfois comme le «dauphin» d’Abdoulaye Wade, président depuis 2000, réélu l’année dernière. «Si le sommet est un échec, ce sera difficile pour son avenir, quelle que soit la carrière qu’il empruntera», explique un proche du jeune homme. Les préparatifs du sommet ont fait couler beaucoup d’encre : les routes promises étaient bien au rendez-vous mais les hôtels de luxe, censés accueillir les délégations, n’étaient pas prêts. Les journalistes ont dû loger dans un bateau loué pour l’occasion et le président Wade a même appelé les Sénégalais à héberger les hôtes du sommet. On a beaucoup jasé, aussi, sur la gestion opaque de l’argent du sommet par le fils du Président, devenu un intermédiaire incontournable pour les investisseurs du Golfe.
A 39 ans, Karim Wade reste un mystère… qui ne laisse personne indifférent. Cheikh Diallo, son ami, qui est chargé de la communication de l’ANOCI, l’Agence nationale de l’OCI, le présente comme «la copie conforme d’Abdoulaye Wade avec 42 ans de moins et 10 centimètres de plus». Mais le père est aussi volubile que le fils secret. Marié à une Française et père de trois enfants, Karim Wade a travaillé à la City, à Londres, avant de rejoindre le Sénégal en 2001 pour devenir le conseiller de son père. Depuis sa nomination à la tête de l’ANOCI, en 2004, ses apparitions publiques sont devenues plus fréquentes. Parfois en costume de ville, parfois en boubou. Au point que depuis plus d’un an, ses détracteurs lui prêtent de grandes ambitions politiques. Plusieurs opposants, comme Abdoulaye Bathily ou Amath Dansokho, estiment que le sommet de l’OCI sert à le «positionner», que c’est un «instrument de promotion».
Métis. A propos de ses aspirations politiques, il botte en touche : «Il y a des réalisations et des résultats et j’en tirerai des conclusions après le sommet», a-t-il expliqué. «Karim Wade a réussi le tour de force d’entrer dans le cercle des présidentiables alors qu’il n’est ni chef de parti, ni actuel ou ancien ministre, ni même député», poursuit Abdoulaye Bamba Diallo, directeur du Nouvel Horizon. Il omet un autre handicap, important au Sénégal mais dont on parle peu en public : Karim est un métis. Abdoulaye Baldé, son ami et collaborateur, en est sûr : «Le pays ne se fera pas sans la Génération du concret [un mouvement fondé par Karim Wade en 2006, ndlr].» Quant à Abdoulaye Wade, son père, il est ambigu, comme à son habitude : «Karim est un Sénégalais comme un autre, qui peut se présenter aux élections… Mais ce ne sera pas en tant que mon dauphin.»
0 Commentaires
Participer à la Discussion