XIBAR.NET (Dakar, 27 Mai 2010) - Le récent voyage du président Wade en Iran où le retrouvera son fils Karim Wade à bord d’un jet privé, pour prétendument faire libérer une otage, ne finit pas de lever le voile sur bien des zones d’ombre. Ainsi, il est certain que c’est pour mettre en valeur son fils qu’il avait fait limoger, le 1er mai de l’année dernière, son ministre des Affaires étrangères.
Pour justifier la surprenante « guillotine » de Cheikh Tidiane Gadio, le président Wade avait prétexté que jamais, durant leur dix années de compagnonnage, son ancien ministre des Affaires étrangères ne s’était rendu en Iran. « Qui veut noyer son chien l’accuse de rage », enseigne le vieux dicton. Car, M. Gadio s’est bel et bien rendu en Iran. Ce que le président voulait cacher est que pisté par son ami Ahmadinejad pour amener les Français à négocier la libération de leur ressortissante. Le président Wade se dira qu’il tenait une autre occasion pour mettre en valeur son fils. Il lui avait taillé un département ministériel démesuré et conféré une puissance économique et financière, en lui cédant une partie des compétences de Abdoulaye Diop. L’occasion s’offrait de lui donner une dimension et une notoriété internationale, en le faisant passer pour le sauveur d’une prisonnière française que nul ne pouvait libérer. Ce qui passait par le limogeage de Cheikh Tidiane Gadio. Car son ancien ministre des Affaires étrangères était d’abord très côté. Ensuite, éloquent, il n’était pas un enfant de chœur. Il fallait le remplacer par quelqu’un de serviable et de docile. Me Madické Niang faisait bien l’Affaire.
En passant Karim Wade aux journalistes qui l’interrogeaient sur le rôle joué par le Sénégal dans la libération de Clotilde Reiss, Madické ne faisait qu’exécuter un ordre. C’est à dessein qu’il a voulu jouer la carte de la confusion entre les Affaires étrangères, qui sont d’ordre diplomatique, et la Coopération internationale, orientée vers les intérêts économiques et le développement. Mais, après l’euphorie, suite à une prétendue victoire, médiatisée mais minimisée par la France, l’image de Karim Wade s’est étiolée. De même l’épisode de Téhéran atteste au moins une chose : Cheikh Tidiane Gadio est plus efficace et discret que Me Madické Niang et Karim Wade réunis.
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