Vendredi 07 Mars, 2025 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Religion

Eclairage - Par Sidy Lamine NIASS - Serigne Cheikh : Le prince de la Tidiania entre le mystique et le mythique

Single Post
Eclairage - Par Sidy Lamine NIASS - Serigne Cheikh : Le prince de la Tidiania entre le mystique et le mythique

Eclairage - Par Sidy Lamine NIASS - Serigne Cheikh : Le prince de la Tidiania entre le mystique et le mythique

 

VENDREDI, 14 DÉCEMBRE 2012 12:43 0 COMMENTAIRES 

Entre 1957, date de la disparition de son défunt père Khalifa Ababacar Sy, et 2012, date à laquelle il est appelé à s’installer au khilafat, il y a eu 55 ans. Ce chiffre 55 est assimilé à un nom de Dieu sublime : Al Moujib qui signifie celui qui exauce. Parce que Cheikh Tidiane Sy avait, depuis 55 ans, reçu la qualité de prince dans la tarikha tidiane. Ce qui vient d’être confirmé par les faits, la tradition ainsi que les us et les coutumes. Seulement, Serigne Cheikh, comme on l’appelle affectueusement, est contre les coutumes et a toujours travaillé pour la Haqiqa ou la vérité absolue. Pour lui, un khilafat, cela se mérite, on ne l’hérite pas. C’est un don divin et pas quelque chose qui s’octroie à l’issue d’un consensus. Mais il se trouve qu’entre le divin et l’homme, il y a la validation. Si le divin ordonne, il a besoin d’un homme qui vient confirmer l’ordre. Et avec ce chiffre mystique 55, les hommes l’ont confirmé au khilafat. Mais quelle lecture le mystique Cheikh Tidiane Sy donnera-t-il à ce chiffre et à cette décision confirmée par l’humain ? Va-t-il s’accrocher à la thèse du refus de l’héritage et de l’acceptation du mérite ? Ou bien va-t-il tout simplement se plier à cette confirmation par les humains, en se conformant au hadith Al Khoudss qui prescrit que «la langue de l’unanimité est la volonté divine» ?

 

Ce qui différencie Serigne Cheikh des autres marabouts

 

En fait, le maître Cheikh Tidiane Sy est un guide au véritable sens du terme. Et pour mieux le comprendre, il convient d’opérer un distinguo entre lui et la plupart des marabouts puisqu’ils sont de deux écoles différentes : celle du prophète David et celle de Salomon. Al Maktoum appartient à l’école de Salomon. Le prophète David avait une belle voix, c’était un artiste. Et les anecdotes alimentaient son discours lors de ses prêches. Il s’occupait des pêcheurs, des éleveurs et des cultivateurs. D’ailleurs, la plupart de ses jugements évoqués dans le Saint Coran étaient destinés au monde rural. Et la plupart de nos marabouts sont sous l’influence de son école avec des prêches alimentés par des légendes et anecdotes ayant trait aux miracles des prophètes. Salomon, lui, était un roi et un prophète à la fois. Il s’occupait de la politique, se préoccupait de la gestion de la cité et des hommes dans une posture de contre-pouvoir. Même s’il était doté d’un pouvoir divin et temporel, il avait demandé à son Seigneur que ce pouvoir divin et temporel ne soit destiné à nulle autre créature. C’est ce contre-pouvoir qui l’a toujours animé. Celui-ci ne s’arrêtait pas seulement au pouvoir politique, ses analyses critiques portaient aussi sur le religieux, l’économie, l’art et le social. Et la démarche de Serigne Cheikh semble s’être toujours inscrite dans la lignée de cette école.

 

Avec lui, c’est une nouvelle lecture de la religion

 

Seulement, un Waliw n’amène pas une nouvelle religion, mais une nouvelle lecture de la religion. Et Cheikh Tidiane Sy porte en lui-même une nouvelle lecture de la religion, avec une érudition rarement égalée et une ouverture d’esprit sans commune mesure. Ainsi, alors que les fondateurs des confréries avaient abandonné le temporel pour se destiner, exclusivement, au spirituel à la disparition de l’Etat des Almamy, Serigne Cheikh est, lui, contemporain du mouvement de la souveraineté divine qui a donné naissance, dans les années 1940, au mouvement des frères musulmans en Egypte. Alors que le débat agité tournait autour de la souveraineté nationale et populaire, ce mouvement préparait une révolution. Il a fait naître la République islamique d’Iran qui est le premier Etat né d’une révolution islamique après la révolution française de 1789 et celle bolchévique de 1917. L’ayatollah Khomeyni a été le premier à appliquer cette théorie de la souveraineté divine. Voilà pourquoi Serigne Cheikh, en tant que mystique de l’Afrique occidentale, n’a jamais voulu embrasser l’Etat. Et son fils Moustapha Sy a marché sur ses pas, quand il avait rétorqué au président Abdoulaye Wade qui lui proposait des postes ministériels, que même la présidence de la République ne l’intéressait pas. Il a également été notre source d’inspiration quand nous avions tourné le dos à toute ambition pouvoiriste au sortir de notre sit-in du 19 mars 2010 à la place de l’Indépendance.

 

L’institution Khalife dans l’attente de son sauveur

 

Pour autant, Cheikh Tidiane Sy va-t-il accepter le khilafat pour redynamiser un secteur maraboutique galvaudé, quelque part même dépassé, sous-estimé et piétiné ? Viendra-t-il en sauveur de cette institution qu’est le Khalife ? Va-t-il garder le silence, en continuant de se dire : ce que je fus, je le suis encore et rien n’y changera quelque chose ? Ou le prince de la Tidiania acceptera-t-il de porter officiellement le titre de khalife, en vue de rassembler partisans de David et de Salomon dans une symbiose qui restera dans l’histoire comme un modèle ? Et, au cas échéant, dissoudra-t-il son mouvement Moustarchidina wal Moustarchidaty ou fera-t-il table rase de l’entourage de Borom Daradji pour imposer ses hommes au khilafat ? En tout état de cause, la complicité entre Serigne Cheikh et Pape Malick Sy pourrait laisser croire que ce dernier pourrait hériter du poste stratégique de porte-parole. Il permettrait ainsi à Serigne Abdoul Aziz Sy al Amine de se reposer après s’être totalement investi dans le social, en parcourant les localités les plus lointaines du Sénégal pour trouver des solutions aux difficultés des populations, et de préparer son tour, car cet homme de proximité, doté d’un dynamisme hors norme, est le successeur désigné d’Al Maktoum à la tête de la confrérie.

 

Ces surprises possibles

 

Nombreuses sont ainsi les interrogations soulevées par la succession de Borom Daradji qui a toujours œuvré pour la diversité religieuse au sein de la Tidiania, avec un sens élevé du principe selon lequel on ne dicte pas à une communauté son orientation religieuse. Et des surprises sont possibles. On peut même s’attendre à ce que Serigne Cheikh prenne un porte-parole neutre dans d’autres familles, pour ne pas régner en vase clos, tout comme il pourrait faire jonction avec les autres tarikha, ce qui bouleverserait totalement la donne dans le paysage religieux au Sénégal et même en Afrique.



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés. --
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email